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Le
moulin de Saint Géry ou de la Guilloune Henri Renault
5) Le 19ème siècle - Le domaine Bourgeois
La période de la Révolution bouleverse bien des choses en France. En particulier les biens nobles sont confisqués et revendus, souvent aux enchères. Les acquéreurs sont .. les plus riches des bourgeois et des paysans. La classe paysanne dans son ensemble en profitera cependant pour devenir propriétaire, modeste certes. Ce n'est pas exactement le cas à Pasturac et à la Borie Redonde. Les biens nobles ne seront pas confisqués, au contraire des biens bien modestes de l'Eglise que le Président de la Commission chargé de la vente de ses biens s'attribuera sans problème. Pourquoi? Cela tient sûrement au comportement collaborateur du ci-devant Comte de Beaumont qui perdant ses biens en Périgord semble avoir préservé ceux qu'il possédait en Quercy, c'est à dire ses deux domaines à Pasturac, Pasturac où il s'est apparemment réfugié. Un texte notarié nous plonge dans l'atmosphère de l'époque (2C 474): du 11 décembre 1790 "Le Comte de Beaumont dit que le cinq de ce mois, à quatre heures du soir, les habitants de la paroisse St Aubin diocèse de Caors et les détachements des incendiaires de Gourdon et de Salviac lui ont brûlé son château du Repaire dans lequel il tenait tous ses titres et papiers qui ont été consumés dans les flammes. Comme il lui reste en main une copie informe d'un acte privé qu'il a passé le 1er may 1789 à Jean Thénère du dit lieu de St Aubin il nous a requis de vouloir faire l'enregistrement de la copie informe ce qui lui a été octroyé..." Nous interrompons ici un texte qui ne concerne pas la Guilloune mais qui illustre la célèbre "émotion" qui agita la classe paysanne de France et lui fit brûler châteaux et titres de peur de voir un processus d'appropriation des terres qui s'amorçait s'arrêter là. Ce n'était pas le cas à la Guilloune où le Seigneur de Beaumont n'eut apparemment pas trop de problèmes. Ces biens reviendront aux mains d'un bourgeois de Caors après son décès selon une procédure qui, pour l'instant reste obscure. La période 1793/1799 nous a laissé des trous dans les archives notariales et bien des pièces nous font défaut. En attendant nous apprenons que le Comte de Beaumont vend une terre du terrement de la Guilloune à Antoine Cornède avocat 400 Livres, ceci le 6 octobre 1790. C'est peut-être le moment de donner quelques prix en cette période difficile. En effet la Révolution a aussi comme cause des années de mauvaises récoltes et du renchérissement des grains. La
location annuelle d'une chambre à Cahors est de 20L (1 Livre= 1 Franc). (3E 722) Le 7 floréal AN VIII de la République: A
la Guilloune, commune de St Géry, Une
pièce de terre Le Cayrat à canabals confrontant à l'est le chemin
public, Sa/gués et Armand. 1475F
annuels, 737,50F payé aujourd'hui le reste en deux termes. A payer en
numéraire métallique ou en bled froment en mesure de Cahors, 12F la
quarte, 6 paires de chapons 100 oeufs, 1 cochon gras de 3 q. ceci rendu au
domaine saison requise par la coutume. Le cochon pourra être changé en
orge pour 100F. A lire ainsi au premier degré, cet acte un peu désordre est riche de détails. Vues les conditions qui sont "offertes", on peut se demander ce que les fermiers ont gagné à la Révolution. La méticulosité exprimée ici semble confiner à la manie suspicieuse. La présence plus pressante de la propriétaire se fait aussi sentir. Maintenant examinons les détails. Ils seront évoqués dans le désordre du texte. Barthélémy Apchié venait de s'installer à Pasturat dans la maison qui a gardé son surnom de pape. C'était le logis du métayer de la famille Cornède, maison qui se situait alors au centre de la propriété rurale qui s'étendait à l'ouest et au sud entre le village et les communaux del roc gros sur le canabal et la rivière. Remarquer la primauté apparente du vin blanc et dont la qualité semble appréciée. D'ailleurs, les recommandations concernant le soin à apporter aux vignes signalent l'importance de cette culture. Il y a procès. La succession d'un indivis n'est pas chose facile après la disparition de Beaumont et de Cornède en la période troublée de la fin de la Révolution. C'est la saison des accaparements illégaux devant un certain vide juridictionnel. Nous verrons plus loin comment ceci se résoudra. Preuve supplémentaire que le fermier n'est pas l'exploitant direct. Il confie le travail à un couple de bordiers auquel peut s'ajouter des travailleurs occasionnels. Nous possédons aussi un inventaire intéressant des espèces cultivées. Le froment et la vigne sont destinés à la vente, peut-être à l'exportation. En effet Pasturat avait au moins un port (avec St Géry), un second éventuellement près de L'iffernet puisqu'il fut objet de dispute avec les habitants d'Esclauzels. Un maître de bateau (les Delsol) et un charpentier de bateau vivaient sur Pasturat. Nous savons par ailleurs que les transports de pondérables se faisaient par gabarre durant la période des hautes eaux. Les vins descendaient jusqu'à Bordeaux. Le seigle et le blé noir servaient à l'alimentation humaine, le reste des petits grains à l'alimentation animale. Reste le problème du millet. Or en occitan le maïs est le milh et la prononciation est très proche. Cependant, un peu plus tard nous verrons apparaître dans les cultures à Pasturat, le blé de Turquie, qui lui est vraiment le maïs, et qui servira d'abord à l'alimentation animale. Les animaux ne sont pas détaillés: mais il y a les boeufs, quelques moutons et chèvres, peut-être quelques vaches mais pas trop car le problème à Pasturat comme en Quercy est le manque d'herbages et de fourrages, de paille même, souvent remplacés par le buis, le genièvre ou les feuilles de peupliers. Le 24 prairial AN IX (1801) est évoqué le problème de succession sur le moulin de la Guilloune. Le propriétaire actuel est Jean Baptiste ARMAND succédant à Louis BEAUMONT par vente par successeurs avant son décès mais délaissement demandé d'une partie du moulin. Biens consistants en maisons, jardins, terres labourables, vignes, bois, grèzes: deux corps de domaines: métairie basse Borie Redonde, Causse dans les communes de St Géry, Pasturac, Bears. En
attendant de prendre possession des biens, être institué réelle
dépendance. Par ailleurs une pièce datée du 28 prairial AN IV (1796) traite d'un procès avec le citoyen Beaumont après décès d'Antoine Cornède propriétaire habitant St Géry (le Conseiller au Parlement avait aussi abandonné Caors). L'inventaire qui y est établi signale sur la Guilloune, la part du moulin, une petite maison et la part d'iles dont l'une, la supérieure s'appelle la Brasse. Bien des zones d'ombre restent à éclairer, cependant s'ouvre ainsi l'ère nouvelle de la Guilloune sous la férule de maître Jean-Baptiste Armand et de ses descendants qui régneront sur la première partie du XIXème siècle. 5 LE XIXème SIECLE , LE DOMAINE BOURGEOIS En France, en général, la Révolution a permis aux paysans d'acquérir des terres nobles ou d'église devenues Biens Nationaux et vendues aux enchères. A une exception près et encore ces terres sont acquises directement du seigneur, ce n'est pas le cas à Pasturat. Les domaines passent directement et quasiment intacts des mains des possédants de l'Ancien Régime à celles des bourgeois enchérisseurs. Pour
Pasturat et la Guilloune, le démantèlement au profit des agriculteurs
commencera timidement après 1820 et ne s'accélérera qu'après 1850. A
ce moment d'ailleurs la démographie de la paroisse qui avait été
montante jusqu'à la Révolution va commencer sa lente décrue. Et c'est
au moment de cet accaparement des terres par les paysans que s'affirme la
dépopulation. Aussi depuis la fin du XVIIIème siècle l'abandon
progressif de l'exploitation de vastes espaces dans les causses avait
commencé. Cela Dans les premières années du siècle, Jean Baptiste Alain Armand, successeur de de Beaumont, va échanger, vendre des terres avec et aux autres propriétaires de domaines, les Cornède, Cambournac et surtout les Salgues Dabouysse, successeurs et héritiers des Nobles Pages de Gazelles, autre seigneurie de Pasturat. Ceci afin de remodeler son exploitation sans doute. Se mêlent à ces mutations, quelques ventes minimes à des habitants cultivateurs. Le 14 juillet 1807, un échange est établi entre j.B.A. Armand avocat à Cahors et Rosé Magot épouse de Jean Mignot qui s'était, avec son mari, installée sur le causse dans les premières années de ta Révolution. Valeur 100F donc petite mutation. Le 30 septembre 1813, vente de j.B.A Armand à Antoine Balitrand d'une terre labourable de 12,60a à Roucou pour un montant de 600F payé comptant (4762F l'ha). Le 4 juillet 1816, J.B.A. Armand, employé à l'Administration des Biens Réunis, vend à Madame Marianne Dablanc de Labouysse, épouse de Charles Salgues (qui sera maire d'Arcambal) une pièce de terre labourable sur Pasturat et d'une autre entière al Cloups pour 4600F payé comptant. A remarquer le changement de fonction de notre maître Armand. Il est une chose à dire à ce moment proche de la première Révolution industrielle: les nobles vivaient des rentes de leurs fiefs et des fruits qu'ils en tiraient. Les bourgeois travaillent ou ont une fonction souvent salariée et les rentes issues de l'agriculture de leurs domaines sont un complément qui ne fera que fondre devant l'extension de l'industrie et de ses profits et de la rente sur le capital. A nouveau, le 7 août 1817, vente d'une pièce de terre labourable à Antoine Balitrand. Superficie: 6,39a pour 300F payé comptant (4694F l'ha). Les parcelles mesurées selon les anciennes mesures de Caors sont exprimées en mesures métriques d'où leur complexité. Ces modestes biens ne sont acquis que par les plus "nantis" des agriculteurs du pays. Le
23 décembre 1820, J.B.A. Armand propriétaire habitant Cahors vend à
Dame Marie Anne Dablanc de Labouysse et Monsieur Charles Salgues son
époux, le petit domaine du causse comprenant grange avec padoutn, jeune
vigne et pâture joignants et séparés du dit padouin par un chemin, Par contre le moulin de la Guilloune n'est pas un bien dont on se débarrasse quoiqu'il ne soit pas sans exiger beaucoup de l'exploitant et du propriétaire et sans non plus poser bien des problèmes. Le 1 août 1822, des habitants de St Céry ont porté une pétition contre la construction d'un nouveau pertuis par le sieur Armand qui occasionne par la force des eaux des enlèvements de terre; une pièce entière est partie. Ils demandent des travaux pour éviter ce problème, aux frais d'Armand. Refus du sieur Armand au Préfet Marquis de Saint Félix le 14 juillet 1826. Nouvelle pétition demandant des travaux aux frais conjoints de l'Etat et d'Armand. L'administration reproche que des travaux aient été réalisés sans autorisation en 1802. On évoque également deux pétitions apportées au propriétaire en 1815 alors qu' Armand avait prolongé le bajoyer de 10m et ainsi fait un angle de 15dg avec le mur existant. Il faudrait également enlever les piquets plantés dans le banc des graviers et essarter les arbustes. (99 51). Monsieur Armand gèrerait-il trop légèrement ses affaires? Ce problème n'est pas nouveau puisqu'il semble prendre naissance avec la reconstruction du moulin après 1801. En effet une pétition de J.B.A Armand est adressée à l'Administration pour le rétablissement du passelis vis à vis le pas volant une digue ou massif de 20 toises de long (37,44m) adossé à la terre ferme. Cette digue évitera les crues d'emporter la terre et les bateaux de s'échouer en cas d'étiage. Autorisation accordée par le Citoyen Préfet, de rétablir le passelis à l'extrémité de la digue de son moulin. Se conformer à l'Arrêt du Conseil du 7 juillet 1782. La largeur: 5 doubles mètres, longueur du bajoyer de 10 doubles mètres, 32 cm de chute. Seuil supérieur: 65cm et profondeur au-dessus de la ligne des basses eaux. (99S1). Et le meunier Pierre Milhau? Il prend à bail à ferme, le 1er juillet 1821, le bac de St Géry. Cela n'appartient pas à la Guilloune mais concerne bien les habitants de Pasturat même si ce bac est avant tout destiné aux habitants de St Géry. En voici les termes: Le
Maire de St Géry est représenté par Jean Faurie propriétaire aux
Masseries et Adjoint au Maire depuis 5 ans au premier janvier prochain. Le 6 janvier 1824, J.B.A. Armand baille à ferme à Jean Marques dit marchand et François Magot 1ha de terre au Canabal (chènevière) au prix annuel de 3hl et 4 dal (4 quartes) de blé froment bon, sec et net au mois d'août: évalué 50F. 200F payable '', en avril sur 9 ans. Toujours
la référence aux anciennes mesures toujours en usage certainement chez
les paysans. Le 9 décembre 1824: bail à Jean Baptiste Loulmet 44a à la Sorte Redonde pour 80F annuels. Le loyer est de 7dal 6l de blé. A remarquer la part du loyer en nature. Pour le même agriculteur, J.B.A. baillera le 13 décembre 1829, 1 chènevière dans la plaine pour 60F annuels. C'est alors qu'une autre culture à fort rendement numéraire s'impose à Pasturat: le tabac. C'est en 1810 que le Lot fut inclus dans les douze départements autorisés à la culture du tabac. En effet, le 30 décembre 1826, J.B.A Armand baille à Pierre Fargues 20a de terre arable à la Coustanelle avec possibilité de faire sécher le tabac dans la maison et l'écurie dite la maison haute au prix de 40F annuels sur 9 ans. Plusieurs remarques sont intéressantes à faire. La première: le prix de location à l'ha pour le froment est de 200F, pour le tabac, 40F/ 0,20X 5= 200F. Le problème du séchage: une maison non habitée, celle de la métairie haute, la mode est inventée. Elle dit aussi que les terres se regroupent, que les logis s'abandonnent parce que la population diminue en nombre. Enfin, j'ajouterai que ce texte notarié est le premier que j'ai rencontré qui fait mention du tabac, ce qui ne signifie pas que le tabac ne fut déjà cultivé à Pasturat. Le 1 décembre 1833, J.B.A. Armand baille à Jean Baptiste Loulmet 80a de terre labourable à la Borie Redonde, 24a au chemin Grand, 24a sous lous Brouals et 100a au Pré pour 9 ans et 420F annuels. Utilisation possible des bâtiments du dit Armand pour serrer le tabac.: 2,28ha pour 480F= à peu près 210F I'ha. Faible augmentation ! Ce qui semble augmenter c'est les surfaces proposées à cette culture. Par ailleurs il est bon de savoir que J.B.A Armand est contrôleur des Tabacs de la Régie Royale à Cahors depuis au moins 1824. Revenons aux ventes aux agriculteurs: (3E714) Le 27 avril 1823 J.B.A Armand habitant Cahors vend à Charles Delsol et à Etienne Delsol son fils, maîtres de bateau, 20a sous les Brouals et 20a aux Saoulas pour 2000F, 1800F sont payés comptant, les 200F le seront à la St Jean prochaine (24 juin): prix à l'ha: 5000F. Le monsieur a besoin de liquidités et les maîtres de bateau gagnent bien leur vie, périlleuse certes. Le
19 ami 1823, vente à Antoine Loulmet de 17a 67ca aux Saoulas pour 1000F
(5650F I'ha!), 17,67a= 5 boisselats anciens. Le
24 juin 1823, à Jean Ausset 20a au Brouals et 20a aux Saoulas: 1880F dont
1200F comptant (4500F l'ha). Le 18 juillet 1823, vend à Jean Baptiste Loulmet et Louis Loulmet, prêtre Recteur à Valroufié (seul prêtre né à Pasturat à ma connaissance), à Louise sa soeur une petite terre à Roucou 20a, 1000F comptant. A Jean Baptiste Loulmet et Magdeleine Balitrand, 25a 62ca sous Lou Brouals. Bornée. 1500F dont 1040 payés comptant: 5854F l'ha. Les acheteurs savent-ils compter ou la terre du Brouals vaut-elle mieux que celle de la Rivière ? A
François Lapergue 242ca de terre labourable à Lou Brouals pour 50F
payés comptant. Ces documents ne concernent pas directement la Guilloune mais illustrent les prémices d'un futur démembrement des domaines bourgeois au profit des habitants qui doivent certainement beaucoup travailler et beaucoup économiser pour acheter ces petits lopins de terre. Le
9 décembre 1824, J.B.A.Armand baille à ferme pour 9 ans par lots de 44a
pour 80F et 15dal de blé froment ses terres à la Rivière à un certain
nombre d' habitants dont je me plais à citer les noms: Raymond Balitrand,
Joseph Guiral, Antoine Loulmet Rigalou, Antoine Vinel, François Lapergue,
Bernard Marques, François Fargues. Cette longue litanie de textes de ventes et de baux, apparemment fastidieuse à lire nous fait cependant entrer dans la vie du hameau et nous matérialise des ombres, ceux des êtres qui ont fait cette terre. Dans d'autres actes nous aurions trouver les noms de Pierre Fargues, Pierre Brassac, Antoine Périé, Jean Sembel, François Loulmet, Guillaume Marques Mauri sabotier auquel est loué un bois aux Tertres autrement appelé Lou Brouals de Roucou. Toutes ces personnes nous les retrouverons bien vivantes dans une étude ultérieure. On
peut aussi s'apercevoir que les toponymes n'ont qu'une durée de vie
limitée dans le temps et qu'ils meurent dans la mémoire des habitants
pour faire place à de nouveaux vocables. Le 31 mai 1840: ...entre Pierre Edouard Armand de Cahors, Dame Marie Antoinette Mathilde Armand, veuve Bladinières, Léon Théodore Armand, Etienne Emile Armand employé des Tabacs, soeur et frères avec le pouvoir de vendre le Domaine de la Cuilloune à Etienne De/sol propriétaire cultivateur et Françoise Labro, son épouse, pour une petite pièce de terre; petite chènevière partie basse à la Rivière... Remarquons qu' Etienne Delsol a abandonné le bateau. Il est propriétaire cultivateur. Il n'y a pas si longtemps, lui et ses voisins étaient des brassiers, des bordiers, métayers et laboureurs, ils sont devenus propriétaires. Or, ils le sont pour si peu ! A peine plus qu'il y a 30 ou 40 ans quand ils ne possédaient qu'un jardin, un lopin de terre, une pièce de bois ou de grèze. Le 18 février 1845, ventes faites par Léon Armand propriétaire à Pasturat pour Monsieur Pierre Edmond Armand, Inspecteur à la Banque Union à Paris, Emile Armand, employé de l'Administration des Tabacs à Dumazan (Lot et Garonne), Dame Mathilde Armand...colonel à Cahors (veuve de), dans le cadre de la succession de J.B.A., à Etienne Balat, Jean Ausset, François Andrieu, Pierre Dajean, Bernard Marques Mauri (Prix à l'ha: 7800F). Ces ventes ont pour but d'éponger les dettes commises par J.B.A. Le 6 octobre 1854 (3E715) est une date importante puisque le moulin et une partie du domaine, enfin ce qui en reste, va changer de mains.En effet à cette date, un échange est conclu avec Raymond Cayla des Masseries et Auricoste de St Géry. Le
moulin de la Guilloune avec tous ses agrès et bêtes de somme. Toujours l'importance des bêtes de somme pour un moulin puisque le meunier est chargé du transport des grains à l'aller et de la farine au retour chez le client. A remarquer également le changement de vocabulaire; le revenu a remplacé la rente. Un détail tout à fait anecdotique: notre Léon Armand est poète. Il est cité dans l'Anthologie des poètes quercinois. Le 12 décembre 1859, Raymond Cayla, fermier du bac de St Géry pour 6 ans rétrocède à Jean Rigouste et Jean Lagarrigue pour 300F annuels la ferme. Sont à leurs frais les agrès, cordes, le bateau et le passe-cheval. Le passage sera gratuit pour la famille, les domestiques et les meuniers de M. Cayla. Ce texte et le précédent en disent assez long sur l'aisance et tes biens de M. Cayla qui est aussi fermier du bac de Conduché. Le nouveau propriétaire va louer à bail à différents travailleurs de Pasturat. je cite quelques uns de ces baux car ils nous informent sur les plantes cultivées, les procédés utilisés, l'occupation des sols... Le 28 juillet 1867, Raymond Cayla baille à ferme à Pierre Marques 63,80a de terre la bourable entière la Borie Redonde pour 187,50F annuels à la remise des tabacs, à Pierre Poussou (notre premier cantonnier sur le village) 63,80a, pièce attenante à la précédente pour le même prix. Cela pour 9 ans. Pierre
Marques aura droit à la récolte de noix (plantation d'arbres sur les
terres labourables: technique à nouveau recommandée en 2002). On peut juger de la précision et de la rigueur apportées aux procédés techniques à utiliser pour respecter les sols et le rendement conjugués. Une telle "sagesse" nous confond à l'heure actuelle ou le respect n'est guère plus de mise aux champs. A remarquer aussi, une tradition dans un pays où le sol est rare. On possède un autre métier, voire plusieurs, celui d'agriculteur ne suffisant pas toujours. On retrouvera les mêmes spécificités dans le bail suivant: Le
14 octobre 1869, Raymond Cayla baille à Joseph Mignot cultivateur au
Causse 19,14a de terre labourable et vigne à la Borie Redonde. Nous pouvons remarquer deux choses. Les baux étaient établis jusqu'au début du siècle à partir du mois de décembre pour la plupart d'entre eux. Cela ne semble plus le cas. Par ailleurs le terme de "défoncer" pour labourer, car il s'agit vraiment de défoncer le sol en surface et d'en briser les mottes à la pioche ou au bident, d'épierrer ensuite si nécessaire. Le défonçage se faisait normalement en croisé, d'où la forme proche du carré des parcelles. Cependant ici, le sens unique semble s'imposer. Serait-ce la conséquence de l'utilisation d'une charrue, machine qui effectivement commence à être rencontrée dans les inventaires après décès de l'époque à Pasturat. Nous
terminerons ces baux par cette vente datée du 4 mars Pour terminer le XIXème siècle, et nous n'aborderons le XXème que pour tout ce qui concerne le moulin sur le plan technique, je signalerai, pour le 14 août 1906, le passage d'un cyclone qui a détruit toutes les récoltes, déraciné les arbres, mis à terre les vignes, endommagé toutes les maisons, granges et édifices publics. La perte évaluée chez M. Cayla s'élève à 4000F. Ce cataclysme météorologique, qu'on dirait maintenant centenaire s'est reproduit sous une forme un peu moins violente le 7 juillet 1981. Je n'ai rencontré jusqu'ici que peu d'informations concernant la construction, les réparations, le fonctionnement technique, l'exploitation du moulin. Pour compléter ces connaissances, on peut interroger le récent ouvrage de Françoise Auricoste: Les Meuniers en Quercy aux XVIIème et XVIIIème siècles", édition du Roc de Bourzac. Le
9 nivôse AN II (1794): un état des moulins de la commune de Galessie
cite un seul moulin en ruine à Galessie. Comme les terres, les moulins
ont été négligés ou abandonnés. Par ailleurs un état du prix du
moulage nous informe que, le grain étant voiture par le meunier: il en
coûte Cet état prouve certainement que plus aucun moulin ne fonctionne sur la commune et en particulier, celui de Pasturat. Par ailleurs, le moulin est vendu et baillé à ferme en 1799. Des travaux ont du être effectués alors. Puis en 1801, il est considéré comme ruiné. Mais nous savons aussi que des travaux importants ont été réalisés à partir de cette date. En 1806, un état de la navigation sur le Lot évoque le moulin de l'Iffernet. Il ne concerne pas notre étude mais il est voisin et nous intéresse. On y apprend que la fontaine (source ou résurgence) qui l'alimente est d'un débit considérable: Cette fontaine sort d'un rocher escarpé sur la rive gauche du Lot. Les eaux sont contenues dans un très beau réservoir et font aller au moulin à 2 meules appartenant à Monsieur de la Romiguière. Sa chute forme une cascade se jetant dans le Lot. Elle est située dans la commune de St Géry à 7200m de l'embouchure du Celé. Pour
1837, nous avons un état des chemins. Citons ceux qui conduisent au
moulin: En
1839 ce chemin mesure: longueur 600 m, largeur: 4m. Arrivent les travaux de construction des écluses, ce qui apporte quelques perturbations. Des problèmes apparaissent avec l'administration qui reproche aux co-propriétaires du moulin d'avoir rempli leurs obligations d'entretien jusqu'au 14 août 1860 et que depuis, ceux-ci considèrent que les détériorations ont été produits par les travaux engagés par l'administration. Il faut ajouter qu'un accord s'était fait entre l'administration et les propriétaires lors de la reconstruction de la chaussée. Ces derniers assuraient l'entretien de la chaussée à leurs frais mais ne payaient aucun droit à l'Etat. Le 17 février 1862 les 3 co-propriétaires sont mis en demeure de fermer immédiatement à l'aide d'enrochements formés de gros blocs de: 0,30m (?) et au-dessus, où des petites brèches se sont produites sur 20 m dans la partie du barrage de St Géry, voisine de l'île. Le 24 juin 1862, les sieurs Raymond Cayla, Victor Conduché et Jean-Louis Dablanc, co-propriétaires du Moulin réclament des indemnités pour le préjudice subit après travaux sur la digue ayant modifié le débit des eaux (existence légale avant 1566). Mais
les travaux leur rapportent: moins de perte en étiage d'une valeur de
100F annuels au capital de 2000F pour la substitution du canal au pertuis,
alors qu'avant ces travaux, la digue (à entretien à leurs frais)
présentait des besoins de gros travaux estimés 3000F, somme qu'ils
doivent à l'Etat. Enfin,
pour 1904, nous possédons une description technique. Nom de l'usine:
Barrage de St Géry Un
plan d'électrification est accepté le 15 mars 1931.
Nous connaissons les propriétaires, nobles et bourgeois, quelques uns des fermiers, il nous reste à connaître les travailleurs, les meuniers et leurs domestiques. Il faut bien dire que ces derniers ont laissé peu de traces dans les archives. Ils sont comme des ombres qui apparaissent fugitivement dans un acte notarié et disparaissent à jamais. Mêmes les actes d'Etat Civil sont d'une grande discrétion. Si certains meuniers sont "lisibles", c'est parce qu'ils se sont inscrits dans la durée, une lignée. Ainsi des baux à ferme, des actes de mariages, naissances et de décès nous parient d'eux. Mais les domestiques, présents sur le moulin, certainement pour trop peu de temps, embauchés sans contrat, n'ont laissé que très peu de traces. Et pourtant n'étaient-ils pas alors les vrais ferments de vie du village? N'était-ce point eux qui passaient en chantant ou criant sur leur mule chargée de sacs? N'était-ce pas à eux que chaque habitant avait à faire pour la mouture du grain dans le but de faire cuire le pain quotidien? Pas de contrat donc de travail, pas de trace d'accidents et il dut bien y en avoir. Les informations qui suivent sont évidemment très lacunaires et imprécises sur les causes d'une apparition ou d'une disparition. Le bâtiment lui-même, trop souvent exposé à la fureur d'une rivière sauvage et non maîtrisée, a été maintes fois endommagé ou détruit, puis reconstruit. Nous le supposons mais nous n'en avons pour l'instant aucune preuve. Enfin n'oublions pas que le moulin pouvait se trouver en chômage pour une période plus ou moins longue en raison des crues, de l'étiage ou des grosses réparations, j'allais dire rituelles. Voici donc quelques dates et quelques noms. Le
15 février 1692, baptême de Marguerite Lagarde, fille de Guillaume
meunier, et de Gabriel le Espéret au moulin de la Guilloune. Le 2 octobre 1742, baptême de Toinette Labro, fille d'Antoine, de Jeanne Combes habitant le Repaire de la Guilloune. Le parrain est Antoine Carrié tisserand et la marraine Toinette (...?). Voici peu de temps après un nouveau meunier. Est-ce un domestique? Est-il associé à Milhau? A remarquer par ailleurs le vieux terme de repaire haut médiéval. Il désignait alors un fief attribué ou auto-attribué à quelque chevalier de récente extraction de la tourbe paysanne. Une tour et un manoir seigneuriaux en constituaient le principal immobilier. Souvent placé sur une voie de passage, ici le Lot, il se nourrissait des péages imposés aux voyageurs et manants. En janvier 1744, mariage d'Antoine Milhau, fils de Pierre meunier et de Marie Lagarde avec Marguerite Balitrand fille d'Antoine laboureur et Marie Magot. Témoins: Marie Milhau, Raymond Cayla, brassier des Masseries. Ce dernier, un Cayla, est encore un bien modeste travailleur. Les
Milhau est l'exemple même d'une dynastie de meuniers, chose courante en
Quercy et ailleurs. La place devait être disputée. Pour y accéder, il
fallait déjà être un peu fortuné. Mais le travail ne manquait pas.
S'ajoutait à cela une relative honnêteté qui ,ajoutait aux revenus
légaux. Aussi les meuniers avaient triste réputation. Il fallait veiller
aux poids au départ et à l'arrivée. Le meunier avait droit au 1/24ème
du poids de la mouture. Lieu
de la Guilloune, paroisse de Pasturac en Quercy avant midy,Antoine Brassac
dit Laroche travailleur du lieu de St Céry, lequel de gré sans être
séduit ny suborné et pour les bons et agréables services qu'il a reçu
et espère recevoir à l'avenir d'Antoine Labro travailleur aussi habitant
du même lieu, donation pure et simple entre vifs et a jamais irrévocable
au dit Labro icy présent et acceptant de tout et chacun des biens à luy
présentement appartenant. Ainsi
assurait-on ses vieux jours lorsque son travail quotidien ne vous avait
pas enrichi de biens "rentables". Plus tard un reçu du 15 avril 1754 nous précise: Antoine Labro, fermier de la Guilloune, domaine et autres droits seigneuriaux habitant la Guilloune a reçu avant la passation d'Antoine Milhau, meunier à St Géry 30L pour le droit de lodz que Labro pourrait prétendre sur les acquisitions faites par Milhau. ( 3E 721 ). Ainsi
Antoine Milhau a succédé à Antoine Labro, SOL de droit de lodz
représentent les droits seigneuriaux sur les mutations des biens
immobiliers. Contrat
de bail entre le Seigneur de Beaumont et sa Dame propriétaire Jean
Guillaume Cornède avocat à Caors, Pierre Mourgues mandant et fermier et
Pierre Milhau, meunier concernant le moulin de la Cuilloune: Nous avons déjà rencontré ce texte mais il est intéressant de le réintroduire ici. Il semblerait que le prix est au forfait fixé sur un nombre de jours de mouture établi arbitrairement (et la rente). J'ajouterai pour tout ce qui concerne le travail technique exigé pour le fonctionnement du moulin tel qu'il apparait dans ce texte, qu'il est utile de consulter l'ouvrage de Françoise Auricoste sur les moulins et meuniers en Quercy aux XVII et XVIIIèmes siècles. Je cite le contrat de mariage suivant bien qu'il ne concerne pas la Guilloune car il fait entrer en scène des familles qui auront un rôle à jouer au moulin de Pasturat dans les décennies voire le siècle à venir. Le
7 avril 1769, Raymond Cayla fils d'autre laboureur et feue Marie Milhau
habitant les Masseries, La famille Cayla fait partie de ce qu'on appelle de riches laboureurs. Rappelons nous de ce travailleur qui offrait son pauvre bien d'une valeur de 100L au meunier chez qui il travaillait. En
1807, un reçu de Pierre Milhau nous informe qu'il est meunier à St
Géry, c'est à dire soit à la Guilloune, soit à l'Iffernet. En 1821, Pierre Milhau prend à bail à ferme le bac de St Géry. Cette prise en charge du bac par le meunier était assez courant. On pourrait ajouter la ferme de la pêche sous l'Ancien Régime mais nous verrons ceci dans l'étude sur Pasturat. Nous sautons à 1862, le 18 juillet, au testament de Louis Cayla cultivateur à la Guilloune où celui-ci lègue tous ses biens à Louis son petit neveu, fils de Raymond. Je peux citer encore quelques fantômes: Marie Fourgous 23 jours, fille de Jean Louis et Thérèse Mathurin, ouvrier au moulin, décédée le 1er juillet 1789. Sans ce drame, nous ne connaitrions pas les noms de ces modestes travailleurs qui n'ont fait que passer. Ils représentent, avec Ortance Mazembert, fille de Firmin et Rosé Louvet, décédée le 8 avril 1890, tous ces humbles travailleurs qui ne laissent aucune trace, qui ont modelé cette terre et ce paysage et qu'on a vite oubliés. Je
terminerais par un accident dont a été témoin le moulin sans y être
responsable de quoi que ce soit. Les transports par gabarre s'effectuaient lors des hautes eaux La rivière non canalisée, encombrée d'ilôts et de bancs de sable, élargissait son lit et sa profondeur irrégulière et souvent insuffisante ne rendait pas la navigation possible au-delà de quatre ou cinq mois, en général en hiver. Dans le cas présent nous avons à faire à une crue exceptionnelle en fin d'été. A remarquer les patronymes des "matelots" qui ne sont pas d'ici comme le sont les sauveteurs. Quelques documents provenant des archives privées de Monsieur Cayla, descendant de l'un des anciens propriétaires du moulin apportent quelques informations supplémentaires. Nous sommes en 1858 pour commencer. Deux éléments se combinent alors pour provoquer quelques problèmes: la construction de l'écluse de St Géry qui vient de se terminer et qui se répercute sur la chaussée par une modification des flux et un précédent accord entre l'Administration et les propriétaires laissant à la charge de ceux-ci l'entretien de la chaussée contre une non-imposition sur le moulin. Un rapport daté du 22 juin 1860 explique que le pertuis vient d'être remplacé par une écluse à sas construite au bout d'une dérivation établie à l'aide d'une digue parallèle à la rive et venant s'accoler à l'ancienne chaussée. L'ensemble exhausse le niveau de l'eau. Les ingénieurs en concluent qu'en conséquence, la force motrice du moulin en est accrue et que par ailleurs, lors des étiages, le moulin ne subit plus de chômage. Les propriétaires, Cayla, Dablanc et Conduché ne sont pas d'accord avec ces conclusions et se plaignent de graves préjudices pour lesquels ils réclament des indemnités. Deux experts sont nommés et rédigent un long rapport dont je ne donnerai que le résumé. On y apprend d'abord que la dérivation et l'écluse ont été construites dans les années 1857-1859. On y reconnaît le bien fondé des réclamations. La chaussée et le niveau du barrage avant construction de la dérivation étaient suffisants à la bonne marche du moulin. La chaussée alors, protégée par des bancs de sable et îlots n'exigeait aucun entretien. La suppression de ces bancs permet maintenant aux eaux d'affouiller et d'endommager la chaussée. Les travaux ont accru de 30 à 100% les forces d'affouillement. Aussi trois brèches se sont ouvertes et l'administration devraient les refermer à ses frais. Cependant l'administration à plusieurs reprises met en demeure les usiniers de fermer les brèches à leur charge. Un Arrêté du Conseil de Préfecture du 24 juin 1862 statue sur l'affaire dans le sens de l'administration. On peut imaginer que les propriétaires ont rédigé une pétition au niveau hiérarchique plus élevé puisque cet Arrêté est annulé par décision ministérielle et impériale. Nous sautons quelques années et en 1868 un rapport de l'Ingénieur ordinaire décrit ainsi le barrage: Le barrage de St Géry accolé à la digue de la dérivation de ce nom est un des plus vieux barrages en enrochements du Lot. Formé de petits matériaux, il est sujet à des avaries fréquentes qui ne peuvent éviter un grand développement et la faiblesse de sa chute, aussi est-il sans cesse renouvelé et, contrairement à ce qui a lieu pour les anciens barrages, il n'a pas été partiellement étanché par les dépôts qui s'accumulent d' ordinaire entre les enrochements et présente, en outre, une direction offensive pour la digue de la dérivation. Enfin le dernier ouvrage est fondé sur un enrochement et ne maintient pas la retenue sur la moitié de sa longueur qui n'a pas été étanchée. Il résulte de cet état de chose que le bief de St Géry est très maigre pendant l'été et que la navigation est exposée à voir disparaître d'un moment à l'autre le barrage qui est fort mal entretenu par les propriétaires de l'usine qu'il alimente et n'offre plus qu'une très faible résistance aux actions des crues et des glaces flottantes... Il y a bien longtemps qu'on a vu des glaces flottantes ! Le projet est un nouveau barrage construit en aval avec l'adjonction de deux pertuis permettant le réglage des flux. Sa chute à l'étiage sera de 2,19m et son développement de 135m non compris une branche de 60m faisant partie du barrage actuel et faisant office de déversoir près de l'usine et qui est en très mauvais état. L'exhaussement des eaux en étiage sera de 0,50m. Les berges sont assez hautes pour ne pas en souffrir. Le rapport ajoute qu'il était naturel d'exiger une subvention de la part des usiniers si l'administration se chargeait des travaux d'entretien. Mais le moulin est de faible importance, sa clientèle minime, conséquences de la présence proche d'autres moulins. En fait l'administration pourrait renoncer à exiger toute indemnité fixée sur la plus value occasionnée par ces travaux puisque cette dernière ne peut être que minime et que la force motrice ainsi acquise dépasse les besoins du moulin. Le nouveau projet, bien que coûteux, évalué à 85000F et dépassant de 5000F la première estimation semble devoir l'emporter. En effet restaurer l'ancien barrage reviendrait à 140000F. Le nouveau, de type vertical et entièrement maçonné serait plus solide. Les propriétaires, Raymond Cayla, père et fils et Victor Conduché s'engagent à ne pas réclamer d'indemnité pour le chômage et la disparition partielle ou totale d'île et d'îlot, suites des travaux de construction du nouveau barrage. Cela représentera leur participation financière aux frais engagés pour un ouvrage qui doit améliorer l'exploitation du moulin. L'administration se chargera, elle, de l'entretien futur du barrage. En
1873, le service de la Navigation du Lot recharge la branche du barrage
attenante au moulin. En 1893, Monsieur Raymond Cayla, Maire de St Géry et propriétaire du moulin de la Guilloune, demande à l'administration d'entretenir le barrage où l'eau s'infiltre puisqu'elle s'y était engagée en 1868. Cette demande est réitérée en 1904, en 1919, ajoutant que la construction d'un batardeau résoudrait ce problème d'infiltration. Apparemment, l'administration fait la sourde oreille, en accusant d'ailleurs l'usinier d'être responsable des dommages pour lesquels il réclame des travaux: il aurait fait une coupe d'arbres qui protégeaient le barrage des dits affouillements. En 1928, donc après la crue centenaire de 1927, Raymond Cayla expose que la chaussée de St Céry a été endommagée gravement et qu'une brèche profonde s'est creusée et continue de se creuser. Il insiste à nouveau pour que l'administration réponde à ses devoirs de réparation. Mais un décret du 28 décembre 1926 a rayé le Lot des voies navigables... En 1945, on annonce la fin du rationnement en pain pour octobre ou novembre. La meunerie du Lot désire s'organiser pour pouvoir affronter l'augmentation de la demande dans un cadre de liberté d'exploitation retrouvée. Ainsi créérerait-on l'organisation l'Union Meunière du Lot. En 1949, un procès verbal de recolement constate la qualité des travaux effectués au barrage. A remarquer qu'on engageait des travaux, coûteux de toute façon, pour un moulin de faible importance mais certainement encore utile en cette période de pénurie de l'après guerre. En 1954, Monsieur Cayla ayant commandé la fermeture de l'écluse, un certain nombre d'habitants de St Géry veut s'y opposer et rédige une pétition. Pour éviter des inconvénients graves pour l'usine, l'administration confirme la fermeture de l'écluse. ... / ... |
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