1788.
Certaines quercynoises
ne sont pas des parangons de vertu...
Les archives notariales de l'ancien régime dont la richesse n'est pas
encore suffisamment utilisée, montrent que certaines quercynoises ne se contentent pas de
jeter discrètement leurs bonnets par dessus les moulins mais mènent une vie, pour le
moins peu convenable, au grand dam de leurs époux contraints de demander aux autorités
l'enfermement de celles qu'ils ne considèrent plus comme leur douce moitié. |
Ainsi en 1788, Ambroise B... demeurant à Payrignac, jardinier de M. d'Hebray
lieutenant général de Gourdon est informé le 22 juin par des personnes compatissantes
du "scandale affreux provoqué par les insultes graves, atroces, proférées par
son épouse Marie contre trois servantes et autres domestiques de M. d'Hebray dans sa
maison". Le tumulte attire un grand nombre "d'honnêtes gens" et
se termine par l'incarcération dans les prisons de la ville de Marie B... dite Batarde,
conformément au souhait de la population.
Amour de la parure, de la bonne chère et du
dérèglement...
Convoqué le 1er juillet par Périé, membre du bureau de
l'administration de la police, Ambroise B.... déclare ne pas être étonné par
l'attitude répréhensible de sa femme. "En effet ses débauches scandaleuses et
publiques journalières, sa prostitution dont malgré tous ses efforts il n'a pu la
corriger, l'ont forcé il y a 18 mois à l'abandonner à son inconduite et son malheureux
sort. Depuis cette séparation elle continue, sans mesure comme sans mystère, à se
livrer au premier venu. Entre autres aux employés de ferme du tabac en résidence à
Gourdon. Un jour il la rencontre courant les champs avec l'un d'eux et veut lui faire des
reproches, la retirer de ces mains mais le dit employé lui porte un pistolet à deux
coups à la gorge... ce qui le dissuade de poursuivre sa mercuriale".
A plusieurs reprises il a tenté de corriger Marie B... de ses débordements "mais
l'amour de la parure, de la bonne chère et du dérèglement prévalent sur ses
remontrances. Par crainte de finir tous ces scandales par quelque coup funeste, il ne
paraît plus à Gourdon depuis près d'un an, à moins que les ordres de son maître l'y
appellent".
Ambroise B... s'oppose formellement à ce que son épouse soit mise hors des prisons et
malgré la faiblesse de ses ressources désigne un procureur "pour en son nom
présenter tous placets, mémoires à l'intendant et même au ministre de sa majesté afin
de parvenir au renfermement de Marie B... dans une maison de force où elle doit demeurer
jusqu'à ce qu'elle donne des preuves d'un véritable amendement".
Quelques années plus tôt, en mai 1777, Jean C...., maçon habitant à Cahors, instruit
de la vie scandaleuse menée par son épouse Anne B... et de sa mauvaise conduite à tous
égards "désire lui procurer les moyens pour la ramener de ses égarements et la
remettre dans la voie de son statut".
Il pense que pour couper court à sa dissipation et empêcher sa progression "il
n'existe d'autre moyen que de l'enfermer, pendant un certain temps, dans la maison de foi
de cette ville pour y faire pénitence de ses pêchés et de ses fautes".
A cette fin, il donne pouvoir à Etienne B...
architecte, son beau-père, pour lui et en son nom consentir à ce que Anne B... soit
enfermée dans la maison et hôpital de cette ville "pendant un temps jugé
convenable pour faire revenir sa femme de toutes ses fautes commises, y faire pénitence
de ses pêchés et se mettre dans la voie du salut".
L'efficacité de ce moyen de Rédemption ne semble pas aujourd'hui évident mais dans une
société en déclin où la forme est préférée au fond où la dilution de nombreux
principes s'accélère on ne trouve souvent d'autre exutoire que l'illusoire... |