Capdenac, les Armagnacs
et Louis XI
Quercy Médiéval
 

 

La cité, ou château place de Capdenac, est l'un des plus anciens et des plus importants de l'Aquitaine, son histoire en effet, nous l'avons vu dans d'autres articles se perd dans la nuit des temps, et les vestiges que l'on y retrouve sans cesse sont là pour nous rappeler l'ancienne puissance de ce lieu.

Capdenac entre Rouergue et Quercy

Malgré que Capdenac soit situé en Quercy, ce sont les comtes de Rodez, qui administrèrent pendant longtemps la ville, ce qui causa plusieurs rivalités sur ce sujet entre le Rouergue et le Quercy, notamment en 1035 et 1065 où il est fait mention de discussions au sujet de la viguerie de Capdenac, qui malgré son rattachement au diocèse de Cahors, dépendait du comté de Rodez.
Raymond Ier avait rapproché en 852, le Quercy et le Rouergue, en les rassemblant à son comté de Toulouse, ce qui évita certainement des rivalités plus fortes entre le Quercy et le Rouergue au sujet de Capdenac, car les comtés de Rodez ou de Cahors étaient soumis à la même maison, celle des puissants comtes de Toulouse.

Les Armagnacs étendent leur territoire

En 1302, Bernard VI, comte d'Armagnac, devient comte de Rodez et d'Armagnac, et ce malgré l'opposition que manifesta Isabelle, la veuve du vicomte de Turenne et fille de Henri II. Elle réclamait le comté de Rodez, mais fut déboutée par un arrêt du parlement.
La famille des Armagnacs ne cessa d'accroître sa puissance et leurs domaines du XII au XVème siècle. A leur apogée leurs terres s'étendaient alors en plus du sud de la Garonne, en Agenais, en Quercy, en Rouergue, et en Auvergne.
A partir de Charles V, la maison Armagnac fut vassale directe de la couronne de France.
La ville de Capdenac elle fut rallié au comte d'Armagnac en 1369, après qu'elle fut débarrassée des anglais.
Mais puissance grandissante des Armagnacs ne tarda pas à se teinter d'ombres, et au XV ème siècle, un différent survint entre le roi de France Charles VII, et Jean IV alors comte d'Armagnac. Le conflit trouvait sa source dans les droits des comtes de Foix et d'Armagnacs qui se disputaient le comté de Comminges. Le roi décida d'intervenir, et prouva par la disposition de Pierre Raymond mort en 1375 et par le testament de Marguerite, sa fille, que le comté devait être réuni à la couronne, après leur mort. Charles VII ordonna donc l'application de ces actes.
Le comte d'Armagnac, n'osa pas réagir tout de suite, car le roi se trouvait à Montauban, tout près de ses bases.

Conflit entre le roi de France et les Armagnac

Mais à peine le monarque parti, le comte d'Armagnac s'assura la protection des Anglais, suivant les clauses d'un traité secret qui indiquait qu'il devait leur livrer ses états, de ses possessions du Rouergue, d'une partie de l'Auvergne, ainsi que des droits qu'il possédait sur la ville de Figeac. C'est alors qu'il pu entrer le coeur plein de rage dans le comté de Comminges et laisser éclater son ressentiment, en s'emparant des principales villes et châteaux.
Afin de calmer les ardeurs du comte d'Armagnac, Charles VII confia au Dauphin, le futur Louis XI, le soin de punir cette rébellion. Le prince s'élança avec une belle armée composée d'une partie de la noblesse de Guyenne. A leur vue, le comte d'Armagnac s'enfuit se réfugier à L'Isle Jourdain où il fut fait prisonnier avec toute sa famille. Mais quelques foyers de résistance persistaient encore, les principaux furent Séverac ( Rouergue) et Capdenac qui était alors commandait par André de Ribes surnommé le " bâtard d'Armagnac ". Il était à la tête d'une importante compagnie de routiers qui avaient causé des dégâts dans une grande partie de la région, comme à Fumel, qui fut occupé en 1425. La riche ville de Figeac toute proche de Capdenac souffrit également du voisinage de ces troupes, surtout qu'André de Ribes et ses hommes ne rendirent la ville de Capdenac qu'en dernière extrémité, forçant le Dauphin, futur Louis XI, à venir mettre le siège sous les murs de Capdenac, qui fut la dernière ville à se rendre en mars 1444, le " bâtard d'Armagnac ", ne se sentant pas de lutter longtemps face à une armée emmenée par le Dauphin du roi lui-même.
Pendant ce temps là, le parlement de Toulouse était en train de rendre le procès de Jean IV, qui devait enlever des domaines aux Armagnacs pour l'affront fait à la couronne.
Une fois l'expédition terminée, le Dauphin fit appeler Théodore de Valbergue qui accoura de Lyon, et le nomma gouverneur du Rouergue avant de rentrer à Paris.
Un an plus tard, en août 1445, le roi de France restitua à Jean IV ses domaines, à l'exception des principales places fortes, Lectoure, Entraygues, Beaucaire, Séverac et Capdenac, qui furent données au Dauphin afin de le dédommager de ses frais de guerre.
En 1450, Jean IV qui se trouvé touché de fortes infirmités décéda en son château de l'Isle Jourdain, son fils lui succéda sous le nom de Jean V. Celui-ci s'était déjà illustré à plusieurs reprises en Normandie, et en récompense de ses victoires, Charles VII lui rendit les châtellenies du Rouergue, qui avaient été confisquées à son père. Parvenu au trône en 1461, Louis XI lui rend le reste de ses biens, à l'exception de Capdenac et Séverac, qui ne lui seront remis trois ans plus tard, en septembre 1464.

Nouveau conflit entre le roi et les Armagnac

Mais, Jean V n'allait pas se satisfaire de si petits remerciements, et son envie d'indépendance reprit bien vite le dessus. Comme son père, Jean V rêvait de fonder un état indépendant du sud-ouest de la France, allant de l'Atlantique à la Méditerranée. Il se ligua contre le roi dans un conflit qui sera nommé ligue du " Bien Public ", et s'adjugea 3 châtellenies en Rouergue en 1465.
Le conflit pris une nouvelle tournure, quand en 1469, Jean V projeta d'appeler à son secours, le roi d'Angleterre et de lui livrer Toulouse. Le roi réussit finalement à déjouer les plans du comte d'Armagnac, et une saisie de ses domaines fut organisée par Louis XI.
Le 13 mai 1470, le roi convoque Jean V devant son parlement, mais celui-ci ne s'y rend pas, il se retrouve alors condamné au bannissement perpétuel et à la confiscation de ses biens, coupable d'inceste (s'étant marié avec sa sœur Isabelle, en produisant de fausses lettres du Pape), rébellion et conspiration avec les Anglais. Ses biens furent distribués comme récompense à quelques seigneurs, le roi se réservant les places fortes. Il en rendit quelques unes, dont Capdenac, à son fils, le futur Charles VIII, moyennant 22.000 écus.
Louis XI, qui avait juré la perte des Armagnacs depuis la ligue menée par Jean V, s'employa à les faire tous périr. C'est ainsi, que Jean V fut massacré à Lectoure en 1473, sur ordre du roi, Charles VIII, le successeur du comte d'Armagnac fut enfermé à la Bastille sur ordre du roi également, et tous les autres Armagnac furent également condamné le plus souvent injustement.
Charles VIII d'Armagnac, mourut en 1497, et avec lui, s'éteignit la puissante, mais trop indépendante famille des " Armagnac".
On a vu ci-dessus, que Louis XI, assiégea la place de Capdenac, alors qu'il n'était encore que le Dauphin de son père Charles VII, ce ne fut pas son unique passage sur le territoire de Capdenac, car il y revint en juillet 1463.

Louis XI à Figeac

C'est en revenant d'Espagne, qu'il décida de se rendre à Rocamadour, après avoir entendu parler des miracles qui se produisait dans ce lieu.
Pour s'y rendre il passa par Montauban, Villefranche de Rouergue, et débarqua au port de la " Madeleine " situé tout près de Capdenac sur la rivière Lot.
Les consuls de Capdenac et Figeac l'accueillirent à son arrivée au dit port, les bourgeois et notables de la contrée s'étaient également précipités à un tel évènement.
Les plus beaux présents furent alors offerts au Roi, qui remercia la foule, et ne tarda pas à les leur renvoyer comme il en faisait usage. De là, Louis XI se rendit à Figeac où il fut accueillit par une immense haie d'honneur qui scandait " bibo el Rey " (vive le Roi). L'abbé Debons nous indique dans ses annales ecclésiastiques et politiques de la vile de Figeac, " qu'il n'a pas trouvé l'état des dépenses faite à cette occasion ; mais qu'elles durent être considérables relativement au temps, d'après le proverbe qui courait à cette époque : Oulan lou Rei passo, sept ans se counei la traço ( Où le Roi passe, sept ans on en trouve la trace).

                                                                                                                      Mathieu MARTY

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