C'était
bien beau ces barques, ce bac, ces gabarres pour traverser le Lot ;
mais combien mal commode ! C'était un pont qu'il fallait à Cahors,
un beau, grand pont solide et fortifié pour traverser le Lot.
Malheureusement
l'entreprise était ardue car la rivière fougueuse et capricieuse
résistait aux hommes et tout ce qui avait été tenté jusque là
avait échoué.
C'est
alors qu'arriva dans la ville un maître maçon ; il venait de
terminer son "tour de France" et conscient se son savoir
faire, il se présenta aux Consuls. Il obtint ainsi le marché et la
construction du pont put commencer.
Seulement,
bien que les ouvriers, sous la direction du maître maçon,
travaillassent vaillamment toute la journée, un maléfice faisait,
qu'au matin, tout le travail de la veille était détruit pendant la
nuit.
Les
consuls mécontents menacèrent le pauvre homme de pendaison si
l'ouvrage n'était pas achevé dans les délais. Désespéré, le
maître maçon se lamentait auprès de sa femme en cherchant une
solution, quand cette dernière prit la décision de se mettre en
quête d'une 'fatsillière", cette bonne fée quercynois pour
conjurer ce mauvais sort.
La
Fée lui apprend alors, que c'est un petit diablotin, pas vraiment
méchant, un "dracounet" (un petit Draç) facétieux qui
défait chaque nuit l'ouvrage de la journée. Il suffit de le
neutraliser en étant plus malin que lui.
La
"fastillière" lui explique à la femme du maître maçon
que le Diablotin craint la lumière du jour et lui indique tout bas
ce qu'il faudra faire. Elle remercie la bonne fée et rentre
rassurer son mari.
Le
lendemain, juste avant l'aube, la femme du maître maçon est
postée derrière une des piles du pont avec son coq qu'elle a
amené avec elle sur les conseils de la Fée.
Le
diablotin s'approche pour poursuivre ses destructions et c'est alors
que le coq se met à chanter. Le "dracounet" est aussitôt
changé en statue de pierre que le maître maçon s'empressera,
aussitôt l'ouvrage terminé, de sceller dans l'angle supérieur de
la tour centrale du pont.
Si
vous ne me croyez pas, allez visiter le pont Valentré ; le petit
diable y est encore aujourd'hui.

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