Edmond Albe (1861-1926) - D'après un portrait photographique aux A.D. du Lot.
Edmond Albe
(1861-1926)
Les monographies
d'Edmond Albe

Quercy Historique

Cajarc
(1ère partie)

Art. 1 - Institutions religieuses
L'Hôpital
Cimetière
La léproserie
La charité de Pentecôte
Lieux dits
Ecoles
Les Mirepoises
Cajarc et les Calvinistes
Gaillac
La petite ville de Cajarc s'étend, bien à l'abri dans la plaine que ferment la falaise abrupte de l'ouest, les collines du Nord et de l'Est et la rivière du Lot qui lui a laissé toute la place nécessaire pour s'étendre au chaud soleil de midi. Situation fort agréable, mais qui ne donne pas l'impression d'une citadelle quoique certains étymologistes prétendent que le nom de la ville signifie citadelle de Caius (Caii arx - Ce Caius, d'après l'historien de la famille d'Hébrard de Saint-Sulpice, le Cajarcois Malleville, serait un des membres «de la ditte gent Ebrarde») ! Toute petite ville d'abord, comme le démontre l'enceinte circulaire de ses boulevards qui rappellent les fossés primitifs de la place, mais assez facile à défendre, ne pouvant être abordée de plain-pied que du côté de l'Est, par la rive droite du Lot, en amont, et protégée au midi par la rivière. Et l'on comprend qu'elle ait été fort souvent pendant la guerre de Cent ans l'objet de tentatives, toujours vaines, étant sur les confins du Rouergue et du Quercy, avec juridiction sur une partie de la rive gauche.

bullet_b.gif (912 octets) Art. 1 - Institutions religieuses

bout1.gif (925 octets) L'archiprêtré

Cajarc fut jusqu'à la Révolution le chef-lieu d'une des quatre circonscriptions du diocèse: cette circonscription débordait quelque peu dans le Rouergue et comprenait des paroisses ou églises qui sont aujourd'hui dans l'Aveyron et dans le Tarn-et-Garonne, et dont quelques unes n'existent plus. En voici la liste complète (non compris les simples chapelles).

bout1.gif (925 octets) Cajarc et ses annexes

Salvagnac (Av.)
Saint-Clair de M. (Av.)
(Ste Girbelle (Av.))
(Lentouy)
Cadrieu
Seuzac
Gaillac
Saint-Martin Labouval
Lacapelle-Livron (Av.)
S. Pierre de Livron (Av.)
S. Etienne de Livron (d°)
Varaire
Foissac (Av.)
Cornus
Larnagol
et Neule
Caylus (T. et G.)
Loze (d°)
La Ramière
Saint-Projet (T. et G.)
Beauregard
Marciel (Av.)
Maroule (d°)
Puy-Lagarde (T. et G.)
et Lugan (d°)
Boismenou (d°)
Montsalès ou Motigues (Av.)
Le Garric ou Le Rey (Av.)
Limogne
Calvignac
et St Clair
Saint-Affre
St André de la Roque T.
Sainte-Croix de Rouergue (Av.)
Mayrinhagues (d°)
St Amand de Promiliargues (T. et G.)
Saillagol (d°)
Promilhanes
Balaguier (Av.)
Ambayrac (d°)
Camboulon (d°)
Vidaillac
St Laurent
Ols (Av.)
Rinhodes (d°)
Salhac
Montbrun
Saujac
Lacapelle Balaguier (Av.)
St Georges (d°)
S. Jean de Laur
Fontaynous (Av.)
Vialars
Toirac
Lugagnac ou Le Truffe
Moulhac (T. et G.)

Les chartes connues seront mentionnées dans les diverses monographies.

Certains pouillés ajoutent Crégols, que d'autres mettent dans l'archiprêtré de Saint-Cirq (La confusion vient du nom d'une autre paroisse de l'archiprêtré de Saint-Cirq: Trégots=Trégoux à cause de la similitude du c et du t.).

Il faut ajouter St Jean de Fajoles près Beauregard - Estrabols près Salvignac (Aveyron).

Cénevières qui n'eut une église paroissiale que peu d'années avant la Révolution - Puyjourdes - La Mandine (T. et G.) - St Martin de Candes. Nous ne mettons pas ici les lieux dits portant un nom de saint, ni deux ou trois paroisses que M. Longnon, dans son pouillé, ajoute à la liste, mais qui en réalité faisaient partie de l'archiprêtré de Montpezat.

bout1.gif (925 octets) Les archiprêtres

Nous ne connaissons pas les dates extrêmes de nos archiprêtres: M. Longnon dit avec raison: «il est certain que le diocèse était divisé en archiprêtrés avant les premières années du XIIè siècle, puisque, sous l'épiscopat de Géraud de Cardaillac et le règne de Philippe Ier, on trouve mention d'un Bernard, archiprêtre de Montpezat». Le cartulaire d'Aubazine met en scène un archiprêtre de Gignac, en 1153; pour Cajarc, le plus ancien nom que nous ayons est celui de Géraud, qui est mentionné dans un acte de janvier 1248 (vieux style). C'est très probablement un autre Géraud, «arciprestre de Caiarc» que nous trouvons dans un acte intéressant l'évêque de Coïmbre, Aymeric d'Hébrard, en janvier 1280 (v. st.). Cet évêque en son testament de 1286, veut que l'archiprêtre soit un de ses exécuteurs testamentaires. En 1299, il y avait procès entre l'archiprêtre et les consuls de Cajarc devant l'official de Bourges. Dès 1310, au moins, on trouve comme archiprêtre Gaillard Julien, mentionné comme arbitre dans l'acte par lequel l'évêque Raymond Pauchel confirme les coutumes de Cajarc; il fut encore arbitre dans un procès entre les consuls et l'évêque Hugues Géraud (voir plus loin).

Nous le supposons d'origine cajarcoise, car il est dit originaire du diocèse de Cahors et, en 1346, il y avait à Cajarc un consul du nom de Gaillard Julien. On le trouve, en 1322, à la cour d'Avignon, avec le titre aussi de chanoine de Cahors, comme camérier (camerlingue) du cardinal Raymond de Roux originaire de Cahors, le 9 septembre il paie au nom de son maître une somme de 200 florins à la chambre apostolique pour le subside de la guerre en Orient (défense des royaumes de Chypre et d'Arménie etc). En 1326, il était, avec Bernard Daurocha, commissaire-collecteur pour le pape du cens pontifical et du subside pour la guerre d'Italie, dans les diocèses de Cahors, de Rodez et de Vabre (versements de fonds en octobre. Versements de 1329, 1330). Cette fonction ne l'empêchait pas de s'occuper de son archiprêtré: le 25 juin 1327, il était à Cajarc où il passait, par l'entremise de Raymond d'Hébrard, évêque de Coïmbre, une transaction avec la prieure d'Espagnac, Dame de Saint-Geniès, au sujet de quelque chapelle que celle-ci avait en la ville de Cajarc, dans une maison qui lui venait de la succession de l'évêque Aymeric.

Gaillard Julien mourut le 24 juillet 1331. Par les comptes concernant sa succession, nous voyons qu'il avait affermé les fruits de son bénéfice (Cajarc et annexes - La dîme se levait à 14 et se partageait entre l'évêque et l'archiprêtre valant, en 1631, à chacun 120 charges de blé et 50 charges de vin; un tiers de la dîme servait à payer les vicaires. Cependant, d'après le total, ce ne serait pour chacun que le tiers de 120 et de 50) 1°) les oblations à Raymond Arnaldi, qui devait se charger de faire faire le service des églises, moyennant 80 livres caorsines. Mais il devait donner au fermier 20 sétiers de vin et fournir les lits pour les vicaires desservants (Carbonel, notaire de Cajarc), 2°) les dîmes de Cadrieu, 92 livres 10 sols au même Rd Arnaud et à Martin La Martinie, 3°) les dîmes de Cajarc au damoiseau Arnaud Ychiet, pour 163 livres caors. 30 sétiers de vin et 3 sétiers de mixture, 4°) celles de Salvanhac, Lentouy et Sainte-Girbelle, au même Ychier, à La Martinie et à Jean Julien (sans doute un parent) pour 199 livres et le reste en nature comme pour Cajarc, 5°) celles de Seuzac à Barthélémy de Garanhe, pour 162 liv. 10 sols; 15 sétiers de vin et 3 de grains mêlés, 6°) la dîme des vins de la maison de Julien, de messire P. d'Aurillac et de Me P. Carbonel, qui n'était pas comprise dans les affermes susdits, pour 31 sétiers et 1 émine de vin. C'était Jean ? baile de Cajarc pour l'évêque qui en répondait. De toutes ces sommes, l'archiprêtre prenait 80 livres caors. et avec le reste il devait payer les charges de son église. Les héritiers prétendaient à davantage: enquête fut faite par Me Pre Laborie. Le collecteur s'arrangea avec eux au nom de la chambre apostolique: c'était Gme La Chapelie qui avait été collègue de Gaillard Julien en 1330-1331.

Le 4 septembre 1331 il fut remplacé par Raymond de Carvelis (ou Caravelles), recteur de Montpezat, protégé d'Arnaud Duèze, neveu de Jean XXII.

Le 29 août 1342, Guillaume de Laval est fait archiprêtre de Cajarc; il avait canonicat et chantrerie dans l'église de Burgos et laisse ces bénéfices à un autre. C'était un parent du directeur de la chambre apostolique, Gasbert de Laval, de Miramont.

Nous ne savons pas au juste à quel moment l'archiprêtré devint bénéfice du cardinal Nicolas de Besse, évidement en commende. Bien que Lacoste pense que ce personnage était originaire du château de Besse, près Martel, c'était en réalité un Limousin, neveu par sa mère, Delphine de Roger, du pape Clément VI. On l'appelait cardinal de Limoges parce qu'il avait été nommé à cet évêché, dit Lacoste. En tout cas, cette dénomination peut amener des confusions parce qu'elle a été donnée à d'autres cardinaux, archiprêtres de Cajarc. Nicolas de Besse, vivant à la cour d'Avignon, ne surveillait pas assez ceux qui le représentaient à Cajarc, et les habitants se plaignirent d'eux à l'évêque de Cahors qui porta remède à la chose et fit cesser les vexations.

Nicolas de Besse mourut en 1369 et fut remplacé, pour peu de temps d'ailleurs, par Guillaume d'Aigrefeuille, senior, cardinal évêque de la Sabine, également limousin. Il mourut, lui aussi, cette même année 1369. Le souverain Pontife donna l'archiprêtré de Cajarc, entre autres bénéfices, au cardinal Pierre Corsini (21 juin 1370), appelé de Florence parce qu'il avait été évêque de cette ville en 1363.

L'année suivante, l'église de Cajarc, portant le titre d'archiprêtré, était donnée à un certain Bernard Melioris ; mais, d'après un nonce-collecteur, il ne payait pas le décime, parce que le cardinal de Florence continuait à percevoir les revenus de l'archiprêtré. On trouve encore en 1375, ce Bernard Melioris, qui était de famille auvergnate; il était à cette date en difficulté avec Marguerite de Lestrade, dame d'Agude (Floirac). Il mourut à la fin de 1391.

Le 28 mars 1392, Durand Durandi, familier du cardinal limousin Hugues de Saint-Martial, chanoine de Cahors et prieur de Mechmont, le remplaçait; il gardait, avec l'archiprêtré, la prébende qu'avait eue Guillaume Bernard de Montlauzun. Il était du diocèse de Rodez; on le trouve, en 1395, à l'université de Cahors.

Après lui un Cajarcois, Géraud de Cornavi, 1420, d'une famille bourgeoise qui fut anoblie dans le courant de ce siècle (en 1453, un des consuls de Cajarc s'appelait Guiral (Géraud) Cornavi). Son vicaire s'appelait Guillaume Toelha: il est nommé dans une enquête faite, en 1424, par l'official Gisbert Rubec, vicaire général de l'évêque, au sujet de la place qui est devant l'église. Cette place ayant été d'après la tradition - tradition démontrée juste par des fouilles faites en 1900 - le premier cimetière de Cajarc, était en réalité un lieu sacré, et, comme elle avait été violée par l'effusion du sang d'un habitant de la ville, le vicaire n'avait pas voulu faire la procession d'usage (dominicale), bien que l'évêque François de Cardaillac eût tranché la question, semble-t-il, en déclarant que ce n'était pas un lieu sacré, puisqu'on y tenait les foires et marchés, les réunions de la municipalité, qu'on y exposait les criminels au pilori, qu'on y gardait les poids et mesures de la ville. L'enquête ne trouvant que «quelques personnes simples» pour assurer que c'était un ancien cimetière et que cette place avait été jadis un lieu consacré au religieux, tandis que tous les témoins sérieux et savants disaient que c'était un lieu public, où se tenaient les assises de la curie temporelle, où l'on emprisonnait les criminels, où se faisaient les criées, l'official déclara qu'on pouvait y faire les processions. Il avait raison et cependant les personnes simples n'avaient pas tort, puisque, en 1900, l'on y découvrait de nombreuses tombes.

Après Cornavi, l'archiprêtre fut Foulc de Bioresse, mais nous ne le connaissons que par la bulle qui nomme son successeur au bénéfice que sa mort a laissé vacant. Celui-ci s'appelait Olivier Prince ou mieux Olivero Principe, car c'était un Italien, familier du pape Pie II, bachelier ès décrets. La bulle de provision est datée de Sienne, du 2 septembre 1460: le pape veut ainsi récompenser ses services et ses mérites. L'évêque d'Ancône étant un des trois exécuteurs de la bulle (avec l'évêque et l'official de Cahors), nous conjecturons que cette ville était le lieu d'origine de Principe. Nous avons une lettre autographe assez curieuse qui lui est adressée à Rome, Holivier Princip a Roma, le 10 juillet 1464, probablement par un Cajarcois, Jean de Cornavi, neveu sans doute de l'archiprêtre Géraud. Il l'appelle «très cher et honorable seigneur et ami»; ce dernier mot, trois fois répété dans la lettre, montre que, malgré ses fonctions à la cour de Pie II et l'éloignement, Olivier Principe avait dû venir à Cajarc et qu'il avait trouvé le moyen de s'y faire des amis. La lettre a pour but de recommander à l'archiprêtre son vicaire messire Jean Herbe, qui s'en va à Rome, sans doute porter quelques revenus, car le bourgeois de Cajarc demande à Principe de ne pas lui en vouloir de ce qu'il n'a pas fait plus vite pour se procurer les fonds, parce que ce n'aurait été à l'avantage de personne; il lui dit: si vous avez la pensée de donner votre bénéfice à quelqu'un, donnez-le à votre vicaire, car c'est un homme de bien, et la ville est de lui fort contente (vingt-cinq ans plus tard, un Jehan de Cornavi, bourgeois de Cajarc, peut-être le même, fut assassiné: la rumeur publique accusa de meurtre un certain Pierre Lavabre. Pierre Geoffroy, licencié in U.J., coseigneur de Camboulit, juge de toute la temporalité de l'évêque, et spécialement du lieu de Cajarc, soumit plusieurs fois le prévenu à la torture (torture que ledit Lavabre ne semble pas avoir beaucoup redoutée - d'après le procès-verbal) sans pouvoir lui arracher aucun aveu. Le prévenu semble au contraire avoir tenté de faire retomber l'accusation sur autre Jean Cornavi, fils de la victime. Cette famille eut la seigneurie de Flaujac, près Cahors. L'inventaire des ornements de l'église de 1463 a été écrit par Jehan Cornavi.). Mais ce ne fut pas le vicaire, messire Jean Herbe, qui eut le bénéfice.

Le 17 septembre 1464, Olivero Principe échangeait son archiprêtré contre une église du diocèse d'Aix, avec Me Pierre de Loménie, scripteur de la S. Pénitencerie, commensal du cardinal Louis d'Albret, évêque de Cahors et familier du pape Paul II ; après quoi il lui cédait cette même église (St Pantaléon de Campagne) que le pape l'autorisait à conserver avec celle de Cajarc; et même, en 1473, Pierre de Loménie obtenait encore la jouissance de l'église de Chamboulive au diocèse de Limoges.

Le mariage d'une Hébrard de Saint-Sulpice avec Antoine de Banze, seigneur de Belcastel, valut probablement la nomination de Raymond de Banze à l'archiprêtré de Cajarc (1503). C'était un frère d'Hugues de Banze, nommé cette même année à l'évêché d'Angoulême. On trouve, en 1503, l'archiprêtre Raymond comme témoin au mariage de Jeanne de Labelle avec Pierre de Vielcastel, de Cazals. Il assiste de même au mariage de Marquès de Cardaillac-Brengues (1508). Il avait eu l'église Sainte-Eulalie (près) d'Espagnac, dont, vers le même temps, furent prieurs successivement plusieurs filles de la maison de Banze, et la garda jusqu'en 1512. Mais il eut d'autres bénéfices (canonicat du Tescou à Montauban et Canonicat de Saint-Martin de Tour). En 1516, il succéda comme abbé d'Aubeterre en Périgord, à son frère Pierre de Banze qui venait de résigner sa commende.

Après lui vint Louis de Capdenac, dont nous connaissons une bulle, sans savoir à quelle époque il fut nommé et combien de temps il garda l'archiprêtré.

Louis de Capdenac fut remplacé par un second Raymond de Banze, recteur de Sainte-Eulalie, comme le premier, mais qui ne prit pas possession, satisfait sans doute de rester à Espagnac près de la prieure, sa soeur ou sa tante. Et le pape donna, avril 1532, l'archiprêtré à Jean de Fumel, recteur de Condesaigues, au diocèse d'Agen. Cette bulle ne parle pas de Jean de Balaguier. Cependant on trouve le nom de cet archiprêtre dans les archives de Cajarc, à l'année précédente, 1531. Il semble que l'archiprêtré était, vers 1579, entre les mains - en théorie du moins, car les protestants étaient alors maîtres de la ville - de M. de Rieupeyroux de Montcléra, en même temps prieur de Bach.

Celui-ci eut pour successeur Me Antoine Cayssiel qui fait observer, en 1597, au vicaire général chargé de s'occuper des impositions ecclésiastiques, que son revenu est insuffisant à cause des guerres religieuses, et peut à peine suffire à l'entretien de ses six vicaires et des autres charges. On voit par cette supplique qu'il est là depuis au moins 1588. On réduit sa taxe de 48 écus à 80 livres. En 1599, Jehan Marroul était en même temps archiprêtre de Cajarc et prieur de La Ramière. - Longue lacune - En 1668, messire Alphonse de Roquefeuille, archiprêtre, assiste aux délibérations du Conseil de ville.

En 1679, nous trouvons Mr Me Antoine de Loubinhes ; il mourut le 3 août 1683. En 1684, Mr Me Jacques de Tournemire s'occupe de l'école de filles fondée par les Mirepoises. En 1705, l'archiprêtre M. Marre oblige les consuls à contribuer aux frais de la réparation de l'église. Il avait obtenu de l'Intendant une ordonnance les condamnant à fournir 3000 livres et 200 journées de manoeuvres. Les consuls obtinrent une réduction et la permission d'emprunter.

Marc-Antoine Gualieu se trouve nommé sur les registres, au moins dès 1736 (il était vicaire en 1731).

Il fut remplacé, en 1772, par le trop célèbre Jean Danglars, originaire de Gourdon qui ne manquait pas de qualités, mais qui était vaniteux et faible. Sa faiblesse le porta à prêter les serments constitutionnels, mauvais exemple qui, par suite de sa situation, amena d'autres défaillances; sa vanité à se laisser présenter pour remplacer comme évêque du Lot, Mgr de Nicolaï, évêque de Cahors. Mais son histoire comme évêque déborde l'histoire de Cajarc.

En 1797, au synode tenu par M. Danglars, se trouvait Etienne Bousquet, desservant les paroisses de Cajarc et de Saint-Chels; avec Gme Agret, desservant à Cajarc (sorte de vicaire). Avant eux, était curé en 1791, Jean Delot, ancien vicaire, élu en remplacement de M. Danglars.

Après le concordat, M. Danglars accepta une place de chanoine à la Cathédrale, et il y vécut sans se faire remarquer jusqu'au 15 octobre 1814, date de sa mort. D'après les Mémoires de Marmiesse, cette soumission n'était qu'apparente et l'influence de M. P. Saulade l'aurait empêché de faire une rétractation complète et définitive.

bout1.gif (925 octets) Les vicaires

L'archiprêtre de Cajarc avait un vicaire pour la paroisse et un autre pour chacune des cinq annexes: Cadrieu, Gaillac, Saint-Clair (jadis Ste Girbelle), Salvagnac, Seuzac. Donnons ici les noms de quelques vicaires de Cajarc: 1424, Gme Toelha; 1461, Jean Herbe; 1653, Combes; 1679, César Fouquière; 1736, Treyssac; 1742, Delrieu; 1750, Jn Roldès; 1743-54, Antoine Rolland; 1761, Doucet; 1764, Tournemire; 1787, Delot, le curé constitutionnel.

bout1.gif (925 octets) Dîme

La dîme se levait au quatorzième seulement et se partageait entre l'évêque et l'archiprêtre.

bout1.gif (925 octets) Chapellenies

Il va sans dire qu'il y avait à Cajarc de nombreuses fondations, obits ou chapellenies; de là beaucoup de prêtres obituaires et de chapelains. Les prêtres obituaires de Cajarc sont portés sur le cahier ou rôle de la taille (1736). Dès 1295 un testament mentionne «le grand chapelain, le petit chapelain et deux chapelains. Nous n'avons retrouvé qu'un petit nombre de ces chapellenies (Les consuls avaient le patronage de quelques unes; ils nommaient les chapelains; à ceux-ci, quand ils entraient en charge, ils faisaient un présent (cire, pain, vin, viande)) et les noms de quelques uns de ces prêtres obituaires.

En 1463 messire Jean Vayssière est dit chapelain, gouverneur des biens de l'église de Cajarc, peut-être était-ce en réalité le premier vicaire. Nous devons signaler spécialement la chapellenie fondée par l'évêque de Coïmbre, Aymeric d'Hébrard, par son testament de 1286, à l'autel de Saint-Antonin. Il demandait qu'on élevât, pour la desservir, dans l'église de Cajarc, un autel de St Antonin, s'il n'avait pas le temps de le faire élever lui-même avant sa mort. On sait que S. Antonin est le patron du Portugal. Plus tard, on oublia ce détail et on appela cette chapelle des Hébrard l'autel de Saint Antoine (il existe encore aujourd'hui sous ce nom). L'évêque léguait les ornements nécessaires au Saint Sacrifice et fondait à cet autel une chapellenie pour un prêtre, à la nomination de ses héritiers. Les fonds légués devaient servir à l'entretien du prêtre et au paiement d'un petit enfant de choeur.

Les charges étaient d'un anniversaire le 1er de chaque mois, sauf le 2 janvier et le 3 novembre. Ces jours-là, tous les chapelains disponibles étaient invités à dire la messe pour la même intention à leurs autels respectifs puis à se réunir, portant le surplis et l'étole, pour assister à l'absoute qui devait être donnée dans le cimetière: une distribution d'argent devait être faite à tous ceux qui s'y trouveraient en habit de choeur, par l'archiprêtre ou son «lieutenant». D'autres précisions étaient indiquées par l'évêque, par exemple pour le cas où il y aurait eu un interdit jeté sur l'église (messe remplacée par la récitation des 7 psaumes de la Pénitence et des Litanies des Saints, etc). Il y avait aussi (1368) une chapellenie de la Cajarquie avec chapelle propre, fondée par la famille de Cajarc, une chapellenie de La Roque, une chapellenie dite de Cassayre, une chapellenie de Viguier.

bout1.gif (925 octets) L'église

L'ancienne église de Cajarc avait au moins onze autels, non compris l'autel majeur «grand autar». Ces autels sont nommés dans un inventaire des ornements fait en 1463: 1. capella autar de Nostra Dona - 2.  autar del Cor de Dio - 3. capella autar de S. Marti - 4. autar de Santa Arma - 5. autar de Mossenhor S. Jehan Batista - 6. autar de mons. S. Antoni (c'est-à-dire St Antonin) - 7. autar de S. Jacme - 8. capella autar de S. Blasi - 9. autar de madama Santa Quiteyria - 10. autar de mons. S. Clar - 11. autar del Sepulcre et 12 autar capella [del Soffi, probablement] del Crucifix, mais alors l'abréviation serait propre à l'auteur de l'inventaire. Et peut-être même y eut-il un autel S. Roch, car le même inventaire mentionne des reliques de ce saint. Il n'est pas probable que chaque autel eut sa chapelle spéciale. Le maître autel était dédié à Saint Etienne, patron titulaire de l'église, dont on faisait la fête le lendemain de Noël. [L'église actuelle n'a que quatre chapelles: Notre-Dame - St Etienne - St Eloi - St Antoine, pour S. Antonin].

Cette église est grande et commode mais sans cachet extérieur ni intérieur, ayant été plusieurs fois fortement remaniée. On y travaillait au temps d'Aymeric d'Hébrard, l'évêque de Coïmbre. Se trouvant à Rome, en 1289, pour régler une affaire qui divisait le roi de Portugal et le clergé du royaume, il demanda à un certain nombre d'évêques, présents à la curie, de vouloir bien signer avec lui - c'était un usage auquel on se prêtait volontiers - une charte d'indulgences pour favoriser le travail. Vingt-huit cardinaux, archevêques ou évêques signèrent cette pièce que le prélat cajarquois data seulement de Cajarc, le jeudi avant la fête de Saint-Martin.

Il est plusieurs fois question de réparations à l'église de Cajarc dans les registres consulaires, mais ce sont de petites réparations que celles dont nous avons trouvé la mention.

Cette grande église qui avait toutes les chapelles dont nous avons parlé fut dit-on brûlée par les Calvinistes, et ne fut pas rebâtie dans son entier. C'est de 1850 à 1860 que furent ajoutés les bas-côtés et le choeur.

L'inventaire auquel j'ai fait plusieurs fois allusion dénote pour cette date une richesse considérable en ornements de toutes sortes.

Il y a une douzaine de calices, dont un pour le jour de Pâques seulement, des burettes d'argent doré pour les fêtes; ostensoirs et custodes et ciboires; de très nombreux reliquaires, parmi lesquels ceux de St Nicolas, S. Blaise, Ste Quitterie, celui de S. Pierre, S. Paul et St Etienne. Il y a des plaques d'ivoire sculptées, l'une avec l'image du Christ, l'autre de la Vierge, sans compter un tabernacle d'ivoire de l'autel de Notre-Dame où sont représentées six figures de saints. Les reliques étaient posées, aux jours de fête, sur une glace qui était elle-même placée sur un drap brodé d'oiseaux; la plupart étaient dans des coffres sculptés ou peints, bien ouvrés. Je passe les encensoirs (il y avait un encensié d'argent), les chandeliers, les croix, etc. Naturellement, il y avait les livres de chant et d'offices nécessaires, bréviaires, missels, antiphonaires, évangéliaires, épistoliers, processionnels, office propre de S. Etienne; mais de plus des livres comme les Fleurs des Saints, en latin et en roman.

Il y avait quarante chasubles avec leurs accessoires ordinaires et la plupart accompagnées des dalmatiques pour diacre et sous-diacre, une douzaine de chapes processionnelles; ces ornements étaient en soie ou en velours de diverses couleurs, quelques uns avec des broderies: ramages ou oiseaux, même des perroquets (papegays) - Parmi les aubes, quelques unes étaient de dentelle «oeuvre du Puy». Chaque autel avait sa série de toiles ou de cuirs variés pour mettre sur le devant et sa couverture plus ou moins travaillée pour le mettre à l'abri de la poussière. Je passe naturellement le nombre des nappes d'autel, des serviettes, des autres linges nécessaires (amiets, purificatoires, manuterge).

Il est visible que rien ne manquait à l'église Saint-Etienne de Cajarc avant que les protestants y soient venus le fer et la flamme à la main pour détruire, brûler et piller. Et notez que cet inventaire ne mentionne que ce qui relevait des consuls comme patrons et qu'il devait y avoir, comme à Gourdon et à Cahors et ailleurs, des ornements spéciaux pour certaines chapellenies et pour les confréries. Il y a d'autres inventaires plus courts indiquant les objets qui sont fournis chaque année au premier vicaire pour le service. Notons encore qu'il y avait des orgues dans l'église, et, au clocher une horloge dont Peyre Masbou, chapelain, était en 1503, gouverneur pour 9 ans.

Cette richesse de l'église de Cajarc avait plusieurs causes: la ville était une ville épiscopale, et les évêques de Cahors y venant de temps en temps avaient à coeur de n'y trouver pas une église mal tenue, comme tout naturellement les habitants devaient vouloir lui faire honneur au moins dans leur temple; de Cajarc étaient sortis trois évêques de la maison d'Hébrard, Aymeric et ses deux neveux Raymond, tous trois évêques de Coïmbre, qui furent les bienfaiteurs de l'église paroissiale: il est probable aussi que les cardinaux qui eurent l'archiprêtré de Cajarc au XIVè siècle ne se contentèrent pas de prendre les revenus, mais qu'ils durent consacrer à orner leur église une partie de ces revenus. Mais peut-être la principale cause de la richesse de l'église Saint-Etienne fut la dévotion des habitants et des gens de la contrée à une hostie miraculeuse, dont nous ne connaissons pas l'histoire, mais que l'on conservait à la chapelle du Corps de Dieu, et que l'on venait voir de fort loin. C'est même pour faciliter le passage de la rivière aux pèlerins qui arrivaient du Toulousain et du Rouergue que l'on commença, en 1320, la construction d'un pont, à peu près sur l'emplacement du pont suspendu actuel. Ce pont fut plus tard ruiné; les consuls essayèrent, en 1366, de le relever, et Marquès de Felzins, seigneur de Montmurat, devait fournir le bois nécessaire; mais la reprise de la guerre en 1369 empêcha de continuer les travaux. Après la guerre de Cent ans, pendant laquelle on ne trouva plus la facilité nécessaire, les pèlerins ne vinrent plus sans doute; en tout cas le pont ne fut pas rebâti. Au sujet de cette dévotion à l'Eucharistie dans la ville de Cajarc, l'abbé de Moissac, Aymeric de Payrac, dit en sa chronique que Cajarc fut dans nos régions la première ville qui célébra la fête du Très-Saint-Sacrement instituée par Urbain IV, à cause du miracle eucharistique qui avait eu lieu dans cette église. D'après cet auteur, quand on voulait affirmer plus vivement la vérité d'une chose, on jurait par le Corps-Dieu de Cajarc. Le 11 7bre 1376, en pleine guerre pourtant, le pape Grégoire XI accordait une bulle d'indulgences en faveur des pèlerins qui visiteraient l'autel fondé dans l'église de Cajarc sous le vocable du corps de Dieu, non seulement à la fête du St Sacrement, mais aux principales fêtes de N.S. et de N.D.; aux fêtes des SS Pierre et Paul, de S. Jean-Baptiste et à la Pentecôte.

bout1.gif (925 octets) Confréries

Nous pensons qu'il devait y avoir au moins autant de confréries que d'autels ou de chapelles dans l'église: peut-être même davantage, car il y avait une confrérie de Saint-Eloi sans que nous ayons trouvé d'autel de ce nom dans l'inventaire de 1463 (le souvenir en est resté dans la chapelle actuelle de Saint-Eloi).

Les registres nous donnent les noms de la confrérie du Corps de Dieu, qui avait un chapelain spécial et un bayle nommé chaque année: elle semble avoir été fort importante et on se l'explique par la dévotion de Cajarc et de la région, dont nous avons parlé. En 1466, Martin Delfour chapelain était bayle de cette confrérie. En 1463, c'était Pierre de Cardaillac: le bayle rendait compte en sortant de charge: les consuls s'intéressaient à ces comptes parce qu'ils payaient la cire de la roue du Corps de Dieu Ils payaient aussi pour la roda de nostra Dona.

Confrérie de Sainte Catherine : Ne pas confondre avec sainte Quitterie qui avait autel particulier dans l'église Saint-Etienne. Cette confrérie avait une grande importance puisqu'en 1466-7-8 on bâtissait une église de Sainte-Catherine (voir plus bas).

Confrérie de Saint Martial, dont les confrères étaient, comme ceux de Sainte-Catherine autorisés à quêter dans l'église paroissiale.

bout1.gif (925 octets) Chapelles et oratoires

Le pouillé Dumas (1679) mentionne plusieurs chapelles et oratoires à Cajarc ou tout près.

1°) La chapelle Sainte-Marie (voir léproserie) -

2°) la chapelle Sainte-Marguerite de la Ségalière, sur les bords du Lot en allant vers Cadrieu, à cette époque elle n'avait pas de toiture. En 1350, on en réparait l'autel. Elle existe encore aujourd'hui entre la rivière et la ligne de chemin de fer.

3°) La chapelle de Saint-Martial, au bout de la côte appelée de la Planhe ou de St Martial; il n'en restait que les fondements: il n'en reste absolument rien aujourd'hui.

4°) La chapelle du Verdié ou chapelle de La Roche. En 1357, la tour du Verdié appartenait au bourgeois de Cajarc Aymeric Périé. Les Anglais s'en étaient emparés. En 1628, au temps de la peste, dit Dumas, on y célébrait la messe. En 1679, la toiture manquait. Il y avait là, paraît-il, une chapellenie de 4 messes [fondée sans doute par un seigneur de La Roche ou La Roque, d'où le nom de la chapelle], mais on n'en a pas la preuve, dit Dumas.

5°) Au même lieu du Verdié, dans une maison de campagne appartenant en 1699 à M. Boudon de Villeneuve, il y avait une chapelle restée intacte mais profanée et servant d'étable. C'était sans doute l'ermitage situé au terroir du Verdié dont il est parlé en 1338 "altra comba que va desus lermitaia... la terra apelada de l'ermita".

6°) Il y avait encore un oratoire, aux portes de Cajarc, au lieu-dit aux Innocents où l'on enterrait les enfants morts sans baptême; cet oratoire est détruit, dit Dumas, et le cimetière des Innocents est tout proche le cimetière paroissial hors de Cajarc.

7°) Il y a encore, dit Dumas, une chapelle en la paroisse de Cajarc, au lieu appelé Le Causse (cet orador situé sur le causse, est mentionné dans les registres de 1356), au terroir de Sauveterre, dans une villa qui appartenait à M. de la Majorie; elle appartient aujourd'hui (1679) à Cabessut Antoine de Cajarc. De la chapelle il ne reste que quelques ruines et l'autel.

8°) Il y eut aussi une chapelle dans la maison des Hébrard à Cajarc, chapelle où sans doute, pendant son séjour, Aymeric d'Hébrard disait la messe; elle est mentionnée dans une donation de cet évêque et dans l'accord qui fut fait en 1329 entre l'archiprêtre G. Julien et la prieure d'Espagnac.

9°) Enfin, il est question dans les registres consulaires d'une église de la confrérie de Ste Catherine «gleya de Santa Katharina» qu'on achevait de «latar» et de couvrir de tuiles le 26 novembre 1467; on en bâtissait «los capiols» et on achevait les autres détails en 1468. En 1467 «item annes 1 émine de blat per far arasar los traux de Sta Katherina». Cette église dut être détruite par les protestants. On n'en a gardé aucun souvenir. On faisait la quête pour Sainte Catherine dan l'église Saint-Etienne. Cette quête était faite par les confrères avec l'autorisation des consuls (reg. consuls).

bullet_b.gif (912 octets) L'Hôpital

Nous ne connaissons pas l'emplacement de cette maison charitable car elle ne devait pas se trouver au lieu appelé encore l'Hôpital, sur le causse, et qui marque seulement un domaine de l'hospital. Nous ne pouvons qu'en constater l'existence aux XIVè et XVè siècles. Il y avait à la tête un commandeur : «comandaire de l'ospital»; on y recevait, outre les pauvres, des donats ou gens qui se donnaient avec leurs biens pour être soignés jusqu'à la fin de leurs jours; l'hôpital avait des terres, des métairies avec des domestiques et bouviers pour les travailler et soigner le bétail - «las bestias de l'ospital». Quelques noms d'administrateurs ou commandeurs : 1329, Pierre Mayrignan; 1338, Falcon Faure ou Mayme; 1348, P. Malia (enterré fin septembre), remplacé par Bernard del brelh ou del bruel; celui-ci par G. del brelh; on trouve, en 1363, Rd Delbrelh, en 1465, Estève de Cardaillac; 1426, Gme Treilhe; 1454, Jean Vayssière.

Mgr Alain de Solminihac dont les relations avec Cajarc seront assez tendues à cause des chicanes des Huguenots de la ville fit, en 1655, plusieurs ordonnances au sujet de l'hôpital de Cajarc. Il constate d'abord le mauvais état de cet établissement, la dissipation de ses revenus; il ordonne aux consuls qui en sont les administrateurs de rendre leurs comptes à son vicaire général, Jean Garat; une première ordonnance, du 23 novembre, leur est intimée par ministère d'huissier; une seconde, le 26 et enfin une troisième, le 28 du même mois. On voit qu'il ne restait dans l'hôpital que trois châlits non garnis et en mauvais état. Il ordonne de les refaire et de les garnir de palhasses, draps de lit et couvertures; il veut que les pèlerins et les pauvres y soient reçus et traités avec soin; enfin il défend d'employer à autre chose les revenus dudit hôpital.

bullet_b.gif (912 octets) Cimetière

Notons que, dès 1295 au moins, il y avait à Cajarc un cimetière nouveau : c'est là que veut être ensevelie la veuve de Bernard Faure (Géraude Fauresse) de Montbrun (testament). Il est question, dans un registre consulaire, de réparation à l'arvolt du cimetière : on y entrait donc par une sorte de passage voûté. La plupart des cimetières, quand ils n'étaient pas à côté de l'église - et même quelquefois malgré cela - avaient une chapelle funéraire.

bullet_b.gif (912 octets) La léproserie

Il y avait également, avant la guerre de Cent ans, une léproserie ou maladerie. Elle était située au sommet de la côte de la Madeleine, en allant sur Larnagol, et cette côte a pris son nom de la chapelle de la léproserie dédiée à Sainte-Marie [Madeleine]. Les archives de Cajarc renferment une lettre de l'évêque de Cahors ordonnant des quêtes pour le reconstruction de la léproserie de Cajarc, qui récemment, à cause de sa vétusté, s'est écroulée, et les ressources de la ville sont insuffisantes pour cette oeuvre. Une autre pièce des mêmes archives renferme la donation par des membres de la famille de Cajarc d'une vigne au pech de la fargue (ces deux pièces ont été publiées in extenso dans mon travail sur les lépreux en Quercy). Un acte de 1322 (juin) est une sorte d'enquête en présence du sénéchal et du juge de la temporalité épiscopale qui a pour résultat de prouver que les consuls ont le patronage de la léproserie sur les biens de laquelle - à cause des événements de 1321 - les agents du roi avaient mis le séquestre; ils promettent de supporter toutes les charges afférentes, de régir et de défendre cet établissement selon les réglements royaux  - Quand la lèpre eut à peu près disparu, il n'en fut plus question que pour recevoir les commissaires chargés de s'informer au sujet des lépreux «los lebroses», «los malautz».

bullet_b.gif (912 octets) La charité de Pentecôte

Il se faisait une quête, surtout à cette époque de l'année - d'où le nom - pour une distribution de blé aux pauvres, organisation qui se trouve dans presque toutes les localités. Cette oeuvre avait les consuls pour patrons. Elle recevait des dons, des legs et possédait de nombreux revenus. Il en est souvent question dans les registres municipaux. La dépense comprenait aussi la mouture du blé et la façon du pain - on distribuait le blé aux pauvres honteux.

bullet_b.gif (912 octets) Lieux dits

Saint-Bérot d'après la carte de l'Etat-major, Saint-Biro d'après Lacoste qui le met en la paroisse de Saint-Chels - Saint-Vera d'après les registres municipaux, et d'après les papiers de Flaujac (en un dénombrement des biens de M. de la Majorie) : c'est peut-être cette chapelle du Causse dont nous avons parlé plus haut. Le registre marqué AB semble indiquer Saint-Vera du côté d'Estrabols ?

Saint-Namphaise - Il existe un fontaine de ce nom dans la paroisse de Gaillac (Voir Caniac pour ce saint, à qui l'on attribue la fondation du monastère de Lantouy (voir St Jean de Laur). Il est question d'une combe Saint-Namphaise, probablement sur la rive gauche du Lot, servant de limite entre les communes de Cajarc (Gaillac) et Saint-Jean de Laur.

bullet_b.gif (912 octets) Ecoles

Nous n'avons pas trouvé avant 1459, faute de documents, de renseignements sur les écoles de Cajarc, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en avait pas avant cette époque. Quand on trouve des maîtres en des paroisses plus petites, il est bien évident qu'une ville importante comme Cajarc devait avoir aussi son régent. Un des consuls est indiqué à cette date du 22 fév. 1459 (v. st.) comme devant trois écus à Faugayrac «mestre de las escollas». Un peu plus loin, il est question de ce régent (registre consulaire). On le trouve mentionné sans nom de personne, plusieurs fois les années suivantes «pagat al mestre de las scolas de l'an passat»; nous trouvons, en 1620, le nom de J. Lafon, régent, sur un des registres du consistoire de Cajarc.

En 1683, les consuls voulant donner plus d'importance à leurs écoles voulaient unir à ces établissements des chapellenies dont ils étaient patrons et qui devenaient vacantes par la mort de l'archiprêtre Loubignes.

bullet_b.gif (912 octets) Les Mirepoises

Il semblerait, d'après certains documents, que les demoiselles des Ecoles chrétiennes n'ont pas été installées à Cajarc avant 1710; et que les fondatrices auraient été mesdemoiselles de Marsa et de Rouzet. Et même cette fondation serait encore plus récente, si l'on en croyait M. Galy (bibliothécaire de Cahors, ancien supérieur du séminaire constitutionnel) ; en 1730, Mme de Fontneuve leur légua une maison à Cajarc et la métairie de Patras à Vidaillac (vendue en 1792) et ce serait la date de leur fondation, mais dans une pièce des archives, on voit qu'il y eut, le 1er nov. 1684, une délibération consulaire au sujet d'une demande que faisaient les dites Demoiselles à la ville : elles n'avaient que 3000 livres, somme évidemment insuffisante, sur laquelle d'ailleurs M. de Laborie (de Boria), curé du Puy de Figeac, devait quelque chose. Le conseil décide de leur donner 20 charges de bois sur la terre boudousque. D'ailleurs, on peut lire dans la vie de Mlle de Boissy, que cette personne était influente à Cajarc : elle s'y trouvait, avec Mlle Danglars, au moment d'une grande mission qu'y faisait donner Mgr Lejay et elle y fit beaucoup de bien avec sa compagne. Ce serait donc avant 1684 que Mlle de Boissy aurait fondé elle-même l'école de Cajarc.

bullet_b.gif (912 octets) Cajarc et les Calvinistes

C'est une triste page de l'histoire de Cajarc. Il ne faut pas être surpris que le Calvinisme ait pénétré dans la ville épiscopale. Il pénétrait à peu près partout, sauf à ne pas faire grands progrès si le terrain ne s'y prêtait pas. Ce fut sans doute Jean Chevery, dit le petit basque, venant de Figeac où il avait fait des prosélytes, qui l'introduisit à Cajarc. Mais déjà l'on y avait entendu parler de l'hérésie. Chose curieuse, ce fut le bayle épiscopal, Antoine Laborie, qui donna le premier dans l'erreur. Il partit avec Guiraud Tauran, de Cahors, pour aller étudier à Genève la religion de Calvin, mais il ne put rentrer chez lui pour la prêcher. Arrêtés à Chambéry à leur retour, les deux hérétiques furent mis à mort (1555). Cet acte ne fut peut-être pas étranger au succès de la suite dans Cajarc, dont le seigneur était chef à la fois spirituel et temporel.

Dès 1562, Cajarc semble avoir eu un pasteur attitré: Bernard Prayssac, ministre de Cajarc, est cité parmi ceux qui défendent cette ville. La ville tomba au pouvoir des hérétiques, évidemment par la complicité de ceux du dedans (d'après Lacoste, un des assaillants, déguisé en paysan et portant un sac plein de cordes, serait entré sans être inquiété; pendant la nuit il aurait fait passer à ses camarades des échelles de corde et les aurait introduits en ville), car elle avait toujours résisté aux Anglais (décembre 1574). A cette occasion, Lacoste, qui oublie le nom du ministre cité à la page 166, assure qu'on ne voit pas qu'avant cette surprise Cajarc fût infecté de la nouvelle hérésie. Mais pour avoir un ministre en titre, il fallait bien que les Calvinistes fussent nombreux. Dès 1559, même, il y avait eu des assemblées clandestines dans cette ville.

On comprend que lors de l'aliénation du temporel, l'évêque se soit décidé à vendre la seigneurie de Cajarc, car il ne pouvait plus espérer en rien tirer, tant qu'il y aurait garnison calviniste. Il l'a mit à l'encan, elle fut achetée d'abord par M. de Caussanel (ou Casseneuil), mais nous avons vu que le baron de St Sulpice mit une surenchère et fut ainsi pendant quelque temps non seulement seigneur foncier, mais seigneur suzerain de Cajarc. On savait à Cajarc que ce gentilhomme était un catholique fort modéré: il avait beaucoup de parents dans le parti, et l'on comprend que les consuls de Cajarc aient témoigné qu'ils pouvaient faire avec lui bon ménage (1526). Cela n'empêcha pas que la ville n'ait eu quelques contre-coups des guerres religieuses, mais il est certain que les choses eussent été bien différentes si l'évêque Antoine d'Hébrard et sa famille eussent fait partie de la Ligue.

A plusieurs reprises cependant on put craindre à Cajarc de voir les catholiques rentrer dans la ville en triomphateurs (lettre du vicomte de Gourdon: «à ce que l'on m'a dit, il y a sept ou huit vingts belitres des fuitifs de Figiac, qui se font nommer les enfans perduz et ont juré qu'ils se saisiront de quelque lieu, et ces jours passés ont fally (prendre) St Céré, et asteure sont après à prendre Cajarc».

Après la prise de Cahors, les Calvinistes de Cajarc commencèrent des sorties contre les catholiques du voisinage, notamment contre ceux de Montsalès, et à faire des razzias. Ils prétendaient avoir été «assalis» par M. de Balaguier, quoique le seigneur s'en défendît (lettre du 18 août 1580). Ils prirent sur le causse de Balaguier et d'Ambayrac une cinquantaine de bêtes à cornes et 400 bêtes menues. Le seigneur de Montsalès, supplié par ses vassaux, vint à leur secours. Les Cajarcois menacèrent de brûler son château: c'était cependant le beau-père de Bertrand d'Hébrard, fils du baron de Saint-Sulpice. Ils amenèrent aussi des bêtes de la métairie d'Estrabols appartenant à la dame de Montsalès. Quelques jours plus tard (lettre du 26 août) ils firent une autre razzia avec quelques prisonniers qu'ils relâchèrent d'ailleurs tout de suite.

Le 12 septembre suivant, le vicomte de Gourdon-Cénevières (voir ce dernier nom) était à Cajarc; il promit d'avoir en recommandation les terres et les maisons du baron de Saint-Sulpice comme ce seigneur fera les siennes. Il s'excuse de s'être mis dans St Circ qui appartient aux Hébrard. Mais ces politesses entre seigneurs n'empêchaient pas le peuple de souffrir.

En 1581 et années suivantes, un certain Le Rouzet était gouverneur de Cajarc. Dans une de ses lettres il parle de tentatives faites contre le moulin de Combres.

Et Cajarc resta aux mains des Calvinistes. Il ne semble pas que le culte y ait été parfaitement organisé, bien qu'ils eussent construit un temple et pris le cimetière des catholiques. On trouve dans les extraits des registres de baptêmes qu'ils présentèrent afin de se faire reconnaître plus tard comme église organisée, les noms de quelques pasteurs, mais qui paraissent la plupart n'être que de passage: 1526, Pre Galiouste, que l'on trouve aussi un peu auparavant à Négrepelisse, mais qui est nommé ministre continuel de Cajarc au synode de Réalmont; en 1584, Cavarroc (et 1592); 1610, Andrieu; 1612, Moynier; 1618, Legrand; 1620, Peyrille; 1621, Périer; 1629, Fabre; 1630, M. de la Roche, pasteur de Cardaillac; 1631, M. Le Voyer, on le retrouve en 1637. Le registre démontre que les baptêmes sont faits souvent par le parrain ou par quelque membre du consistoire. On trouve aux Archives une quittance de M. P. Charles, pasteur, qui a reçu la somme de 125 livres, pour le 3è quart de ses gages (chiffre fixé en 1592) par les mains de M. Cournède, premier consul (1613). En 1652, Bilom (ou Belon) Antoine était ministre; en 1649, M. Jean Maline, en 1643, M. Payer.

L'archiprêtre était, nous l'avons vu, de 1588 à 1597, M. de Coyssels. Dans une supplique adressée aux syndics du clergé de Cahors, il énumère les charges qui grèvent un budget d'ailleurs peu considérable comme recettes et fait observer «que ceux de la R.P.R. tiennent occupée la ville de Cajarc et les lieux des autres annexes»; ils ont tout pris et il est obligé d'acheter les ornements «à fère le divin service»: on a vu combien l'église de Cajarc était riche à ce point de vue. Son successeur , Me Jehan Marraul est heureux d'avoir, en plus, le prieuré de Laramière, car ses églises «tant la matrice que les annexes sont entièrement ruinées». Pour payer le subside, il est autorisé à vendre à La Ramière le domaine de Belleviste et à Cajarc les dîmes de Gaillac.

On trouve des représentants de l'église calviniste de Cajarc, qui faisait partie du colloque du Ht Quercy, aux divers synodes de la région: à Réalmont en 1576; le ministre Galhouste et son ancien : à Mauvezin, en 1579 [?], Galhouste avec l'ancien de Figeac, Jean Caulet, à Figeac, en 1529: Galhouste et Pre Masbou, ancien; à Montauban en 1581, le même avec Pre Abelhe; à Revel, en 1582, avec Jean Laferrière.

Les protestants de Cajarc prirent part au mouvement insurrectionnel de 1621, sans aucun motif personnel. Les horreurs de la guerre se déchaînèrent de nouveau. Cajarc en souffrit peu directement, les combats n'ayant pas lieu près de cette ville, mais des ravages furent causés dans la campagne par les troupes des deux partis. Nous citerons la déposition d'un praticien du lieu, Mérit Domergue, qui déclara dans une enquête conduite «pour estre informé de non jouissance des fruits des bénéfices du diocèse: a dit estre véritable qu'au commencement de l'année 1622, le sieur duc de Sully et son fils compte [sic] d'Ourval, ayant prises les armes contre le roy, il auroit mis de grandes et fortes garnisons aux villes de Figeac, Cajarc, Cadenac, Cardalhiac, et Mgr le mareschal de Thémines en auroit mises dans les lieux circonvoisins, lesquels... courans les ungs sur les autres avoient enlevé tout les bestial de labouraige, de sorte que, cinq ou six lieues à la ronde avoient esté entièrement desgarnies; à cause de quoy, et parce que, aussy, les garnisons de l'armée du roy conduitte par Mgr le maréchal auroit consumé (et) mangé les fruits excreus et pendentz aux terres, ledit pays auroit demeuré la plus part en friche et n'ont les bénéficiaires quasy rien récolté des années 1622 et 1623, des environs des dites villes de Figeac, Cajarc, Cardaillac et Cadenac, qui font un quatrième du diocèse de Cahors».

François Le Franc, sieur Dellard, gendarme de la Cie d'ordonnance de mgr le mareschal de Thémines fait une déposition analogue. De même Jean de Domergue, écuyer et capitaine d'une Cie de gens de pied du régiment. Les rebelles, de leur côté, «auroient couru et picoré, bruslant, piliant, saccageant, et enlevant le bestial de labouraige des bourgs et villages du Haut Quercy.»

Cajarc n'eut pas seulement à souffrir de ces dommages que presque tout le Quercy ne connut que trop: une ordonnance du 8 juin 1622 ordonna «le rasement des murs de cette place» - commission donnée à cet effet le 12 juin au sieur de Vinholles, conséquence du traité de Montpellier.

La peste vint bientôt augmenter la misère, elle fit de grands ravages, surtout en 1628 et 1631.

Les calvinistes avaient voulu abuser des conditions vraiment trop favorables que leur faisaient l'Edit de Nantes. C'est ce qui explique, sans les excuser toutes, les mesures dont, une fois les guerres civiles terminées, ils vont être l'objet.
En 1630, Mgr Habert interdit à ceux de Cajarc d'enterrer leurs morts dans le cimetière paroissial. On leur affecta un jardin, tout proche, mais sur lequel le seigneur de Gaillac avait une rente que les Calvinistes refusèrent de payer, parce que ce n'étaient pas eux qui avaient demandé la séparation des cimetières. Le procès se termina par une transaction en 1634 : les catholiques gardaient leur vieux cimetières, mais payaient la moitié du jardin affecté aux protestants.

La seconde affaire est relative à l'emplacement du temple. En sa qualité de seigneur, l'évêque avait le droit de défendre l'exercice de la RPR dans sa ville épiscopale. Les protestants voulaient au moins pouvoir s'y livrer dans le voisinage. Alain de Solminihac ne l'entendit pas ainsi. De là tout un long procès dont voici le résumé. Le 15 juin 1638, il obtint un arrêt du Conseil faisant inhibition et défense aux ministres et habitants de la RPR de la ville de Cajarc de continuer à l'avenir l'exercice de leur religion dans ladite ville, sauf à être pourvu dans le lieu le plus poche de la ville par les commissaires qui seront désignés par sa majesté.

Me Ambroise de Regard, juge-mage de Cahors, leur assigna le lieu de Bancourel, à l'autre extrémité de la paroisse, sur les bords du Célé (aujourd'hui commune de Saint-Chels). Il affirmait que c'était le plus commode. A coup sûr le plus commode pour les catholiques, mais non pour les protestants qui avaient bien raison de faire observer que ce masage de Bancourel était fort éloigné et qu'il fallait traverser toute la paroisse; ils ajoutaient que le chemin pour y aller est pierreux, raboteux, et qu'il faut passer par la côte assez fâcheuse, appelée La Caunhe. Ce masage n'avait que quelques maisons en mauvais état, dans une affreuse solitude.

C'est ce que constata le bailli de Villeneuve, délégué pour faire une enquête et à qui l'évêque donnait pleins pouvoirs. Les habitants de Cajarc lui demandent un jardin au lieu de la Peyrade, proche de la ville et relevant du seigneur de Gaillac ou quelque autre emplacement analogue. Les Catholiques s'y opposèrent, le trouvant trop proche. Le procès s'engage à plein et dure plusieurs années pendant lesquelles le ministre s'installe au lieu convoité, appelé les Aubrières. L'évêque entend avec complaisance les plaintes des catholiques. Enfin, après nombreuses requêtes, citations, dilutions, etc le roi renvoie les parties devant l'intendant M. de la Margrie.

Le 14 sept. 1646 une grande enquête à lieu. Messire Louis Laisné, sieur de la Margrie entend Mr Fois Malleville, avocat des protestants, Mr Etienne Daurat, procureur en la cour des Aides de Cahors, qui représente l'évêque et qu'assiste le vicaire général Garat . Les catholiques font observer que l'évêque étant seigneur spirituel et temporel de la ville, ne peut décemment pas et sans scandale y souffrir le culte de la RPR: le lieu de Bancourel est, de la paroisse, l'endroit où ce culte peut s'exercer avec le moins d'inconvénients. Les protestants, malgré les divers arrêts (7 janvier 1639, 16 janvier 1643), se sont installés aux portes de la ville, aux Aubrières. Un arrêt du 10 nov. 1643, tout en leur permettant de se pourvoir devant l'Intendant de la Terrière, défendait de faire le culte ailleurs qu'à Bancourel. Un autre arrêt, de juillet 1644, le leur défendait à peine de 2000 livres d'amende. Les catholiques assuraient que le lieu de Bancourel est un lieu très propre pour l'exercice de la RPR; il n'est éloigné que d'une petite lieue (les protestant disaient: de 2 lieues limousines - il y a bien dix kilomètres), si c'est un lieu de solitude, il est d'autant plus propre à la prière et à l'exercice de la religion - ce ton ironique est celui de gens devenus vainqueurs et enclins sans doute à vouloir abuser de leur victoire. Aux villes de Paris, Bordeaux, Figeac, St Céré, ceux de la religion vont faire leurs exercices en des lieux plus éloignés que celui de Bancourel. On comprend que Malleville, l'avocat des protestants, réclame.

Il demande (15 sept.) le choix entre divers endroits, dont les Aubrières, distants, dit-il, d'un grand quart de lieue. Les catholiques trouvent que ces lieux sont trop près de Cajarc et qu'il y aurait du scandale et des troubles. Ils proposent St Jean de Laur et Cénevières, ce qui semble un peu ironique, mais aussi St Chels (aux 2/3 du chemin de Bancourel) ou Gréalou (à peu près à la même distance).

C'est pure moquerie, dit le procureur protestant qui exagère à son tour: ces lieux sont éloignés de Cajarc de plus de quatre lieues de France ! Les personnes vieilles ne sauraient y aller et l'on n'y pourrait porter les petits enfants pour les baptiser. Ils sont assis en des montagnes et lieux inaccessibles mesmes en temps d'hiver (sic), où il est impossible qu'on y puisse aller à cause des neiges et de la glace dont les dits lieux sont couverts pendant six mois de l'année! (Qui prouve trop ne prouve rien: une exagération dans un sens ne suffit pas pour triompher de l'exagération contraire) - Dorat soutient que la distance est tout au plus une petite lieue (En réalité une lieue de près de 7 à 8 kilomètres pour S. Chels et Gréalou, 10 pour S. Jean de Laur (chemins anciens), et une bonne quinzaine pour Cénevières, et pour ces deux endroits il faut passer le Lot).

M. de la Margrie fait la tournée des divers endroits indiqués par les deux parties et finalement fixe l'emplacement du temple aux Truffières, au pech d'Ardes et, paraît-il, sur le chemin du village du Verdié: mais les protestants firent semblant de comprendre qu'il s'agissait d'un autre endroit du même nom, à une portée de mousquet de Cajarc. Ils commencèrent de bâtir. Mais c'était proche du lieu des Aubrières où il ne leur avait pas été permis de s'installer. De Cajarc, on les aurait entendus chanter. Nouvelles plaintes. L'intendant de la Margrie leur fait assigner (aux calvinistes) une pièce de terre au pied de la montagne d'Ardes et l'on plante là un grand piquet, pour éviter toute confusion.

Un peu plus tard, 25 octobre 1652, un synode protestant se tenait à Cajarc, sous la présidence du Sr Delom, pasteur à Montauban. Il y a un représentant de M. de Saint-Luc, lieutenant général pour le roi dans la province de Guyenne, qui doit empêcher toute délibération qui ne serait pas d'ordre purement ecclésiastique. Il y avait des délégués des colloques du Haut-Quercy, du Rouergue, de Foix, du Lauraguais, d'Armagnac, du Bas-Quercy (ce sont les plus nombreux), d'Albigeois.

On fait des réflexions sur le misérable état du pays ravagé par la guerre et par la contagion (la Fronde, la peste) et l'on dit qu'il faut s'humilier devant Dieu, pour qu'il y ait pitié. L'ancien de l'Eglise de Saint-Céré se plaint des vexations des catholiques, notamment au sujet des sépultures qu'ils refusent d'admettre dans leur cimetière. Différentes questions de discipline sont traitées qui montrent que la religion P.R. est en décroissance. Il n'est pas question de difficultés avec l'évêque de Cahors. L'ancien de Cénevières demande seulement que cette église soit desservie avec celle de Cajarc par le ministère des sieurs Delom et Corras. Ce Coras [sic], qui était ministre à Cénevières, se convertit avec éclat en 1665 et devint lieutenant au présidial de Montauban. Il était de Lauzerte.

Le Vénérable, sans doute, se rendait compte qu'il réussirait mieux en ne poussant pas les choses à bout. Il lui suffit que les protestants abandonnassent le temple commencé des Truffières pour le transporter au pech d'Ardes.

Sous son successeur, Mgr de Serin, ils demandèrent à revenir près de la ville et à reprendre la bâtisse laisser inachevée, parce que leur masure du pech d'Ardes n'était plus habitable. Un nouveau procès traîna en longueur. Un arrêt de 1683 décida que la masure d'Ardes serait démolie et que l'on préparerait un terrain à Bancourel pour y bâtir un temple, afin d'éviter toutes les disputes. Les Calvinistes ne se soumirent pas de bonne grâce, du moins tout de suite, à cet arrêt qui les ramenait ainsi en arrière. Mais le temps n'était plus favorable. La révocation de l'édit de Nantes était proche. Un Etat du 8 septembre 1685 (l'édit de révocation est du 18 octobre) nous fait connaître la soumission des habitants (cet Etat enregistre les conversions faites dans les paroisses du haut Quercy depuis le 3 jusqu'au 8 septembre).

Cajarc. Il y avait 1050 communiants catholiques et 130 familles de la religion faisant environ 600 personnes: toutes se sont converties à l'exception d'une seule. Nous avons relevé le nom de la famille Pelras (En 1668, Jean Pelras était syndic des religionnaires).

Avant cette date, il y avait eu d'autres soumissions : par exemple, en 1679, celle de Jean Fages, premier consul. Nous n'avons pas retrouvé le nom de la famille réfractaire et nous ne savons pas si elle émigra. Aucun habitant de Cajarc n'est sur les listes des religionnaires fugitifs que nous avons pu consulter.

bullet_b.gif (912 octets) Gaillac

Gaillac est une section de Cajarc et un chef-lieu de paroisse. Mais cette paroisse est récente : elle dut remplacer très probablement la paroisse de Lentouy existant jadis auprès de l'ancien monastère de ce nom (voir St Jean de Laur). Gaillac ne paraît dans aucun pouillé avant le XVIIIè siècle. On a voulu l'identifier avec un monastère Saint-Quentin de Gaillac fondé par le roi d'Aquitaine Pépin et qui fut uni à l'abbaye de Figeac mais il s'agit en réalité d'un Gaillaguet, près de Peyrusse, qui garda encore, après la destruction du monastère, le titulaire Saint-Quentin et qui est nommé dans la bulle de sécularisation de l'abbaye avec plusieurs des églises qui avaient été données par le roi Pépin.

Le titulaire de l'église de Gaillac est Saint-Julien de Brioude. Le pouillé alphabétique du XVIIIè siècle la mentionne comme annexe de l'archiprêtré. L'archiprêtre faisait faire le service par un vicaire: 1736, Pre Andrieu ; 1751, Corchand ; 1753-1765, Douzou; 1767-1781, Combier ; 1782-3, Caulet ; 1784-88, Combetergues ; 1789, Bonnemort - Pour la seigneurie de Gaillac, voir §2, N°2. Les seigneurs : familles de Cajarc et de Gaillac.

(Fin de la première partie)

Cajarc (2è partie)

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