L'historien et les traditions locales (4541 octets)

par Jean LARTIGAUT

 

Cet article a été publié initialement dans le Bulletin de la Société des Etudes du Lot, tome CXIV, 3è fascicule 1993, pp. 187-207

 

 

" L'histoire, disait Charles Higounet, celle des hommes et des événements, se déroule dans l'espace ; l'histoire, celle des historiens, se fait non seulement avec des documents mais aussi sur le terrain. " Par documents, il entendait certainement les sources écrites mais aussi sans doute les apports de l'archéologie de terrain bénéficiant de concours les plus divers de disciplines " scientifiques " et encore les témoins du passé toujours debout, les "superstructures " si l'on veut, domaine de l'archéologie monumentale. Le terrain : les paysages modelés par l'homme depuis des millénaires considérés avec I’œil du géographe-historien.

L'histoire peut-elle également se faire en utilisant les traditions locales, c'est-à-dire les traditions orales fournies par les vieux paysans d'aujourd'hui et celles, souvent de mêmes nature et provenance, consignées de longue date par des notables et des érudits qui bénéficient — bien à tort — du prestige de la chose écrite ?

Avant d'apporter une réponse nuancée, il convient de recenser les thèmes les mieux représentés en Quercy et quelques autres singuliers. Pour ne pas alourdir encore cet article, on a laissé de côté tout ce qui semblait provenir du fond des âges : les fées, les géants et leurs tombeaux, les fontaines souvent christianisées, les bosquets sacrés (n'avons-nous pas à quatre kilomètres de la limite du diocèse une paroisse agenaise de Sept Albres ?) et encore les tumuli ou présumés tels et les monuments mégalithiques. De même, par prudence, on écartera les sources hagiographiques qui mériteraient un traitement particulier.

En fin de compte, quelques thèmes seulement ont connu une importante diffusion : César et les Romains, les Sarrasins, les Templiers et, bien entendu, les Anglais.

LE SOUVENIR DE ROME

D'une façon générale, les populations ont confondu avec les voies romaines, les chemins de pèlerinage médiévaux, ceux de Saint-Jacques de Compostelle et de N.-D. de Rocamadour, pour la simple raison que ces itinéraires avaient conservé en patois le nom de cami romio (ou romieu), d'où des toponymes tels que fon romiva, costa romivapon romio... Le prestige de César fut entretenu par les humanités de générations d'écoliers. Les oppida celtiques devinrent tout naturellement des " camps de César " et les mottes castrales des presidia, des postes de légionnaires romains. L'un de ces oppida, proche de Saint-Céré, qui connut d'ailleurs de multiples occupations, porte le nom de " Césarines ". Il a d'ailleurs été visité par notre chroniqueur Guyon de Maleville, homme de guerre pourvu d'une vive imagination. Encore en 1839, F.A. Calvet fait des Césarines un " camp romain ".

J'avoue ma surprise en trouvant, il y a déjà de nombreuses années, sur des plans d'archéologues du XIXè siècle la mention d'une " porte de Rome " sur le front nord du Puy d'Issolud, l'un des candidats, le meilleur peut-être, au titre d'Uxellodunum. J'y voyais une appellation relativement récente et d'origine savante. Il n'en était rien ; en effet, un acte notarié de 1474 mentionne dans les confronts d'une parcelle aux appartenances du mas d'Alriguia, paroisse de Saint Denis, le puy d'lssolu et le chemin de Colonjac au portal de Roma (1).

De fréquentes trouvailles en surface et au cours des labours justifiaient sans doute cette dénomination populaire à l'opposé, au siècle précédent, de l'identification de Capdenac à Uxellodunum que l'on doit tenir d'origine savante et intéressée. De même nature vraisemblablement, le patronage de Pontius Polemius, préfet des Gaules, au bénéfice de la Font Polémie située dans la vallée du Vers, sous I'oppidum de Murcens, et qui, croyait-on, alimentait l'aqueduc de Cahors : " Une inscription dédicatoire sur brique estampillée, d'authenticité douteuse, aurait été découverte au XVIè siècle, à hauteur du hameau de Savanac, dans la maçonnerie du canal ou à proximité : elle aurait mentionné Pontius Polemius, préfet des Gaules " (2). Une autre Fon Polemia, attestée en 1313, qui coule au pied d'une petite falaise de la vallée du Vert dans la paroisse de Saint-Médard, a conservé son nom jusqu'à nos jours sans connaître d'autre notoriété que locale (3).

Finalement, l'empreinte de Rome dans l'imaginaire quercinois reste relativement modeste. Nous n'avons pas rencontré de chemins de César. Nous n'avons pas non plus l'équivalent de la Tour de César de Provins dite antérieurement Tour-le-Roi et cependant d'origine comtale.

LES SARRASINS

Si les Wisigoths, peu présents en Quercy, et les Normands qui remontèrent peut-être la Dordogne au-delà du Périgord n'ont laissé aucun souvenir, il n'en va pas de même des Sarrasins bien que les sources écrites n'aient conservé aucune trace d'une incursion, d'un quelconque rezzou dans nos contrées assez peu accessibles.

Nous connaissons d'abord deux chemins sarrasins. Le premier, cité par Lacoste, était d'orientation sud-nord et reliait les pays de la moyenne Garonne au Périgord en passant approximativement par Moissac, Puy-L'Evêque et Villefranche-du-Périgord. Notre chroniqueur le met également en relation avec une Mothe-Sarrasine qui ne saurait être celle de Lacour en Tarn-et-Garonne (4). Le second chemin, en gros d'orientation ouest-est se dirigeant vers Cazals, séparait les terres de la châtellenie de Castelnaud et de Besse en Périgord et encore de Besse et Cazals (5).

Ces envahisseurs sont encore représentés près de Figeac dans, le territoire du castrum de Faycelles où il existe un lieu-dit Aux Sarrasins. Notre confrère le P. Georges Delbos y a conduit des fouilles dans les années 60. Celles-ci ont mis au jour 23 tombes d'inhumation. Il s'agit d'une nécropole indigène sans traces germaniques, que l'on peut dater des V-VIIè siècles (6). Comme il se doit, la tradition fait état d'un combat livré par les Sarrasins au Camp del Bos, à 500 m à l'ouest de la nécropole.

Les humanistes, nous l'avons vu, ont placé sous l'égide de César l'oppidum des Césarines dans la paroisse de Saint-Jean-Lespinasse. Les paysans de la fin du Moyen Age étaient pourtant d'une opinion différente. En effet, le censier d'Eustache de Narbonès mentionne en 1471 dans la même paroisse la col sarrasina (la colline des Sarrasins) qui, avec le chemin de Saint-Jean à Aynac, sert de confront à un groupement de parcelles : terre, pré, bois, rochers et pasturals au terroir de Mandinas sive Pissarata (7).

Toutefois c'est autour de Martel que la présence sarrasine s'affirme avec le plus de vigueur. Ecoutons Guyon de Maleville sans doute mieux informé que Michel Rouche (8) ! Pour l'an 732 : " Vraysemblablement, Charles Martel en ce voyage ayant heu quelque victoire près du lieu où est Martel en Quercy vers Lochat ou Le Choc et où il y a un vieil cimetière, il dona comencement à la ville de Martel et luy imposa son nom et y fist église soubz le nom de Saint-Maur, auquel luy et Théodoric lors régnant avait donné de grands privilèges et biens au monastère de Maurismunster institué par ledit saint Maur abbé près de Zabern [Saverne] deça le Rhin en Alsace " (9).

A première vue, on ne peut faire confiance à Guyon de Maleville pour diverses raisons. En premier lieu, il est un homme de son temps et même un gentilhomme, d'abord un homme d'armes. De plus, ce temps, le sien, n'est guère propice à la recherche érudite. On est encore loin des bénédictins de Saint-Maur. Sur le soir de sa vie, Guyon n'écrivait, semble-t-il, que pour son propre contentement, sans souci de publication. Enfin cet auteur désinvolte fait preuve d'un goût immodéré pour les légendes. A partir d'un toponyme La Combe de la Dame ou Les Dames, il a imaginé une déesse guerrière du nom d'Alis, une sorte de Diane gauloise qui avait fait construire son palais aux Alis (Alix) où elle demeurait avec ses Alissontes, ses amazones. Tout cela avait beaucoup amusé le chanoine Albe (10). On ne pouvait concevoir des origines plus frivoles pour les Alix, la grange-mère des cisterciens d'Obazine autour de Rocamadour. Guyon est-il pour autant le père de la légende de Charles Martel ? On pourrait également envisager un récit forgé de toutes pièces par les consuls de Martel ou du moins les notables de la ville afin de rattacher étroitement Martel aux Capétiens, enfin au trône, à l'instar de quelques familles quercinoises et non des moindres qui, au début du XVIIè siècle et dans le même but, s'inventèrent des origines franques ou burgondes ! Selon T. Pataki, on ne dispose d'aucun indice pour la période médiévale, il faudrait donc dépouiller des sources locales plus tardives à partir du XVIè siècle. Mais surtout, revenons sur terre, Martel n'apparaît que dans la seconde moitié du XIIè siècle. Ce bourg castral s'est développé à la croisée de grands chemins autour de deux noyaux : une tour vicomtale et un prieuré bénédictin, Saint-Maur, relevant de Souillac.

Passons maintenant à la curieuse interprétation " Lochat ou Le Choc ", terme imprévu pour la bataille. N'étant ni linguiste ni toponymiste, je m'apprête à commettre une imprudence sachant que notre confrère Raymond Sindou ne manquera pas de m'administrer au besoin une fraternelle correction. On partira, faute de mieux, de formes tardives, l'une de 1326 dans un compte de subsides taxant la prioressa de Lopjac (11) et l'autre, non datée, consignée dans un pouillé du XVIIè siècle : l'église S. Martini de Lopiaco (on trouve Lopchat dans un compte des décimes de 1526) (12). Selon Combarieu, la fête votive de Loupchat à la fin du XIX' siècle tombait effectivement le 11 novembre, jour de saint Martin. Il ne peut donc y avoir de confusion avec un autre Loupiac assez proche mais relevant d'un autre archiprêtré et placé sous l'invocation de Notre-Dame. Pour expliquer l'évolution de Loupiac à Loupchat, on pourrait envisager la succession : i, j, s, et finalement ch au contact de l'Auvergne (13). Le pouillé Dumas (1679) donne pour sa part : de Lopchiaco (14). Il en serait à peu près de même pour une forme voisine, Lobejac, bien attestée en Quercy.

J'ai examiné de façon fort sommaire la toponymie de cette paroisse à l'aide de quelques documents du fonds d'Arliguie de Boutières (15). Je n'ai rien vu qui puisse évoquer les Sarrasins et servir de support à la légende : une combe de Taille ferrie sur le chemin de Martel à Loupchat au terroir del Debat accensé en 1466 par Etienne de Taillefer (famille notable de Martel). L'un des tenanciers est Guillaume Cementeri, peut-être une mauvaise lecture, on ne dispose que d'une copie. Ce mot occitan désigne l'enclos des morts. Un vrai cimetière champêtre existait en 1538 sur le grand chemin de Martel à Vayrac, à Lalande. Un autre chemin le reliait en 1560 à la font Saint-Martin où l'on retrouve le vocable de l'église de Loupchat. La chapelle de Lalande n'apparaît pas dans ce fonds avant 1618. Les amateurs de Maures devront se contenter de deux paroissiens, Pierre et Michel La Muradia dont la famille a sans doute donné son nom à la borie de La Mouratie. Les Mauret, Mouret ne manquent pas en Quercy et ailleurs : noms de lieu et noms de personne. Maredénou et Maradène sont sans doute des ardennes de la pire sorte... Les érudits de Martel n'auront aucun mal à réunir plus ample moisson de formes plus anciennes qui auraient favorisé la naissance de la légende. Celle-ci est-elle d'origine savante (c'est, en effet, mon hypothèse) ou bien vraiment populaire ? Toute la question est là.

LES TEMPLIERS

Ils sont parmi nous, dit-on. Dans son excellent petit livre, Vie et mort de l'ordre du Temple, 1118-1314 (16), Alain Demurger évoque dans son avant-propos la survie légendaire de l'institution et, de nos jours, les sectes et associations qui se réclament du Temple. Le Quercy n'est pas allé jusque-là mais l'attrait du mystère a pu paraître un adjuvant au tourisme. A vrai dire, cet aspect est secondaire et d'ailleurs très récent. Ici et là, on croit retrouver les traces des chevaliers, on les réclame parfois comme seigneurs du lieu d'après des traditions qui semblent bien populaires mais pourraient avoir pour point de départ l'opinion d'un curé ou d'un instituteur du siècle dernier. Mais aussi, les livres à sensation et prétention historique et davantage encore les émissions aguichantes de la télévision ont pu aviver de vieilles croyances.

Lors de mes débuts dans la recherche historique, vers 1960, on vint me chercher pour me montrer " la tour des templiers " de Crayssac. En effet, selon la commune renommée, Crayssac était le siège d'une commanderie de cet ordre. J'objectai que les archives les mieux conservées du Midi de la France à Toulouse, à Marseille... étaient celles des ordres militaires, templiers et hospitaliers, dont les traces écrites étaient réunies dans ces fonds. Or, il n'y est jamais question d'un établissement templier ou hospitalier à Crayssac. De plus, les seigneurs du lieu sont bien connus au XIIIè siècle, avant la suppression de l'ordre. Sur place, je vis en effet une sorte de tour, une abside romane surélevée durant les guerres d'ailleurs prolongée par partie d'une nef de la même époque. Coup de poker insolent d'un néophyte, je déclarai au propriétaire avant de pénétrer dans sa tour : "Dans la partie basse, on doit trouver à droite une sorte de niche avec un petit évier." Par chance, la piscine était au rendez-vous, Il s'agissait de l'église primitive Saint-Pierre de Crayssac sans doute abandonnée comme le village au cours de la guerre de Cent Ans. De plus, à peu de distance du bourg, on peut voir une autre église plus vaste que ne l'avait été la précédente, pour l'essentiel du XIXè siècle mais comportant des éléments du XVI' siècle. Lors de travaux d'adduction d'eau, on découvrit des sépultures contre la vieille abside, à l'emplacement normal d'un cimetière dont la tradition locale n'avait pas conservé le souvenir. Ajoutons enfin que le Temple aurait pu recevoir en don la seule église de Crayssac et non la seigneurie mais ce n'est pas le cas. Ai-je à la longue réussi à convaincre ? Je n'en suis pas certain.

Autre commanderie templière : Le Montat, commune proche de Cahors. La presse locale lui a généreusement attribué cette qualité. Evidemment, aucun document n'a été produit à l'appui de ce qui semblait évident. Le Montat est également inconnu au fonds de Malte de Toulouse, et pour cause ! Il n'a cessé d'appartenir à l'église de Cahors. Dès le XIè siècle, il était une possession des chanoines de la cathédrale qui le conservèrent jusqu'à la Révolution. On peut même remonter jusqu'au milieu du Xè siècle avec la donation de cette église du Montat par l'archidiacre Benjamin. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la défaillance de la tradition orale dans un village qui jusqu'à la Révolution n'a cessé de payer au chapitre de Cahors et les dîmes et les redevances seigneuriales.

De nos jours, le restaurant Les Templiers, de bonne renommée, occupe un logis canonial d'époque médiévale.

Le raisonnable Delpon à la rubrique de Pinsac rapporte que "la tradition attribue aux templiers de vastes constructions dont on remarque les ruines sur un rocher au bord de la rivière". On voit mal les bénédictins de Souillac installer sur leurs terres un ordre avec lequel ils n'avaient pas d'affinités particulières (17).

En plein cœur de Figeac, nous assistons peut-être à la formation d'une légende comparable à celle de l'hôtel de la Monnaie. Déjà L. Cavalié (18) s'interrogeait sur cette attribution dont l'origine lui semblait populaire. Bien plus tard, les articles de L. d'Alauzier (19) : "De quelques erreurs au sujet de Figeac et de son histoire" et "Une maison de la monnaie à Figeac au XVè siècle" auraient dû emporter l'adhésion. Il n'en fut rien. Une maison de riche marchand ou bourgeois, apparemment du XIIIè siècle, une demeure privée donc, a été promue bâtiment officiel en raison de son opulence. Depuis, elle n'a pas été débaptisée. De même, l'affectation royal de Figeac d'un "logement de fonction" d'ailleurs prestigieux n'est qu'une vue de l'esprit, d'un esprit moderne se référant au style officiel devenu de rigueur au XIXè siècle pour les établissements publics se " démarquant " ainsi de leur environnement.

Mais revenons aux templiers sans quitter Figeac. On leur a attribué une véritable commanderie et non une simple domus, une suite de bâtiments avec des pièces spécialisées, notamment une chapelle et bien entendu des écuries, avec une " garnison " d'une douzaine de chevaliers. En somme une bien grosse commanderie urbaine, inférieure toutefois aux Temples de Paris et de Londres !

Avant d'en venir aux textes, on me permettra de faire quelques remarques de bon sens. D'abord les bâtiments, rue du Griffoul. L'ensemble du décor, très soigné, évoque la demeure d'un gros marchand et non la sévérité de bâtiments conventuels d'un ordre resté assez strict et qui se souvenait encore de l'inspiration de saint Bernard, du moins dans ses constructions ordinaires. J'aimerais bien avoir l'opinion d'un spécialiste de l'histoire de l'art car le béotien que je suis serait tenté de dater l'ornementation de la première moitié du XIVè siècle. Ce qui est bien tardif !

Le site lui-même me semble mal choisi pour une véritable commanderie. Je vois mal l'abbé bénédictin, encore seigneur de sa ville sans partage, supporter une telle implantation aux abords de l'enclos monastique et tolérer les cavalcades d'un peloton de chevaliers allant prendre leurs ébats ou s'entraîner à l'extérieur des murailles, de telle sorte qu'on distingue mal la fonction d'une telle commanderie urbaine.

Les maisons de l'ordre en Quercy et ailleurs sont presque exclusivement rurales. Une commanderie, c'est d'abord une seigneurie avec ses dépendants et ses profits, un domaine cohérent mais aussi des possessions, des fiefs dispersés, et même des églises de bon rapport. En somme, une " entreprise ", un instrument de production : céréales, vin, bétail, laine... selon les lieux, qui doit d'abord s' " autofinancer ", puis dégager des surplus à faire passer en Terre Sainte, soit en nature (par exemple la remonte des chevaliers), soit, plus commodément, après conversion, en monnaie de bon aloi. Une commanderie est encore un château, du moins une résidence plus ou moins fortifiée, un couvent, le siège d'une administration rigoureuse et encore un lieu de retraite pour les chenus et les estropiés, un "noviciat" pour deux ou trois aspirants, enfin un lieu de fraternité, de sécurité et de travail pour les donats qui se sont agrégés à l'ordre.

Les textes enfin : ils ont été dénombrés par L. d'Alauzier en une courte note (20) témoignant à la fois de l'indigence de la documentation (pas une seule charte du XIIè siècle, la grande époque des templiers) et de la modestie des biens du Temple à Figeac. Cet auteur a signalé, sèchement selon son habitude, une dizaine d'actes, le premier d'août 1258, quelques autres des dernières décennies du XIIIè siècle. Ces chartes n'offrent aucune possibilité de localisation de la commanderie intra-muros ou aux abords de la ville. Peut-être leur maison se trouvait-elle à la gache de Montviguier où les hospitaliers avaient effectivement une maison et quelques cens au XIVè siècle. Peut-être, en effet, comme successeurs des templiers, mais rien ne le suggère. Chacun des deux grands ordres militaires aurait pu disposer d'un immeuble à Figeac. Il en était ainsi à Cahors au XIIIè siècle.

Les ordres ruraux, les cisterciens et même les grandmontains eurent des maisons urbaines tout comme les ordres militaires, des demeures reçues en don ou même acquises car elles leur étaient nécessaires : en premier lieu pour écouler les surplus sur de grands marchés agricoles, ensuite pour suivre leurs procès auprès d'une cour et même pour loger des frères étudiant aux universités en quelques cas. La fonction d'entrepôt des productions des véritables commanderies évidemment rurales était prioritaire. Ces maisons urbaines originaires étaient gérées, non par des chevaliers dans la force de l'âge, mais souvent par des prêtres agrégés à l'ordre, lettrés bien entendu, assistés de simples frères, de donats.

Je crois avoir exposé mon point de vue en toute sérénité. Ne disposant pas de certitude quant à la localisation de la maison templière par défaut de documentation, j'ai tenté de vérifier si l'implantation affirmée récemment semblait vraisemblable dans le cadre de la seigneurie abbatiale et de m'assurer qu'elle aurait pu répondre aux fonctions de ces établissements urbains qui ne sont d'ailleurs pas celles envisagées par les promoteurs de la nouvelle commanderie. Certes, face à leurs affirmations, je n'ai pu apporter une preuve définitive du genre : ces immeubles ont appartenu au cours de la seconde moitié du XIII' siècle à telles et telles familles notables de Figeac.

LES ANGLAIS

La tradition les voit partout, ces goddams, ces rouquins débarqués de leur île lointaine. Ils passent même pour avoir été des bâtisseurs durant la période d'" occupation ". Ils vont jusqu'à imposer un style, une ornementation particulière, à Figeac (21) et à Martel (22) comme s'ils " s'installaient " pour toujours. Ce que nous montrent les sources est bien différent. La guerre de Cent Ans est un conflit interminable durant lequel les actions de guerre alternent avec les trêves, générales ou locales. Deux camps sont en présence : ceux qui tiennent le parti du roi de France et ceux qui tiennent le parti du roi d'Angleterre. On a pris l'habitude de parler de compagnies, de sociétés anglo-gasconnes. A vrai dire, on dénombre fort peu d'insulaires ayant séjourné et combattu en Quercy : une trentaine au plus. Les hommes d'armes du camp anglais sont le plus souvent Bordelais, Gascons, quelquefois Béarnais, Navarrais, Agenais, Périgourdins ou même Quercinois. Il y avait surtout dans le camp français des nobles du pays, des voisins rouergats, quelques Ecossais peut-être, et même des " Italiens ", les trois frères de Valpergue, capitaines ayant séjourné à Figeac mais originaires du diocèse de Turin. On peut affirmer que ces combattants ignoraient les uns, le français et les autres l'anglais mais parlaient presque tous des dialectes de la langue d'oc. Cependant les paysans qualifiaient parfois leurs prédateurs de " Bretons et autres Anglais ".

Il y a trente ans, j'ai étonné les Anciens de Pontcirq, ma commune, en répudiant la qualité de " château des Anglais " pour Labastide-Floyras (Labastidette-haute). J'avais expliqué que des chevaliers originaires de Bélaye du nom de Floyras y étaient installés avant 1259, qu'en 1281, les Floyras rendaient hommage pour leur repaire de Floyras qualifié définitivement de " bastide " (autre nom de la maison forte) autour de 1300, bien avant la guerre de Cent Ans alors familière aux écoliers (en 1960), et que les " Anglais " qui s'en emparèrent bien plus tard avaient à leur tête un baron du voisinage, Philippe de Jean, seigneur de Salviac et des Junies. Une autre tradition locale, peut-être en relation avec les Anglais, veut qu'un souterrain ait relié le vieux repaire et, en contrebas, à 250 m, la maison de cadet qui apparaît pour la première fois en 1529 avec la dénomination de " repaire de Labastidette basse de Floyras " (23). Une autre tradition de Pontcirq fait état d'un second souterrain entre Labastide-Floyras et le repaire du Cluzel dans la même commune, distant d'environ 1 200 m à vol d'oiseau mais séparé de son voisin à la fois par la mouvance féodale et par une vallée sèche accusant une dénivellation de près de 125 m.

En plus d'un endroit à travers le Quercy, j'ai entendu soutenir l'affirmation de souterrains reliant deux " châteaux ", souvent une association hétérogène : à un bout, une maison forte médiévale et à l'autre extrémité, une gentilhommière du XVII' siècle succédant à une tenure, une borie bien attestée au XV' siècle. Il est inutile d'insister sur la relative fréquence de ces traditions. Peut-être devrait-on, s'il est encore temps, en dresser un répertoire et cartographier les résultats…

On se sent désarmé face à des affirmations véhémentes ou tranquilles. Il y a quelques années, je visitai une fois de plus les ruines du château de Gozon en Rouergue méridional, au sud du Tarn, dans la région de Saint-Affrique. Ce castellum attesté en 942 est assis sur une butte calcaire à 667 m d'altitude. L'enceinte épouse les contours irréguliers de la plate-forme " sommitale ". J'y rencontrai un paysan demeurant dans une ferme située au bas de la butte. Il me parla d'un souterrain et, sans doute à cause de mon scepticisme, me révéla qu'un chien de chasse de sa famille entré dans les salles basses réapparut dans des broussailles au col de Gazon. Le trajet souterrain aurait été d'environ 175 m avec une dénivellation de 40. L'homme que j'avais en face de moi avait l'air intelligent et sincère… Alors, puissance du rêve et de l'imagination ?

Retournons en Quercy pour nous inquiéter des " châteaux des Anglais ", appellation sans doute savante ou populaire selon les cas, il est bien difficile d'en décider.

Cette expression désigne les ouvrages plaqués contre une falaise, surtout dans les vallées du Lot et du Celé, et utilisant des grottes ayant connu une occupation intermittente depuis la préhistoire. On peut attribuer à la période médiévale ces organisations défensives parfois sommaires : un simple mur barrant le porche, par exemple au " défilé des Anglais " de Bouziès. Plus rarement, on rencontre des dispositifs fort complexes, cette fois d'origine seigneuriale. Il s'agit, en effet, de roques qui pourraient remonter en partie au XIIè siècle, comme le " château du Diable " ou " des Anglais " à Cabrerets, adossé à la falaise et même pourvu d'une chapelle, dont on sait seulement qu'il appartenait à un baron du milieu du XIII' siècle. Par la suite, il fut peut-être donné à la communauté paysanne en guise de refuge car iI ne figure pas au dénombrement des biens nobles en 1504. On peut encore citer au voisinage le château des Anglais de Brengues et, bien au-delà, sur la limite ou peu s'en faut de la baronnie de Gramat et de la châtellenie de Saint-Céré, l'extraordinaire " château des Anglais " du val d'Autoire. Accroché à la falaise occidentale, il offre un dispositif à plusieurs niveaux et englobant plusieurs grottes sur un front d'environ 220 m. Je n'en dirai pas davantage, mon propos n'étant pas d'archéologie. On peut sans risque identifier cet ensemble avec la roca d'Autoire énumérée avec ses autres forteresses par un baron, Hugues de Castelnau, seigneur de Gramat, à l'occasion de son hommage à Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, en 1259 (24).

Ainsi ces " châteaux des Anglais " sont bien antérieurs à la guerre de Cent Ans et l'on discerne mal l'origine de cette appellation. Sans doute, les compagnies de ce parti ont pu, à défaut de quelque " gros lieu " se contenter momentanément de tels refuges et même s'y retrancher lorsqu'elles avaient le dessous mais les anciennes forteresses devenues obsolètes dans l'organisation seigneuriale du bas Moyen Age servirent surtout de retraites aux indigènes, aux paysans des villages ouverts d'en bas tentant d'échapper aux routiers. Un texte nous dit même que les sociétés anglaises avaient " extirpé " les habitants de la vallée du Célé des cavernes où ceux-ci s'étaient réfugiés.

Les notaires de Lauzerte font connaître deux "gués des Anglais" : en 1455, le terroir de la motte d'Ursaud est situé prope vadum dels angles dans la Barguelonne (25) ; en 1471, le chemin de Brassac al gal dels angles, cette fois, paroisse de Saint-André de La Bruguède (26). Rien de bien étonnant à cela: un guetteur en faction sur quelque " garde " (27), derrière un genévrier a vu les Anglais s'avancer sur la route puis franchir le ruisseau. Les habitants ayant conservé le souvenir de cet événement, le gué prit le nom de ces passants redoutés.

Dans le proche Périgord, commune de Cénac, il existe une " Combe anglaise " bien connue des habitants et, me semble-t-il, signalée par un panneau. Cette combe descend jusqu'au Céou qu'elle atteint au gué de La Serre. Les textes m'ont permis de constater l'ancienneté de ce microtoponyme, en particulier une enquête de 1488-1489 tendant à confirmer les limites des châtellenies de Domme vieille et de Castelnaud. Cinq témoins mentionnent la cumba anglesa et deux autres racontent que lors d'une précédente montrée, il y a quarante ans environ, quarante-deux ans peut-être, on dut interrompre le circuit avant d'arriver au gué de La Serre " parce que les Anglais étaient dans quelque lieu proche ", ou, plus circonstancié, " parce que les Anglais venaient de Montferrand (29). On peut raisonnablement établir un lien entre cette incursion des ennemis du roi et le panneau qui doit de nos jours intriguer les Britanniques séjournant en Périgord (28).

Pour ma part, je serais enclin à faire confiance à ce genre de traces, tout particulièrement pour les microtoponymes en relation avec la route.

QUELQUES AUTRES THEMES

Waifre, champion de l'Aquitaine indépendante

Ce dux ou roi d'Aquitaine était le fils d'Hunald. Il succéda à père lorsque celui-ci se retira dans un monastère en 745. Après avoir combattu contre l'Islam, Waifre dut subir l'agression de Pépin le Bref et de ses contingents de la France du Nord. Après avoir pris Limoges, Pépin entra en Quercy en 761. Waifre vint à sa rencontre et fut défait. Après quelques années de répit, la guerre reprit en 765. Le chef des Aquitains comprit qu'il ne pouvait mener qu'une guérilla généralisée mais Pépin délogea ses ennemis de " leurs places fortifiées, rochers et grottes " comme Scorailles en Auvergne, Turenne en Limousin et Peyrusse en Rouergue. Finalement Waifre fut assassiné par un traître en 768 alors qu'il se cachait dans la forêt de la Double (29).

A lire Michel Rouche, le Quercy n'occupe pas une place particulière dans la résistance des Aquitains. Il en va autrement si l'on se reporte à l'Histoire du Quercy de Guillaume Lacoste qui donne une liste impressionnante de cavernes où s'étaient retranchés les partisans de l'indépendance : " Ces cavernes sont encore (je souligne) appelées Gouffios, Gouffieros ou Vaiffiers du nom du duc Waifre ". Lacoste vante particulièrement celle de Saint-Jean-de-Laur où " sur un rocher dominant le gouffre de Lantouy, le duc avait fait édifier un fort ". Il ne craint pas de préciser que le château de Cennevières appartenait à ce prince et que pour cette raison les seigneurs de cette terre ont porté le titre de vicomte de Waiffier (30).

Notre bon chroniqueur ne manquait pas de jugement mais déjà influencé par les rêveries de Guyon de Maleville à propos de ses Gayfiereries (31), il n'a su résister à la pression de traditions locales probablement d'origine savante. Il serait intéressant de vérifier si celles-ci sont toujours vivantes en milieu rural, de les recenser et enfin de cartographier les résultats. Ont-elles largement dépassé les environs de Cajarc, un secteur de la vallée du Lot et peut-être la basse vallée du Célé ? On flaire l'influence de la toponymie sur des érudits qui n'ignoraient pas le nom du duc et ont fait un rapprochement avec certains termes occitans désignant les cavités. Autour de Rabastens, le chanoine E. Nègre ne connaît qu'un hameau disparu du nom de La Bouffia, mot signifiant en Quercy " creux, abri " et en Rouergue " grotte, gouffre, ravin " selon le Tresor dou felibrige (32). On pense tout de suite à Saint-Paul-Labouffie et au château de Labouffie mais c'est aussi le nom d'un simple terroir à Labastidette (Pontcirq). Il faut beaucoup de bonne volonté pour rapprocher ce terme occitan du nom germanique du duc des Aquitains.

La ville disparue

Ce thème n'est pas fréquent à première vue, peut-être simplement en raison de l'indifférence des chercheurs. Je vois Belfort lo vielh sive Cardonat en 1490 pour un terroir confronté par plusieurs chemins (33), premier site imaginaire précédant l'emplacement actuel d'un castrum remontant au XIè siècle. A l'autre extrémité du Quercy, un Vielh Martel dans les paroisses de Loupchat et de Barbaroux, en 1772 seulement mais on devrait trouver des attestations pour la période médiévale dans les livres consulaires. Le Vielh Gramat mentionné à partir de 1325, situé à l'opposé du bourg castrai sur un mamelon dominant l'autre rive de l'Alzou (34). Faute d'avoir entrepris des recherches sur cette famille de toponymes, j'arrête cette brève énumération pour aborder deux témoignages contemporains.

Dans les années 60, on m'a rebattu les oreilles avec la ville disparue d'Orgueil : une vraie ville et même importante. Nous savons à peu près à quoi nous en tenir (35). Le castrum d'orgueil remonte au moins au XIIé siècle. L'habitat subordonné, à vocation artisanale dominante est peut-être d'une étendue insoupçonnée. Les fouilles, si elles reprennent : programmées et avec d'importants moyens en hommes et en crédits, nous réserveront sans doute des surprises. On n'a pas souvent l'occasion de fouiller un village définitivement abandonné depuis 1380 environ. Le site, romantique à souhait, les vestiges dispersés et informes, masqués en partie par la végétation, ont mis en effervescence les imaginations.

Et maintenant une anecdote de 1959. Au cours d'une promenade, on m'apprend que selon la tradition locale l'emplacement primitif de Catus se trouvait au Camp de la Ville, un terroir bordant un chemin de crête se dirigeant de Tourniac à Bouzans (chemin de Labastide-Floyras à Cazals en 1318) (36). La récente découverte de trois sépultures sous un cayryou en apportait la confirmation et d'autant plus qu'on conservait le souvenir de semblables trouvailles fortuites dans ces parages à l'époque où l'on cultivait encore les vignes. Ce qui restait après le passage du bulldozer de ces trois tombes au toit en bâtière fut étudié par notre confrère Gabriel Maury qui transmit ses relevés à la direction des Antiquités historiques de Toulouse.

Historien novice et sans compétence en archéologie, mon seul souci fut de rechercher des recoupements dans les textes. Auparavant, je me fis prêter par le doyen de Catus le manuscrit d'un ancien curé de Pontcirq, l'abbé Rivière, auteur inédit d'un Livre paroissial de Pontcirq rédigé en 1900 (37) et singulier personnage ayant hésité entre la vocation sacerdotale et le métier d'architecte. Quoi qu'il en soit, ce curé fut certainement le rapporteur attentif des récits de ses paroissiens et de leurs découvertes insolites. Certaines concernent le Camp de la Ville et terroirs adjacents. Il note qu'au milieu du XIXè siècle, lors de la plantation de plusieurs vignes au lieu-dit " Les Croix " (38) on y a " ramassé de pleins tombereaux d'ossements humains ". Non loin de là, au Jaillant ou Jayant (39) (compris " géant " en 1959), on trouva sous un tas de pierres (cayrou ?) une tombe renfermant un squelette et " un vase en verre de diverses couleurs " (irisé). Comme les faits étaient anciens et que le bon curé n'en avait pas été témoin oculaire, il donnait consciencieusement les noms de ceux qui avaient participé à ces découvertes. Armand Viré, moins bien informé, signale seulement au lieu-dit La Ville, commune de Lherm, des tuiles à rebord et des silos (40).

Restait le recours aux documents originaux. Sans suivre tous les méandres de la recherche, j'indique qu’il fut possible de localiser un Pueg de las martres (41) évidemment en relation avec les sépultures découvertes. La présence d'un " cimetière " aussi étendu le long d'un chemin suggérait la proximité d'une église et même d'une ville dont le Camp de la Ville conservait le souvenir. Par bonheur le cadastre de Lherm de 1608 (42) nous a fait connaître Guillaume Laville, de Bouzans, possesseur de plusieurs parcelles dans ces parages. Le problème avait ainsi trouvé sa solution.

En bas Quercy, le chevalier terrassant le dragon.

Une carte postale des années 1920 représente le combat d'un chevalier contre un dragon de la variété serpentine et ailée. L'action se déroule au pied d'un versant, chaos de rochers abritant une grotte, antre du monstre. A gauche de cette scène, une église aux proportions importantes établie à la base de l'autre versant auquel s'accrochent quelques maisons. Enfin ces quatre vers :

La noble Vierge de Livron

Donna courage et foi fidèle

Au Chevalier de Lagardelle

Pour terrasser le noir Dragon.

On retrouve ainsi la légende du fait d'armes que serait à l'origine de la fondation de N.-D. de Livron. En réalité, cette église, annexe de Saint-Jean-Baptiste de Caylus, a relevé depuis au moins 1165 du monastère de Saint-Antonin (43). Les chanoines augustins ne passant pas pour avoir la tête épique, il faut rechercher ailleurs les origines de la légende. Des liens étroits rattachaient le sanctuaire de la Vierge au castrum de Caylus et peut-être à ses chevaliers. Des bourgeois en tout cas y avaient leur sépulture et le pèlerinage semble assuré à la fin du XVè siècle. Nul ne s'est soucié d'identifier le héros, le chevalier de Lagardelle. On ne connaît pas de famille féodale ayant porté ce nom. Postérieurement à la formation de la légende, des cadets Marsa ont pris sous l'Ancien Régime la qualité de sieur de Lagardelle.

Je peux néanmoins proposer une explication, simple hypothèse d'ailleurs, qui n'a pour elle que la proximité du sanctuaire marial et de la commanderie templière puis hospitalière de Lacapelle-Livron. A vol d'oiseau, 2,5 km seulement séparent les deux clochers. Au XIVè siècle, Lacapelle fut une commanderie magistrale (44) de Dieudonné de Gozon, maître de l'Hôpital de 1346 à 1353. Ce chevalier issu du Rouergue parait avoir surtout vécu à Rhodes dans l'entourage du chef de l'ordre avant même sa nomination de grand commandeur en 1337. Il reste surtout le héros d'un récit fabuleux qui en fit le Draconis extinctor de Marcel Proust, l'exterminateur du dragon qui désolait l'île. Pour diverses raisons trop longues à développer ici, il y eut certainement un " atome de réel " à la base de sa légende répandue à travers tout l'Occident (45). On peut supposer que celle-ci ait été connue autour de Lacapelle-Livron aussi bien qu'en Rouergue où elle est toujours vivante, cristallisée sur un site : les Dragonnières de Gozon, une grotte et une source non loin du château familial. En fait, Dragonnière est un microtoponyme assez bien représenté en Rouergue mais aussi en Quercy et en Périgord. Si le terroir ainsi désigné comporte quelque cavité, on peut y voir l'antre d'un drac. En d'autres cas, il ne s'agirait que de la terre d'un certain Drago, nom d'homme germanique (46). En outre, deux chevaliers de la même famille ont été commandeurs de Lacapelle-Livron : Guillaume de Gozon en 1342 (47) et Bertrand en 1346 (48). Par la suite, les chevaliers de Malte auraient pu entretenir la légende. En revanche, la brève notice d'un registre du XVè siècle conservé au fonds de Malte de Toulouse ne dit mot du combat. Il n'y est question que de l'élection de Dieudonné et de son gouvernement (49).


Il est malaisé de conclure brièvement dans un domaine aussi touffu. Les traditions locales, en principe d'origine rurale, s'expliquent par la nécessité pour la paysannerie à toutes les époques de faire un ensemble cohérent de son cadre de vie : la borie ou le mas d'abord mais aussi, dans un second cercle, le territoire de la paroisse ou de la commune en apportant des réponses jugées satisfaisantes à l'insolite : découvertes de sépultures à la pointe de l'outil, présence inquiétante de monuments mégalithiques, énormes pierres plantées ou assemblées par des géants, grottes toujours impressionnantes, édifices médiévaux dénaturés, en ruine et pourtant aux murs merveilleusement appareillés, souvent interprétés comme des églises, des couvents ou des hôpitaux lorsque la perte de leurs attributs guerriers ne permet pas d'en faire des " châteaux " ; enfin les noms des terroirs, familiers certes, présumés immuables, mais qui, eux aussi, requièrent une explication.

Ces reliques, il a fallu les attribuer à un passé plus ou moins lointain. Alors la mémoire se fait sélective : les Romains non les Gaulois, les Sarrasins non les Wisigoths, les templiers qui relèguent les hospitaliers dans les oubliettes (encore un sujet palpitant ! une citerne castrale, un silo à grains feront l'affaire). La guerre des Anglais, non les pestes et les famines, quelque épisode des guerres de religion, non l'importante émigration vers l'Espagne au XVIè siècle.

Pour ceux qui croient que la mémoire collective peut remonter très loin dans le temps, il faut faire état d'une sévère rupture : à l'issue de la guerre de Cent Ans ou un peu plus tôt vers 1440 près de 190 " lieux " de notre département étaient complètement dépourvus d'habitants. En outre, quelques familles seulement subsistaient dans de nombreuses paroisses. Ce fut le cas à Peyrilles où pourtant il fallut dénicher en 1443 un ancien habitant fixé à Cahors en qualité d'hospitalier à l'hôpital Saint-Jacques pour montrer les limites des directes et des tenures (50).

Les trouvailles d'ossements humains n'ont jamais été exceptionnelles. Par exemple, on a découvert autour de Labastide-Floyras (Pontcirq) en moins d'un siècle, deux groupes de sépultures au voisinage du repaire, pour la seconde fois en 1955. Ces rencontres indécentes ont toujours impressionné les témoins qui en ont recherché la justification. Pour les expliquer, il est bien rare que l'histoire dispose d'un texte éloquent mais cela peut arriver. Le 3 novembre 1531, un certain Pierre Roques, originaire de Mercuès mais exerçant le métier de cordonnier à La Toulzanie, paroisse de Saint-Martin-La-Bouval, vendit à Pierre Buffanh, du mas d'Aulhac, paroisse d'Uzech-les-Oules, tous ses biens dans ce même mas pour un certain prix et à charge pour l'acquéreur d'extrahere (exhumer) les corps de Glaude et Catherine Roques et des autres enfants du vendeur et de sa femme (peut-être héritière d'une part de ce mas) qui avaient été ensevelis in terra prophana ad causam pestis et de les apporter au cimetière de Peyrilles (51).

Imaginons un instant que l'acquéreur peu scrupuleux n'ait pas transféré les corps en terre consacrée et que ces sépultures soient découvertes de nos jours. Quelles explications viendraient à l'esprit de nos contemporains ? Je n'ose me prononcer sur ce point. En revanche, pour l'homme du Moyen Age, des restes humains trouvés en pleine campagne en quelque terroir des martres ou autre ne pouvaient appartenir qu'à des païens. On croyait que depuis toujours l'enclos des morts avait été aménagé auprès du sanctuaire paroissial sous la protection du saint patron. Or les païens par excellence étaient les Sarrasins et la curiosité des découvreurs aurait été vite satisfaite.

Rapportons un seul exemple cité par Guillaume Lacoste (52). Cet auteur se fait-il l'écho des traditions orales lorsqu'il signale au Puy de Las Martres, sur le chemin de Gramat à Figeac le lieu du massacre par les Sarrasins de "martyrs" chrétiens inhumés sur place ? Son devancier Marc-Antoine Dominicy, apparemment mieux informé, avait écrit que les Infidèles égorgèrent beaucoup d’enfants encore au berceau en un lieu voisin du précédent qui portait le nom de Mons Acutus et fut désormais appelé le " Mont des Berceaux ", en langue vulgaire Mont Bressou (53). J’en demande pardon à Saint-Brice, évêque de Tours, patron de l’église paroissiale de Saint-Bressou.

Il ne faudrait pas rendre la tradition paysanne responsable de toutes ces absurdités. Certes, elle n’a qu’une faible notion de l’épaisseur du temps, la chronologie de l’ " autrefois " lui échappe, mais elle reste frustre et candide. Au contraire, la tradition savante accroche les faits observés à des connaissances livresques avec l’appui d’une imagination débridée et des raffinements d’effets littéraires. On le voit bien dans le cas de ces " Martres " où, en l’état de la question, les archéologues ne mentionnent qu’une nécropole du haut Moyen Age (54).

Prenons pour les monuments l’exemple du château en examinant le cas du repaire du Cluzel à l’extrémité du hameau de ce nom dans la commune de Pontcirq. Cette maison forte du XIIIè siècle, sans véritable utilité et délabrée, fut hélas ! vendue vers 1880 par Arthur de Valon, le député, à un habitant du village qui en commença la démolition dans l’espoir de mettre la main sur un trésor. La tradition voulait en effet qu’un jeu de quilles en or y fut caché. A première vue, une esquilha, cloche ou clochette du même métal aurait aussi bien fait l’affaire. On croyait même savoir que ce trésor digne des Incas avait été rapporté d’Amérique. Nous avons là le seul point de contact avec le réel, un fils du propriétaire de cette maison vers 1760 ayant vécu aux Iles : à la Martinique et à Sainte-Lucie (55).

La toponymie enfin, peut-être la source la plus féconde en traditions populaires. Elle s’impose parfois avec une force qui laisse bien peu de place au doute. Ainsi le Pech des Batailles (notez le pluriel) culminant à 438 m à proximité de la limite des communes de Soucirac et de Ginouillac. On y a une vue admirable sur la ville de Gourdon, distante de dix kilomètres. Selon l’opinion commune, cette colline aux flancs assez paisibles avait été le théâtre d’une bataille à une époque d’ailleurs incertaine. Cela pourrait s’admettre en dépit du pluriel. Pourtant il n’en est rien. Mes souvenirs d’enfance ont été réduits à néant par un registre de notaire conservé au fonds de Valon (56). On y apprend que des laboureurs de Ginouillac du nom de Batalha, qui n’a rien de bien exceptionnel, y possédaient des vignes dans la seconde moitié du XVè siècle.

Par curiosité, j’ai tenté de savoir comment opère les historiens de l’Afrique Noire lorsqu’ils n’ont pas la possibilité de s’appuyer sur des sources écrites musulmanes, surtout les " médiévistes " dont le champ de recherche d’élargit de 2000 avant J.-C. à 1700 environ. A cette fin, j’ai eu recours au chapitre " Recherches sur l’Afrique au Moyen Age " du remarquable volume réalisé par la Société des médiévistes à l’occasion de son vingtième anniversaire : L’histoire médiévale en France. Bilan et perspectives (57). Il y est fait largement appel aux sources orales par des enquêteurs s’efforçant de retrouver des strates, d’établir des chronologies relatives. Surtout, on attend beaucoup de l’archéologie : par elle-même, les matériaux fournis par les fouilles, mais aussi pour recouper, éclairer même les récits des anciens des villages. Rien n’indique encore la condamnation des sources orales par le savoir dispensé dans les écoles.

Finalement, brutalement, que peut-on, cette fois, dans nos vieux pays de l’écrit, attendre des traditions locales ? D’abord la désignation sur le terrain de " points sensibles " qui, ordinairement, plus que d’autres, " ont une histoire " à retrouver sous un travesti. Ensuite, un apport non négligeable à la connaissance des mentalités à condition de classer les faits imaginés avec discernement. Les légendes ne sont pas des rebuts aux yeux de l’historien puisqu’elles furent secrétées par les hommes, matière première de l’histoire. Nous devons tenter avec lucidité et modestie de faire leur place au rêve, à l’imaginaire et à leurs embellissements ou divagations, une place nettement balisée afin d’éviter la confusion entre ce qui fut (les realia) et ce qui appartient au domaine des songes.

Jean LARTIGAUT

 


NOTES

1. A.D. Lot, 3E 1.012, fol. 60 [retour]

2. M. LABROUSSE, G. MERCADIER, Le lot 46 (carte archéologique de la Gaule), 1990, p. 45 [retour]

3. B.M. Cahors, fonds Greil n° 125 (censier de Géraud de Sabanac), fol. 29 [retour]

4. J. LARTIGAUT, Puy-L’Evêque au Moyen Age. Le castrum et la châtellenie… Le Roc de Bourzac, 1991, pp. 17-18. [retour]

5.  Ibid. [retour]

6. Essai de datation d’une nécropole sise " Aux Sarrasins "… Figeac et le Quercy (Actes du XXIIIè congrès de la Féd. des Soc. acad. et sav. Languedoc-Pyrénées, Gascogne en 1967), Cahors, 1969, pp. 59-81. [retour]

7. A.D. Lot, 22 J 31, fol. 91(vo) [retour]

8. M. ROUCHE, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, naissance d'une région, 418-781, 1979, (777 p.). L'auteur de cette thèse ne mentionne aucune incursion sarrasine en Quercy. [retour]

9. Esbats de Guyon de Maleville sur le pays de Quercy, Cahors, 1900, p. 172. [retour]

10. E. ALBE, Titres et documents sur le Limousin et le Quercy, II. Les possessions de l'abbaye d'Obasine dans le diocèse de Cahors et les familles du Quercy, Brive 1911, pp. 82-84. [retour]

11. J. DE FONT RÉAULX, Pouillés de la province de Bourges, t. 1, 1961, p. 412. [retour]

12. A. LONGNON, Pouillé du diocèse de Cahors, 1877, pp. 46 et 47. [retour]

13. Au XIXè siècle, des artisans de Cajarc écrivaient encore Casar le nom de leur ville. [retour]

14. B.M. Cahors, fonds Greil 124/1, p. 62. [retour]

15. A.D. Lot, 29 J (non classé). [retour]

16. Editions du Seuil, " Points ", 1989. [retour]

17. Statistique du département du Lot, t. II, Cahors 1831, p. 63. [retour]

18. Figeac, Figeac 1914, p. 69. [retour]

19. B.S.E.L., t. LXXI, 1950, pp. 101-104 et LXXIX, 1958, pp. 83~87. [retour]

20. Les templiers à Figeac, Id., t. C, 1979, pp. 317-318. [retour]

21. L. CAVALIÉ, op. cit., " Les maisons anglaises ", p. 66. Cette dénomination semble pour l'auteur traditionnelle. [retour]

22. H. RAMET, Un coin du Quercy, Martel, 1920, passim. [retour]

23. A.D. Lot, 18 J, 2è partie (papiers de Labastidette, 2 B 9). [retour]

24. A.N., JJ 11, fol. 94. [retour]

25. A.D. Tarn-et-Garonne, VE 56627, fol. 144(vo). [retour]

26. Ibid., VE 5625, fol. 103. [retour]

27. J. LARTIGAUT, Les chemins de Cahors vers le Sud-Ouest au XVè siècle, B.S.E.L., t. LXXXV, 1964, pp. 13-32. [retour]

28. J. LARTIGAUT, Le roi et le baron Un conflit frontalier entre Domme Vieille et Castelnaud au XV' siècle, Bulletin de la Société des Amis de Sarlat et du Périgord noir, n° 15 (1983), pp. 2-7 et n° 16 (1984), pp. 6-10. (Sur la Combe anglaise et la venue des Anglais: A.D. Dordogne, IV 49/2, fol. 18, 32(vo), 47, 49, 88(vo). Le folio correspond au début d'une déposition). [retour]

29. M. ROUCHE, op. cit., pp. 123 et sq. [retour]

30. G. LACOSTE, Histoire du Quercy, t. I, Cahors 1883, pp. 206-208. Sur le site de Gaifié: M. LABROUSSE et G. MERCAD1ER, op. cit., p. 70. [retour]

31. Esbats..., p. 173. [retour]

32. Toponymie du canton de Rabastens (Tarn), 1959, p. 200 (834). [retour]

33. A.C. Gourdon, CC52, p. 301 (pagination moderne). [retour]

34. J. LARTIGAUT, Aspects de Gramat au Moyen Age, B.S.E.L., t. CI, 1980, pp. 213, 231 (n. 50), 235. [retour]

35. M.H. POTTIER-BRIAND, Orgueil : un village médiéval en Quercy, Quercy recherche, n° 62, pp. 38-50 ; J. LARTIGAUT, Le castrum et la châtellenie d'orgueil, B.S.E.L., t. CVII, 1986, pp. 237-259. [retour]

36. A.D. Haute-Garonne, 10-D-78 (reconnaissance de J. de Perie), parch. [retour]

37. De même, il vaudrait la peine de consulter les monographies communales des instituteurs du siècle dernier encore conservées aux Archives du Lot. [retour]

38. La croux de la Gambarie (1608), la Gambaria au XVè siècle : en 1457, chemin de Lherm à la Gambaria (Ibid., 10-D-85 (Case 6 n° 43). Encore en 1463 les confronts du fief de Tourniac mentionnent le carrefour de la Gambaria (10-D-80). Enfin, plus anciennement en 1318 le terroir de la Gambaria (10-D-79). [retour]

39. Il y avait deux terroirs de Jayant à Pontcirq dans les limites de l'état des sections de 1834 modifiées depuis. Celui dont il est question ici est près de Tourniac (section A 478-485) et un autre à 200 m du village du Causse du Cluzel (section C 519-522, 578-579) où l'on trouva selon l'abbé Rivière quantité d'ossements avec des pièces de monnaie en cuivre. Sur les géants : H. BRESC, Le temps des géants, Temps, mémoire, tradition au Moyen Age (Actes du XIIIè congrès des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public), Aix-en-Provence, 1983, pp. 245-266. [retour]

40. L'époque romaine dans le département du Lot, B.S.E.L., t. XLVI, 1925, p. 35 [retour]

41. Mentionné deux fois en 1318 dans des reconnaissances féodales à Guilhamon de Roussillon (A.D. Haute-Garonne, 10-D-79). [retour]

42. A.D. Lot, A.C. Lherm G1, cadastre (1608) incomplet et seulement en partie folioté : Guillaume Laville (fol. 65); de plus une maison au bourg de Lherm dite de Laville appartient au cordonnier Trézières (fol. 133). [retour]

43. F. MOULENQ, Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne, t. II Montauban, 1880, pp. 344-346. [retour]

44. A.D. Haute-Garonne, H. Malte, Layette 2 (Lacapelle, liasse 3 n° 23). [retour]

45. Un article écrit il y a près de trente ans résumait mes connaissances sur le grand-maître. Quelques notes sur le grand-maître Dieudonné de Gozon, Revue du Rouergue, t. XX, Rodez, pp. 389-395. Il nécessiterait une sérieuse mise à jour. Je n'aborderai ici que la question du " besoard ", une pierre de la grosseur d'une olive extraite du corps du dragon, aux propriétés étonnantes et conservée dans la famille jusqu'à la fin du XVIè siècle. Elle pouvait faire bouillir l'eau dans laquelle on l'avait trempée ! Pierre de Gozon-Mélac, celui-ci de la branche quercinoise malgré le surnom de Mélac, avait passé une partie de son enfance au château de Mélac en Rouergue pendant que ses parents étaient en Hongrie. Il devint grand-prieur de Saint Gilles et général des galères de la Religion, il mourut à son bord en 1561. Il avait été témoin d'un fait surprenant. On avait fait boire de l'eau accommodée comme ci-dessus à un homme qui rendit par la bouche " un serpent très venimeux long d'une main et demie ". J. Delaville-Le Roulx, I 'érudit du gigantesque " cartulaire " des Hospitaliers, rapporte ce témoignage dans Les Hospitaliers à Rhodes 1310-1421, Londres, 1974 (réimpression de l'édition de 1913), p. 106. Il propose même une explication rationnelle après avoir consulté un professeur de l'École des Mines mais non de la faculté de médecine. Cet expert avait conclu qu'à n'en pas douter il s'agissait d'un ver (toenia) : " Le goût fade, que le besoard a pu donner à l'eau, suffit à expliquer le vomissement qui a débarrassé le patient du ver dont il souffrait. " Puissance de l'imagination encore chez un esprit positif, peut-être même positiviste. Ce " diagnostic " a rencontré le scepticisme des professeurs de médecine que j'ai eu l'occasion de fréquenter ces dernières années. On a le droit de s'étonner de la naïveté du général des galères qui devait avoir le sens du réel et peut-être quelques notions de mathématiques. Cependant L. d'Alauzier avait constaté l'extrême crédulité de juges nourris de divers droits devant les témoignages de sorcières (Sorcellerie à Millau au XVè siècle, Etudes sur le Rouergue, Rodez 1974, pp. 115-124). A notre consœur Annie Charnay de nous dire si en de semblables situations les consuls de Gourdon au XIVè siècle ne se montraient pas plus sceptiques. [retour]

46. M.T. MORET, Les noms de personne de l'ancienne Gaule du Vlè au Xllè siècle, 1968, t. I, col. 74a. [retour]

47. A.D. Haute-Garonne, H. Malte, registre 1784 et layette 2 (Lacapelle liasse 3 n° 21 et 22) et layette 5 (liasse 7, n° 7). Ces analyses m'avaient été communiquées par L. d'Alauzier. [retour]

48. Archives de Malte, Lib. bull., II, fol. 5b. [retour]

49. A.D. Haute-Garonne, H 13, fol. 2. [retour]

50. A.D. Lot, 3 E 567/4, fol. 26 complété par 3 E 567/3, fol. 8. [retour]

51. Ibid., 3 E 425/1, fol. 188(vo). [retour]

52. Op. cit., t. I, p. 287. [retour]

53. La Société des Etudes est propriétaire de la plate-forme du Pech de Saint-Bressou mais n'envisage pas d'y entreprendre des fouilles ! [retour]

54. M. LABROUSSE et G. MERCADIER, op. cit., p. 91. [retour]

55. J. LARTIGAUT, Une famille bourgeoise du Quercy et les Antilles, B.S.E.L., t. XCI, 1970, pp. 57-67. [retour]

56. A.D. Lot, 18 J (fonds de Valon), registre Mostolac. [retour]

57. Edit. du Seuil, 1991. [retour]

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