d'après
Jean-Fourgous, A
travers le Lot,
1985.
D'une
superficie de 5 226 kilomètres carrés, le Lot appartient à la partie
Sud du Massif Central et se rattache à l'Est à l'Auvergne. De ce
dernier côté, le sol est formé de roches granitiques anciennes, avec
une altitude moyenne de 600 m et le point culminant du département, le
pic de Labastide-du-Haut-Mont, atteint 781 m.
En bordure de ce pays montagneux - dit « Ségala »,
parce que
seul le seigle y mûrissait - se rencontre une bande large
d'environ 10 km constituée de terrains argileux et marneux. C'est le «
Limargue », propre à
la culture et aux pâturages, rappelant un peu certains paysages de
Normandie. Un sol analogue constitue le début de la plaine d'Aquitaine,
au Sud-Ouest du département, dans le « Quercy Blanc
», ainsi
nommé à cause de ses collines blanchâtres. Son sol est composé de
calcaire d'eau douce et de molasses. Dans le Nord-Est, touchant au
Lot-et-Garonne et à la Dordogne, est la « Bouriane »
, région
fraîche et verdoyante où poussent le pin et le châtaignier. Le sol
est formé de calcaires gréseux moins perméables que ceux des
Causses.
Le reste du département - près des deux tiers de sa surface
- est formé par les plateaux des « Causses »
, plateaux
ondulés d'un paysage plutôt mélancolique, élevés en moyenne de 300
m et aux larges horizons peuplés pour beaucoup de bois de chênes. On y
distingue : dans la partie supérieure du département, au Nord de la
Dordogne, le Causse de Martel ; entre Dordogne et Lot, le Causse de
Gramat - le plus vaste, mais aussi le plus sauvage et le plus
désolé - avec la région de la Braunhie (prononcer Brogne)
autour de cette ville ; dans le Bas Quercy, le Causse de Limogne dont
l'aspect est beaucoup plus méditerranéen.
Ces
Causses sont formés par des terrains calcaires, très perméables,
d'une surface sèche et aride, à l'herbe rare mais savoureuse pour les
moutons ; le fond et le versant des vallées qui les coupent sont
cultivés. Privée d'eau superficielle dans les hautes terres, cette
partie du Lot est le domaine des gouffres,
grottes et
rivières
souterraines. Absorbées
par les fissures, les eaux se sont enfouies dans le sous-sol
depuis des millénaires, créant des cavernes dont les voûtes se sont
parfois effondrées (gouffres,
igues, abîmes
naturels ; cloups, vastes cuvettes creusées par dépression ou par
érosion superficielle), forant des galeries, laissant après leur
disparition des grottes décorées de concrétions. En d'autres cas, les
eaux, après avoir circulé sous terre, reparaissent au jour sous forme
de résurgences,
comme
à la fontaine des Chartreux, à Cahors, aux sources de l'Ouysse, près
Rocamadour, ou à Font-Polémie, dans la vallée du Vers.
En
plus du gouffre et de la rivière souterraine de Padirac, il est
possible de visiter un certain nombre de grottes accessibles au public :
Pech Merle (Cabrerets),
Cougnac
(Gourdon), Lacave, Presque, Bellevue (Marcilhac)...
Deux
affluents de la Garonne, la Dordogne
et
le Lot, traversent
le département d'Est en Ouest.
LA
GROTTE DES PALABRES
(Boussac,
Communauté de Communes Célé Causse)
Découverte
par hasard durant l'hiver 1994, la grotte des Palabres,
aujourd'hui classée et protégée, s'est révélée au fur et
à mesure de son étude, comme un des plus importants
témoignages sur les rites funéraires, de l'époque du premier
Age du Fer.
En effet, la grotte soigneusement fermée après son
utilisation, n'a connu aucun viol.
Et c'est donc une inhumation collective, parfaitement intacte,
que l'on peut étudier aujourd'hui.
En effet, une vingtaine d'individus ont été retrouvés,
disposés dans un ordre intentionnel précis et semble-t-il,
dans un même temps.
Les corps sont répartis en deux endroits distincts : 17 -
4 adultes, 6 enfants et 7 adolescents - ont été
déposés dans la salle principale et ne portent aucune
parure.
En revanche, 3 sujets : 1 adolescent et 2 adultes de sexes
différents, ont été placés dans la galerie d'accès,
accompagnés de parures diverses : céramique, couteau et lance
en fer, torque torsadée en bronze, bracelet en fer.
Il semble donc qu'un ordre hiérarchique ait été respecté,
mais dont on ignore encore la signification.
De même, on ne sait toujours pas la cause du décès, qui
semble simultané, d'un nombre - pour l'époque aussi
important de personnes.
On le voit, la grotte des Palabres n'a pas encore livré tous
ses mystères.
|
La
Braunhie
Véritable
forêt centrale du Lot, La Braunhie - prononcer "Brôgne",
est aussi un lieu mythique ou de nombreuses légendes ont vu le
jour.
Parsemée d'igues - cavernes verticales, souvent vertigineuses -
de grottes, d'abris sous roche utilisés dès la préhistoire,
cette forêt sauvage qui s'étend sur plusieurs centaines
d'hectares est aujourd'hui sillonnée de sentiers de randonnée
et sert de conservatoire pour de nombreuses espèces de fleurs
rares.
Peut-être en vous promenant sur ces chemins, qui parfois se
perdent en plein désert, verrez-vous, à la tombée du soir, le
drac, cet animal fabuleux qui hante les igues de la
Brauhnie ou bien, la silouhette de Saint-Namphaise, ermite du
début du Moyen Age qui vint s'y réfugier en quête de
solitude.
A moins que ce ne soit le seigneur de Barasc, puissant baron du
Quercy, dont le nom redouté - Braunhie serait une
contraction de Barasconie - hante encore ces
forêts mystérieuses. |
|
Sur
les plateaux quercinois arides, comme le Causse de Gramat, l'eau fut
souvent un souci constant. Aucun effort n'était ménagé pour la
capturer avant sa fuite dans les profondeurs... Chaque habitation avait
sa citerne alimentée par le ruissellement des toitures. Dans les
pâturages les plus éloignés, de grands bassins creusés dans les
affleurements rocheux compacts, recueillaient la pluie pour abreuver le
bétail.
La légende attribue ces « lacs » à Saint-Namphaise : en effet cet
officier de Charlemagne, devenu ermite de la forêt de la Braunhie se
serait dévoué à cette tâche afin d'adoucir la vie des bergers et des
brebis en saison de sécheresse, et fait creuser les rochers dans les
rares endroits où l'eau de pluie n'est pas « avalée » par le sol
poreux.
Son tombeau, conservé à Caniac-du-Causse, fut le but d'un pèlerinage
dès le Moyen Age. On venait y évoquer le Saint pour la guérison du «
mal caduc », l'épilepsie.
On peut voir «un lac de Saint-Namphaise» au nord de Livernon, en
bordure de la route : c'est un miroir d'eau au pied d'une caselle.
Le
Lac de Lacam
ou le mariage
de l'eau avec la pierre
Il s'agit sans doute du site rural le plus photographié du
Quercy tant il est emblématique des paysages du Causse. En
effet il marie deux éléments : l'eau et la pierre,
l'un trop rare, l'autre trop abondant.
En effet les agriculteurs pour rendre leurs champs cultivables
devaient d'abord l'épierrer : un travail fastidieux, réservé
en priorité aux enfants dont la petite taille leur permettait
de se courber avec - paraît-il - moins de fatigue ! Les pierres
ainsi récupérées servaient d'abord à borner la parcelle par
des murs, puis à construire un abris pour le bétail. Ensuite,
on creusait un lac artificiel, qui profitant des pentes
supérieures, récupérait l'eau de pluie et servait ainsi
d'abreuvoir.

|
|
QUISSAC
: LE LAC DES PLACES

Taillé assez profondément dans le rocher, de forme
rectangulaire, avec un côté en pente douce, ce bassin est le
modèle type des lacs de Saint Namphaise. Il n'y en pas moins
de trente et un sur la commune et plusieurs centaines, de
tailles très diverses, sur le Causse. Ils ont toujours servis
d'abreuvoir pour les troupeaux, et parfois de lavoir, quand un
côté du bassin est constitué de pierres lisses et
inclinées. Alimentés par des sources ou bien l'eau de pluie
ou de ruissellement, ces réservoirs d'eau ont permis, pendant
des siècles, à une agriculture pastorale de se développer
sur un terroir réputé pour son aridité. |
|
|