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La paroisse |
Mentionnons tout d'abord, pour les temps préhistoriques
un lieu de Peyrelevade, appelé Pecharual dans les confronts de 1277. |
La communauté de Béduer avait deux paroisses, toutes
deux mentionnées dans le testament de Sibylle de Panat, veuve d'Arnaud II Barasc (1268) :
Saint-Etienne et Saint-Pierre. |
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Saint-Etienne |
Etait-ce la chapelle de Béduer qui fut donnée aux
Hospitaliers et cédée en 1299 à l'évêque de Cahors, avec Sainte-Neboule, en échange
de Saint-Médard de Presque donné à l'Hôpital Beaulieu ? Cependant, le testament de
Sibylle de Panat distingue la chapelle des deux églises de Béduer. Quoiqu'il en soit,
l'évêque unit St Etienne, en 1318, à la mense de l'abbé de Figeac, qui en fit un
prieuré de son monastère. Ce prieuré fut uni, lors de la sécularisation, à la mense
du chapitre en 1536. 1428 Pierre Péret, témoin au testament de Dorde V. Un vicaire
perpétuel était chargé du service (de 1459 à 1476, Géraud du Bouyssou (note
Champeval)). Vers 1355, l'église était possédée par Dorde de Lentillac ; en son nom,
son père, Durand II avait arrenté la dîme de la paroisse (blés, vins et foins) à 300
sétiers. Un peu plus tard, Dorde vendait 100 sétiers froment et 100 sétiers avoine au
prix de 24 sous et 6 den. t. et 12 s. 6 d. le sétier (Peut-être tenait-il ces dîmes de
l'abbé Géraud de Lentillac). En 1393, André Yvern permutait avec Raimond de Masières,
recteur de Lentillac. |
En 1495, Pierre Lacassagne permutait avec Antoine de La
Roque, curé de Calvinet en Auvergne ; ce dernier résignait, en 1527, en faveur de Louis
de La Roque, lequel, à son tour, résignait en faveur de Guillaume Granié. |
En 1732, Pierre Maynard, recteur depuis 1700 au moins,
étant mort, la cure est donnée à Guillaume Louis Sol, ancien vicaire de Caussade. En
1761, le curé était Jean-Baptiste Delbos, originaire de Faycelles, ancien vicaire de
Camboulit. Il résigna en 1790 et fut remplacé par Jean Roques, du diocèse de Rodez, qui
prêta le serment constitutionnel. |
L'église Saint-Etienne n'existe plus : elle se trouvait
située non loin du Célé, près du hameau de Bedigas. |
Il y avait une chapellenie dont le patron était le
seigneur de Béduer. Le titulaire à la fin était m. d'Estals. Elle avait le nom de
chapellenie de St-Claude, sans doute fondée par Claude de Balzac, femme de Dorde VII. |
La paroisse comprenait 250 communiants vers 1761. |
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Saint-Pierre d'Hauterive près Béduer |
En 1343, Quercy des Rosières qui avait résigné le
prieuré séculier de l'église d'Hauterive au diocèse de Cahors, pouvait revenir sur sa
décision ; il permuta, en 1345, contre des églises des diocèses d'Agde et de Mirepois,
avec Bernard Vinade, auquel nous trouvons, en 1349, les titres de chanoine de Bordeaux et
de Saint-Aignan d'Orléans. Cette même année, le prieuré ou église de Saint-Pierre
d'Hauterive près Béduer (proche les remparts) était conférée à Jean Mejani. Ce
dernier permute, en 1355, avec Pierre Faydit, contre l'église de Loupiac. Celui-ci eut
pour successeur, plus ou moins médiat, Pierre Mejani ou Meja (peut-être Mège), du
castrum de Béduer, archiprêtre en même temps de Saint-Didier d'Avignon, vers 1383-1385. |
1428, Pierre Jurique [ou Junque] témoin au testament de
Dorde V. |
Nous passons à la fin du siècle suivant. En 1481, Hugues
de Balens (famille agenaise qui eut des possessions à Luzech) était témoin dans un acte
de l'infirmier de l'abbaye de Figeac. Il fut remplacé par son neveu Jean de Balens qui
paie le 3 juillet 1495 le droit d'annates à la fois pour l'église paroissiale de
Hauterive et pour le prieuré Saint-Pierre dudit lieu. L'oncle gardait une pension. La
bulle nous apprend que la vicairie (sine cura !) et le prieuré donnent 30 francs
d'or de revenu. Après lui dut venir Gui de Balens, qui fut en procès avec me Bernard
Brosse ; il était mort en 1526 ; un acte incomplet du fonds du Parlement de Toulouse
semble indiquer même que le procès avait amené des violences, François et Gui de
Lentillac ayant pris le parti de Gui de Balens. |
La cure passa à Jean Salgues qui résignait en 1547, en
faveur d'Antoine Galiot (était-ce un bâtard de Galiot de Ginouillac ?). |
En 1563, Pierre de Lapeyre recteur de l'église
paroissiale de Saint-Pierre de Hauterive du lieu de Béduer était en difficultés avec
diverses personnes, en même temps que le curé de Faycelles : Antoine Laurency lui
disputait sa cure et Pierre de la Grèze celle de Faycelles. Tous deux furent maintenus. |
Au début du XVIIè siècle, deux membres de la famille de
Palhasse, de Figeac : Balthazar Palhasse résigne en 1605, en faveur de François
Palhasse. Celui-ci avait vu spolier la cure de ses revenus par les seigneurs voisins et
leurs sbires : en 1611, François-Louis de Lostanges, sieur de Béduer ; Marc de Cornély,
sieur de Camboulit, Lagarde, La Rouffié, fils ; le capitaine Malbec, le capitaine Tie, le
Suisse Laverdure, Méric, fauconnier du seigneur Lostanges, furent condamnés
solidairement à 3000 livres d'amende, dont moitié payable au trésor, moitié au curé. |
C'est peut-être cette chapelle qui aurait été en la
possession de Arnaud Meriguet, curé (sic) de Notre Dame de Hauterive, fait chapelain de
Coty en l'église Saint Laurent de Cahors en 1509. |
Antoine Dupuy, originaire d'Autoire, fut installé le 19
avril 1674 (peut-être succédant à autre Antoine Dupuy), par le curé de Gréalou ;
présent le vicaire de Béduer : Jean Teulières, originaire de La Naurette ; le compoix
de 1700 porte le nom de Jean Drulhe, prêtre et prieur. Il était venu là, de Loubressac,
ayant permuté avec Antoine Dupuy (procuration pour résignation : 28 mai 1696). Il eut
entre autres vicaires Pierre Destal qui lui succéda en 1715. On trouve encore Destal en
1762, c'est probablement un neveu. En 1764 me François Guillaume Rouzet qui mourut en
1777 ; il avait en même temps une chapellenie dans l'église de Planioles. Le 19 février
on installait Me Jean Soulery. Il refusa de prêter le serment constitutionnel. |
Les deux paroisses de Béduer et Sainte Neboule faisaient
partie de l'archiprêtré de Figeac ; elles furent rattachées à la congrégation foraine
de Carayac. |
On indique un oratoire : Champeval le met sur le chemin de
Béduer à St Etienne ; cf. un terroir Notre Dame qu'il met en la paroisse St Etienne,
près la Tolatie [?] [Note : C'est peut-être cette chapelle qui aurait été en la
possession de Arnaud Meriguet, curé (sic) de Notre Dame de Hauterive, fait chapelain de
Coty en l'église Saint Laurent de Cahors en 1509. |
Serait-ce la chapelle dont il est parlé dans le testament
de Sibylle de Panat, bien distincte des deux églises ? |
Malaudie. M Champeval la situe sur le chemin de Fontieu. |
L'Hospital nommé dans les confronts. |
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Sainte-Neboule |
Il est bien difficile de savoir quel est le saint ou la
sainte qui a donné ce nom à cet hôpital. On trouve ce nom écrit de toutes les façons
: Saint Lobère [?], dans Doat Sainte Lapale, sancta Lobola dans le Codex
privilegiorum ep. Cad.. Sancta Anabolae dans le pouillé Dumas, sancte
Hoboloe dans la Serie de Lacroix. |
La première mention est de 1299. C'est l'acquisition de
cet hôpital par l'évêque Sicard de Montaigu. Il donne aux religieuses de
L'Hopital-Beaulieu fondé comme l'on sait, par la famille de Thémines, l'église de
Saint-Médard de Presque et elles lui donnent deux choses qu'elles tiennent de leur
fondateur, l'Hopital Saint-Lobère et la chapelle de Béduer. Le chapelain de
Saint-Médard sera à la présentation de la prieure de Beaulieu qui devra lui fournir
pour sa pension 50 livres caorsines. Comme garantie de cette pension, aussi
s'engageait-elle à payer chaque année 20 sétiers de froment, mesure de Figeac, et 18
sols caorsins sur le catrum de Camboulit et sur celui de Corn ; elle devait donner en
outre 5 sétiers de froment dus par le chevalier Dorde de Séguier et 50 livres une fois
données ; enfin elle abandonnait des maisons situées à, Figeac dans les Hortes
(jardins) d'Aujou. |
L'évêque Raymond Pauchel céda, à son tour, à Arnaud
de Barasc le domaine (affarium) de Sainte-Neboule pour avoir la partie de la
juridiction de Cajarc qui appartenait à ce seigneur. L'administrateur de la mense avait
vendu les revenus de ce domaine 50 livres tournois. L'échange entre Arnaud Barasc et
Raymond Pauchel n'ayant pas été terminé au moment de la démission de l'évêque, le
roi avait fait mettre le séquestre sur Sainte-Neboule, des cautions furent fournies par
le seigneur de Béduer, et le séquestre fut levé. |
Dès cette époque, Sainte-Neboule, comme domaine, reste
possession des seigneurs de Béduer jusqu'à la Révolution. Ils en font hommage avec le
reste de leurs biens. Dans celui de 1392 au comte d'Armagnac, Dorde Barasc déclare tenir
l'affarium de Sainte Leboule, en la viguerie de Cajarc, en fief noble dudit comte mais la
directe du domaine est cédée à d'autres. Au XVIè siècle elle appartenait aux Lagarde
de Saignes. Dans son hommage et dénombrement de 1503, François de Barasc mentionne à
Sainte Neboule toutes juridictions et des rentes sur lesquelles il baille à sa mère
Claude de Balzac, dame de Béduer, ce que lui a légué son père Dorde Barasc. En 1563,
René de Lagarde renonçait aux biens que son frère (Louis) avait acquis dans les places
de Sainte-Neboule et de Maniergues (voir Carennac). Un acte de 1590 montre que Louis avait
vendu à réméré la place de Sainte Neboule à noble Jacques de Lestrade, seigneur de
Floirac, en 1582. En 1610, Jacques de Lestrade prend le titre de seigneur de
Sainte-Neboule, ce qui prouve que la vente était devenue définitive. |
Les dîmes étaient rattachées à celles de Saint Pierre
de Béduer. La chapelle de Sainte Neboule était en effet annexe de cette paroisse. Puis
elle fut annexée à l'église de Careyrac et c'est à ce titre qu'elle paraît dans le
pouillé Dumas. |
Note : Ne pourrait-on pas voir dans ce nom une
défiguration de celui de Saint Anatole, dont les lectionnaires de Saint-Mihiel au
diocèse de Verdun font un évêque de Cahors, qui d'ailleurs aurait bien pu s'appeler
Saint Anabole. D'autre part on trouve dans la vie de Saint Sour un Sanabolus abbé du
monastère de Ginouillac où ce saint resta quelque temps avec Saint Amant et Saint
Cyprien. |
Saint-Pierre est surnommée de Hauterive, ce qui la situe
dans le bourg actuel de Béduer, bien que l'église de Béduer ait pris pour patron
titulaire le patron de l'église disparue, Saint Etienne. |
L'église de Hauterive (Altam Ripam) est mentionnée dans
la fausse charte attribuée à Pépin le Bref (755) ; elle n'est pas nommée dans la
charte de Pépin d'Aquitaine (838). En revanche, on la trouve mentionnée dans la bulle de
1146 par laquelle Eugène III confirme les possessions de l'abbaye : «ecclesiam S. P. de
Altaripa, séparée par S. Laurent de l'ecclesiam, Sti Stephani de Bedorio». Cependant on
a vu que Saint Etienne était revenu à Figeac par le double intermédiaire des
Hospitalières de Beaulieu et de l'évêque de Cahors. De même Saint Pierre de Béduer
échappa en partie au monastère. |
Les pouillés du XIVè siècle mettent «capellania
Sti Petri de Bedurre» ad coll epi ; mais le prieuré reste possession de l'abbaye,
ainsi qu'on le voit dans la bulle de sécularisation. Le pouillé Dumas, dans sa première
partie, met : «Chapellenie Saint Pierre de Béduer, à la coll. de l'Evêque» et en note
: «Il n'y a pas de prieuré distinct de la cure ; le curé perçoit tous les fruits et
s'appelle recteur de St Pierre de Béduer ou de Hauterive». Dans sa seconde partie, il ne
compte pas Saint Pierre parmi les bénéfices relevant de l'évêque, et le compte avec
Saint Etienne parmi les bénéfices relevant de l'abbaye. Saint Pierre est appelé
prieuré non conventuel dans la bulle de 1546. |
Cette église, dite «sine cura» avait été
donnée par Hugues Géraud à son ami et complice Pierre Fouquier, archiprêtre de Saint
Médard en Périgord ; à l'occasion du procès des poisons, il en fut dépouillé, et
l'église fut conférée au jeune Pierre de Via, petit neveu de Jean XXII, qui dut faire
desservir par un chapelain ; quand Pierre de Via fut devenu évêque d'Albi, en 1335,
Saint Pierre de Hauterive passa entre les mains de Hugues d'Antéjac, recteur de La Lande,
familier du cardinal de Jean. Mais au lieu d'église, nous pensons qu'il faut lire
prieuré, et comprendre qu'on avait fait la distinction du prieuré séculier sans charge
d'âmes, bénéfice simple, est-il dit, et de la cure proprement dite. |
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La seigneurie (la famille Barasc) |
Elle appartient sûrement au XIIIè siècle à la famille
de Barasc. |
Qu'était cette famille ? Barasc est un prénom. Il a
servi à nommer toute une étendue de pays, aujourd'hui dite la Braunhie, ou Braugne, mais
où la forme ancienne du nom se retrouve dans le vocable des Brasconies, domaine de la
commune de Blars. On trouve ce prénom de
Barasc donné à plusieurs membres de la famille de Thémines : Barasc et Barascon de
Thémines, Pierre Barasc de Thémines. |
Le plus ancien document qui parle de Barasc, c'est une
Chronique de Marcillac que mentionne souvent Guillaume Lacoste dans son Histoire du
Quercy, mais que nous n'avons pas et dont certains détails nous paraissent suspects.
D'après cette chronique, un Barasc avait usurpé sur l'abbaye de Marcillac, dont il avait
été établi le défenseur, les églises de Blars
et de Caniac. Etant parti pour la Palestine, il y mourut (il est difficile de savoir si
c'est au cours de la 1ère croisade - 1096 - ou dans une expédition en Terre sainte faite
en 1110 par le comte de Toulouse), mais laissa son testament à l'évêque de Cahors,
également parti pour la visite des Lieux saints. Par ce testament, il demandait que sa
fille rendît les lieux usurpés. L'abbé de Marcillac, Gombert, qui était de la famille
des seigneurs de Béduer, parvint à obtenir la restitution. Dieudonné (Dorde) et Pierre
Barasc fils de Géraud, frère lui-même d'un autre Dieudonné, rendirent d'abord
l'église de Blars et enfin celle de
Caniac. |
Or, nous pouvons remarquer que si ces deux églises furent
toujours des possessions de l'abbaye de Marcillac jusqu'à la Révolution, Blars et Caniac furent toujours des
seigneuries de la famille de Thémines ou de ses héritiers. |
D'autre part, nous lisons dans le Cartulaire
d'Aubazine, à la date de 1181, que Frotard de Thémines, en confirmant moyennant finances
les donations de son père et de ses frères dans la juridiction de Séniergues, y
ajoutait tout ce que l'abbaye avait pu acquérir dans la juridiction de Séniergues
partout où la Barasconie possède quelque chose. Cela veut dire évidemment la famille
des Barasc. Et cet acte est fait entre les mains d'Arnaud de Barasc. De plus, en 1177,
Pierre Barasc, fils de Gisbert de Thémines, donnait ses droits sur une terre de la
région de Couzou. Ces deux actes montrent la parenté des familles de Barasc et de
Thémines, sans nous rien préciser et il nous est impossible de savoir si les de Barasc
sont une branche des Thémines ou les de Thémines une branche des Barasc, d'autant que
Pierre peut avoir reçu son second prénom du fait d'être d'un second lit, son père
ayant pu épouser une soeur d'Arnaud. |
Nous verrons encore, à propos de Sainte-Neboule, que cet
hôpital, ainsi que la chapelle de Béduer, furent donnés en 1299 à l'évêque de
Cahors, en échange de Saint Médard de Presque par les religieuses de
l'Hôpital-Beaulieu, qui avaient à leur tête Aigline de Thémines. Le prénom d'Aigline
est assez fréquent dans la famille de Barasc. |
Quoiqu'il en soit, le premier de cette famille qu'on
puisse présenter de façon certaine, c'est Arnaud de Barasc, que nous venons de voir
s'occuper des affaires de Frotard de Thémines en 1181. Nous le retrouverons, du moins il
est probable qu'il s'agit du même personnage, dans l'acte de cession du sanctuaire de
Roc-Amadour en 1193. Nous lui donnerons le nom d'Arnaud 1er. |
Nous pensons qu'il eut pour fils Dieudonné ou Dorde 1er
(nous ne tenons pas ainsi compte des deux personnages du même nom, de la fin du XIè
siècle, mentionnés, comme nous avons vu, dans la Chronique de Marcillac). |
En 1214 (le 12 juin) il fait sa soumission au chef des
Croisés, Simon de Montfort, contre lequel il avait d'abord combattu. Il promet de l'aider
à détruire les châteaux des adversaires du comte, mais il se réserve de conserver
intact le castrum de Béduer et les forts de Lissac, s'obligeant à
payer en cas de défection une somme considérable. Il espère ainsi, dit-il, s'attirer la
bienveillance du comte de Montfort et lui faire oublier toutes les rancoeurs qu'il
pourrait avoir pour le passé. Il est donc bien seigneur de Béduer et de Lissac. On
trouve encore Dorde Barasc en 1217, mais cette fois dans le parti du comte de Toulouse, de
même en 1219, défendant la porte du Bazacle, avec Guillaume Barasc suivant les uns, avec
Arnaud Barasc suivant la Chronique rimée de la guerre albigeoise. Mais d'après
nous, ces trois Barasc, Dorde, Arnaud et Guillaume sont les fils de ce Dorde 1er qui fit
sa soumission à Simon de Montfort. Le second est dit jeune «jovens» dans la
Chanson de la Croisade. Il est probable que le père s'en tint, pour sa part, aux
engagements qu'il avait pris, mais qu'il laissa libres ses enfants que ne liait aucun
contrat. On ne comprendrait pas autrement que ce fut seulement en 1231-32 que les trois
frères règlent la question de la succession paternelle, si déjà l'un deux, dès 1214,
avait eu pleins droits sur Béduer et Lissac. Ils sont nommés, en effet, tous trois avec
leur frère Géraud dans un acte d'arbitrage au sujet de cette succession, acte où le
père n'est pas nommé. Il y a seulement «en Daurde Baras, en Arnals Baras e W(illelmus)
Baras, toih trei que so fraire» et un peu plus bas, on voit que chacun doit donner par an
400 sols à leur frère Géraud. |
Cet arrangement fut fait par l'arbitrage d'Etienne Bel,
que les trois frères avaient appelé pour les «départager», s'y engageant sur un
dédit de cent marcs d'argent. Il n'est pas très clair. On voit que Dorde (Dorde II)
étant l'aîné, s'était attribué la grosse part et avait suscité des réclamations
très violentes de la part de ses deux frères. Il garda Montbrun, Cabrerets, Lissac, Larnagol, avec des
possessions en Rouergue. Guillaume eut Reyrevignes (cela n'est pas précisé dans l'acte
de 1231) et une partie d'Assier (l'autre partie étant aux Hospitaliers). Arnaud II eut
Béduer et Gréalou et diverses possessions sur le Célé, et Calconnier en Rouergue.
Géraud, étant d'Eglise, n'eut aucune seigneurie, mais seulement une pension de 1200 sous
par an que lui servaient ses frères, 400 chacun. |
Ne pouvant suivre ici la fortune de tous les Barasc et de
leurs diverses seigneuries, nous mettons ici un tableau qui permettra de se retrouver pour
le XIIIè siècle et le commencement du XIVè. |
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Le tableau généalogique figure ici dans l'original de Albe. |
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Guillaume de Barasc, qui avait pris part à la défense de
Toulouse contre Amaury de Montfort, eut une fille Marguerite qui épousa, vers 1250,
Bertrand de Bruniquel, vicomte de Montclar. Son fils, Guillaume Barasc, fut chanoine de
Cahors. Il n'hérita pas des seigneuries de son père qui passèrent à sa soeur, mais on
voit qu'il est avec ses deux cousins Arnaud III et Dorde III, patron de l'Hôpital du
Poujoulat, détail qui semble bien indiquer que son père était mort à cette date. Le
chanoine Guillaume mourut en 1282 (2 kalendes de juillet). Le ressort de la baronnie de la
femme de Bertrand de Bruniquel, fille de feu Gme de Barasc, est assigné en 1287 au roi
d'Angleterre. Un Pierre Barasc, chevalier, se trouve, en 1244, en procès devant
l'official de Clermont, avec le chevalier Gautier de Penne, pour des possessions en
Auvergne. Parmi les cautions fournies se trouvent B. de la Tour [?] et P. Delcheir,
chevaliers. En 1263, dans le règlement fait par l'évêque de Cahors pour le chapitre, on
trouve non seulement Guillaume Barasc, mais aussi Dorde Barasc (Deodatus Barasci). |
Quant à Dorde II, il est souvent question de lui dans des
actes divers, notamment dans la correspondance d'Alphonse de Poitiers : il possédait
Montbrun, Saujac (annexe rouergate), Larnagol, Cabrerets, Lissac. Il eut trois fils : Raymond, Arnaud et Dorde III.
Lacoste nous a conservé l'analyse de son testament qui nous fait connaître ses deux
frères, tous deux morts avant lui. Raymond avait eu de Dorde II les châteaux de Cabrerets, et de Larnagol, qui devinrent
possession de sa fille Hélène, mentionnée dans le testament : elle était mariée à
Géraud de Cardaillac-Thémines et fit son héritier Géraud de Cardaillac son petit-fils
(testament de 1324). On voit par les plaintes de Dorde au comte Alphonse que Calcornier
[?] (près Valhourles, arrondissement de Villefranche) lui était revenu, abandonné par
Arnaud Barasc à qui l'arbitrage de 1231-2 l'avait donné. Le ressort de la baronnie de
feu Raymond de Barasc est assigné au roi d'Angleterre en 1287. Voir Cabrerets et Marcillac. Voir aussi acte de
1255, accord avec les consuls de Cahors. Raymond et Arnaud étaient en 1271 dans l'«ost
de Foix». |
Arnaud II avait épousé Sibylle de Panat, d'une famille
du Rouergue. Nous ne savons rien de lui, mais nous avons conservé le testament de sa
femme, daté du dimanche après la Saint-Michel 1268. Après l'énoncé de ses intentions
pour sa sépulture (à l'hôpital du Poujoulat - voir Camburat) et de ses
nombreux legs pieux, elle parle de ses enfants et mentionne Arnaud, clerc, Guillaume,
Aigline, femme de Guisbert de Felzins et de Montmurat, chevalier, enfin Arnaud, seigneur
de Béduer, son légataire universel. Déodat Barasc, son beau-frère, seigneur de
Montbrun, est un de ses exécuteurs testamentaires (Legs à tous les religieux, hôpitaux,
léproseries, églises de Figeac ; aux églises et aux chapellenies de Béduer aux
églises de Camboulit, Montmurat, Montredon, Trioulou, Conques, Espagnac, Leyme, surtout
à l'hospice du Poujoulat.) |
Un Pierre Barasc, chevalier, se trouve en 1244 en procès
devant l'official de Clermont avec le chevalier Gautier de Penne pour des possessions en
Auvergne. Parmi les cautions fournies se trouvent B. de la Tour et P. Delcheir,
chevaliers. En 1263, dans le réglement fait par l'évêque de Cahors par le chapitre on
trouve non seulement un Guillaume Barasc mais aussi Dorde Barasc (Deodatus Barasci). |
Les archives vaticanes nous montrent à la cour de Jean
XXII d'autres membres de la famille de Barasc. |
Il y a Pierre de Barasc, damoiseau au moins en 1319. En
1331, sa veuve Ricarde obtenait une bulle d'indulgence in articulo mortis. |
Il y a Guillaume de Barasc, sergent d'armes, mentionné
dans les comptes à peu près tout le temps du règne de Jean XXII. |
Nous avons vu un archiprêtre de Saint-Cirq de ce nom en
1308 ; pour avoir trop tardé à recevoir les ordres, Jean XXII lui enleva son bénéfice
; est-il le même que Guillaume Barasc, chanoine de la collégiale de Saint-Paul de
Fenouilhet (diocèse d'Alet), nous ne le pensons pas : ce dernier est au nombre des
familiers du pape ; il a même, en 1328-9, le titre d'échanson (buticularius) ou
bouteiller ; il est clerc, en 1332, de la chapelle du Pape. |
Un Arnaud Barasc était en 1306 recteur des abbesses de
Cambayrac et Trebaix. |
Il y a un troisième (ou quatrième) Guillaume Barasc,
celui-ci est dit fils de Bertrand Barasc, il obtint l'expectative d'un bénéfice
dépendant de l'abbaye de Saint-Sernin, dont il est chanoine. |
Un Dorde Barasc était prieur de Valhourles en 1329. |
Les registres du parlement mentionnent la condamnation de
Guillaume et de Raymond Barasc, condamnés pour avoir envahi et pillé l'église d'Ornhac et maltraité de recteur. C'étaient
des fils d'Arnaud III et de Guillemette de Luzech (1327). |
En 1325, on trouve frère Géraud Barasc, prieur de
Saint-Sulpice au diocèse de Toulouse, recevant des fonds de la chambre apostolique par le
gardien des prisons pontificales ; c'était pour son entretien. Il y est encore en 1327 ;
peut-être avait-il pris part aux violences de ses frères. |
En 1347, le sénéchal de Beaucaire fait recevoir au
Poujoulat, en place de Bertrande Barasc, décédée, Guillemette Barasc de Capdenac. |
Durand de Barasc peut en 1380 échanger un bénéfice
qu'il a dans le diocèse de Rodez contre un bénéfice dans celui de Cahors. |
Enfin, en 1398, Dorde Barasc est pourvu de la commanderie
de Palhes au diocèse de Mende |
Nous trouvons en 1308 un Guillaume Barasc, archiprêtre de
Saint-Cirq-La Popie. Nous pensons que ce fut un fils d'Arnaud II et de Sibylle de Panat. |
Arnaud III épousa Guillemette de Luzech. Nous le verrons,
en 1277, donner à Béduer la charte des coutumes (voir plus loin). Comme patron du
Poujoulat avec ses cousins Dorde Barasc et le chanoine Gme Barasc, il nomme en 1277, le
commandeur ou administrateur de l'hôpital du Poujoulat. L'assignation de 1287 de ressorts
de diverses justices mentionne la baronnie d'Arnaud Barasc (seigneur) de Béduer, qui
comprend les villas de Carayac, Brengues, Capdenac (Cadenal, près Brengues) et Goudou
(près Béduer, en face de Corn). Il était mort en 1290. A cette date en effet on trouve
un arrêt du Parlement de Paris rendu dans l'affaire de la succession paternelle entre
Arnaud, Géraud, Guillaume, Hugues, Sébélie et Grie, frères et soeurs de Raymond de
Barasc et fils d'Arnaud de Barasc et de Guillemette (de Luzech) sa femme, d'une part et
les enfants de Guillaume Amalvin de Luzech, leurs cousins (Izarn, Guillaume, Gasbert,
Arnaud, Bertrand, Ricard, Guillemette, Comtène et Marie). Nous avons ainsi les enfants
d'Arnaud III. |
Arnaud IV et Raymond II Barasc héritèrent aussi d'une
partie des possessions de Dorde Barasc après un accord fait entre eux en 1310. Une pièce
du 10 octobre 1311 est la «délivrance faite par les sieurs seneschaulx de Thoulouse et
de Quercy à nobles Arnaud et Raymond de Barasc de la moitié du chasteau et baronnye de
Montbrun et de toute l'hérédité de feu messire Déodat Barasc». Arnaud est dit
seigneur de Béduer et Raymond seigneur de Sabadel
(près Lauzès). |
Leur soeur Grie fut prieure de Lissac, elle passait un
compromis en 1319-20 avec Arnaud au sujet du patronage de l'hôpital du Poujoulat. |
En 1313, Arnaud Barasc, chevalier, seigneur de Béduer, et
Izarn de Cadrieu, damoiseau, font un accord avec les consuls de Cajarc au sujet des droits
de pêche. |
Arnaud Barasc fit un testament en 1315, mais il est
probable qu'il vivait au-delà de cette date (Il fit ce testament parce qu'il partait pour
la guerre de Flandre) et que c'est lui qui fit le compromis de 1319. Il demandait à être
enseveli au Poujoulat, lieu ordinaire de la sépulture des seigneurs de Béduer, dont ils
étaient les patrons. |
Il était, en 1297, châtelain de Lectoure (d'après une
quittance de ses gages). Il avait épousé Agnès de Béduer ; une de leur fille,
Hélène, épouse (1317) Géraud de Montal de La Roquebrou. Les deux jeunes époux font en
1320 un accord avec la prieure de Lissac. |
En 1328, Hélène reçoit de sa mère Agnès de Béduer,
veuve d'Arnaud de Barasc, une rente de 68 livres environ. En 1336, avec son mari, elle
passait un compromis avec Raymond de Barasc, son oncle, au sujet de la possession du quart
de Montbrun. |
Arnaud V s'occupe à plusieurs reprises du Poujoulat en sa
qualité de patron (1338, 1342). On le trouve, en 1349, en procès avec Dieudonné du
Bouyssou au sujet de la cession que celui-ci avait obtenue de Raymond Barasc, seigneur de Sabadel, du quart de la seigneurie de
Montbrun et de la vente faite de cette portion (1342) à Hugues de Cardaillac. |
Dorde du Bouyssou se plaignit au Parlement de violences
exercées par le seigneur de Béduer ou par ses gens contre ses possessions de Labastide, Sabadel, Ornhac, Lauzès, Blars, St-Martin-de-Vers, avec l'aide de ses
bâtards Hugues et Pierre de Béduer (1349). |
Dorde IV et Arnaud VI furent les plus importants de ses
enfants : ils jouent un rôle actif dans la guerre de Cent ans en Quercy. |
Dorde IV Barasc, chevalier, châtelain de Gignac en 1346,
reprend en 1363 ? aux Anglais la place de Saint-Cirq et se voit pour cela récompensé par
les consuls de Cahors). Il est au nombre des seigneurs qui prennent part en 1369 à la
défense de Cahors, après le soulèvement contre le Prince Noir. En 1371, il fait un
accord avec la prieure de Lissac. Son frère Arnaud VI a le titre d'écuyer et de sire de
Béduer dans une quittance au Trésorier des guerres en 1359, de sire de Gréalou dans une
quittance de 1369. En 1371, il fait une transaction (sufferte) avec le chef de bandes
Bernard de la Salle, et en 1373 prend part à une ligue de seigneurs contre les Anglais.
En 1379, de concert avec B. de Cadrieu, damoiseau, il abandonne aux consuls de Cajarc ses
droits sur les fossés de leur ville. Il avait épousé Marguerite de Cardaillac (de la
famille des Cardaillac-Lacapelle), appelée sa veuve en 1388. Il laissait une fille
Hélène qui épousait en 1399 noble Jean de Jean, damoiseau, seigneur de Saint-Projet.
Nous devons signaler pour le siècle précédent Gaillarde Barasc, abbesse de Leyme en
1320, qui donne une quittance, en 1299, au chevalier Arnaud IV. |
Celle-ci donne, à cette date, procuration à son fils
Déodat Barasc, sieur de Béduer, Jean de Montmurat, François de Lentillac, damoiseaux,
pour la représenter au contrat de mariage dudit Déodat ou Dorde avec Catherine de
Cruejouls, suivante ou demoiselle d'honneur de Béatrix d'Armagnac. |
A l'occasion de ce mariage, Béatrix d'Armagnac promettait
2 500 francs d'or. Deux ans après Dorde lui donnait quittance d'une partie : 1300 francs,
mais il dut y avoir quelques difficultés entre eux au sujet du paiement du reste car il y
eut procès devant la cour de l'official de Cahors qui condamna dame Béatrix à payer 1
200 livres à Dorde de Barasc - 1408. |
Dorde V hommage en 1388 à l'abbé de Figeac pour le
château de Béduer, et en 1392 au comte d'Armagnac pour S Laurent de Corn et Ste Neboule.
Sieur de Béduer et de Gréalou, il a le titre de chevalier au moins en 1419. Il teste en
1428. Sa soeur avait épousé Jean de Capdenac. Sa femme teste en 1434, elle se dit veuve
de noble homme Déodat Baras, chevalier, quand vivait seigneur de Béduer. Elle donne peu
de choses à sa fille Catherine, femme de Jean Massip, seigneur de Boumarel (en Rouergue)
: 25 sous une fois donnés ! Tous en joyaux à sa fille Catherine, fille de noble Marques
de Sinx (famille de Cardaillac), et fait héritier universel son fils Dorde, Déodat
Baras, seigneur de Béduer. |
Dorde VI épousa en 1421 Antonia de Gimel, nommée dans le
testament de Catherine de Cruejouls. Il fait un accord avec les consuls de Béduer en
1439, accense à nouveau fief en 1446 les terres de Gréalou et s'occupe à plusieurs
reprises du Poujoulat. En 1460, il passe un acte en qualité d'amnistrateur de son fils.
Il teste en 1465. Sa veuve testait en 1470 ou 1471 (Ce testament nomme Jean de Barasc qui
fut abbé de Villeloin et tout d'abord prieur de Clairvaux en Rouergue). C'est sans doute
lui et non son père, qui s'emparait en 1425 du fort de Camboulit qu'avait occupé André
de Ribbes. Il disputa ensuite la possession à Delphine d'Othon. |
Dorde VII fut marié à Claude de Balsac (1457). Il teste
en 1488 mais il vit encore en 1497. Il se dit coseigneur de Camboulit. |
Le testament nommait ses fils Déodat Barasc, commandeur
de Marcoules en Auvergne, Antoine Barasc, successeur de son oncle comme abbé de Villeloin
(1495-1518) ; en 1481. Il y a cinq filles, dont l'une, Isabelle, fut religieuse de Lissac,
une autre Claude épousa Jean de Belcastel, seigneur de Campagnac lès Quercy et de
Laborie (Saint Germain). |
François Barasc se dit fils de Dorde et de Glaude [sic]
de Balzac dans son hommage au roi, 1503. Il dénombre le château de Béduer en toute
seigneurie, avec péage et droits seigneuriaux, les moulins de Béduer et de Bullac, la
coseigneurie de Camboulit, les «marnes» de Balaguier, Langlade, Lavaurette, [illisible],
le péage du pouch de foysse ?, la seigneurie de Saint Laurent (de Corn) ; le château de
Gréalou avec ses appartenances, en toute justice, rentes et péage ; Sainte Neboule en
toute justice avec rentes sur lesquelles il paie à sa mère Claude de Balzac ce que son
père Dorde lui a légué. Son testament du 19 juillet 1507 nomme héritier universel son
fils Jean et donne des legs à ses filles Jeanne (religieuse de Lissac), Claude,
Catherine, Delphine, Anne et Jeanne II. Sa femme est Catherine de Barjac. Il y a deux
enfants naturels. |
Jean de Barasc avait épousé Marie de Pompadour. Elle
survécut à son fils. On la trouve en 1580 et même en 1593 ayant comme douaire la terre
de Gréalou. Elle est nommée dans le testament de Jacques de Pompadour. A sa mort, la
terre de Gréalou revint aux seigneurs de Béduer. |
Dorde VIII épousa la fille du seigneur de Maligny,
Béraud de Ferrières, soeur du vidame de Chartres. Elle était veuve en 1553 d'après une
note du fonds Lacabane mais il doit y avoir une erreur de date. Dorde Barasc mourut à
Luzignan en 1569. Il laissa ses possessions à M. de Narbonnès, seigneur de Puylaunès et
de Felzins et à sa mère, sa vie durant, le douaire de Gréalou. |
|
Les Narbonnès |
Sur cette famille, voir la monographie de Linac, à cause
du château de Puylaunay. |
Jean de Narbonnès laissa par testament la terre et le
château de Béduer et ses autres possessions de la région à sa femme Jeanne de Luzech. |
Jeanne de Luzech se remaria avec Louis-François de
Lostanges de Saint-Alvère qui devint le chef de la branche des Lostanges-Béduer. |
|
Famille de Béduer |
Une bulle du pape Urbain II, 1025, reproduite dans Doat,
nomme parmi les seigneurs défenseurs de l'abbaye de Figeac, en dernier lieu «ceux de
Béduer (Betorio), ceux de La Roque et ceux de Thémines» : ce qui semble faire
déjà la distinction entre ces derniers et les Barasc de Béduer. |
Y avait-il déjà une famille seigneuriale de ce nom de
Béduer. Nous pensons que les de Béduer sont en réalité des Barasc : ils n'apparaissent
qu'au XIVè siècle. Les coutumes de 1277 mentionnent parmi les privilégiés (n°
XXXVIII) un Guillaume de Béduer. |
On trouve, en 1331, Bertrand de Béduer, damoiseau, qui
vient à la cour d'Avignon en qualité de délégué de l'évêque de Cahors, pour la
visite ad limina. Il était sénéchal de la temporalité de mgr Bertrand de
Cardaillac (1333). On lui donne le titre de chevalier dans une bulle où il est question
de son fils Bertrand (1341). Ce Bertrand de Béduer fait un échange de paroisses avec
Bernard de Salviac ; il laisse l'église Saint- André des Arques et le prieuré de
Saint-Pierre de Livron ; il reçoit les églises de Goujounac et de St Hilaire de la Combe
de Mayre (vallée du Vers) près Vialloles. Le fait qu'il a déjà deux canonicats (dans
Coïmbre et au Vigan) montre son importance et permet de le rattacher à la famille
d'Hébrard (Douce d'Hébrard aurait épousé son père Bertrand de Béduer). |
En 1336, Douce de Béduer, sa soeur probablement,
épousait Sanche de Corn. D'après d'autres, elle était bien fille de Bertrand de
Béduer, mais d'Hélène de Capdenac. |
Une pièce de la chambre apostolique relative à l'abbé
de Baignes, augustin et mineur Auger de la Barrière, mentionne parmi ceux qui avaient mis
la main sur cette abbaye, avant 1351, le chevalier Bertrand de Béduer, le chanoine du
même nom, Guillaume de Béduer, moine de Figeac et prieur de Saint Daou, Géraud de
Béduer, doyen des Arques, Raymond de Béduer, damoiseau et vraisemblablement fils de
Bertrand. Ce dernier était nommé en 1371, par le pape, capitaine et gouverneur de la
place de Lugo, dans le diocèse d'Imola (Etats du pape). |
Il y a un autre Guillaume de Béduer, clerc du diocèse de
Cahors, qui obtenait une expectative de bénéfice en 1342 ; un Géraud de Béduer, moine
de Souillac, prieur de Creysse en 1361, sacriste de Conques en 1365 ; sans parler de
Géraud de Béduer, consul de Cajarc en 1346. |
|
Famille de Lostanges |
Louis-François de Lostanges, chevalier, second fils
d'Hugues de Lostanges, seigneur de Saint-Alvère et de Galiote de Gourdon-Ginouillac,
devenu seigneur baron de Béduer par le testament de sa première femme, obtint en 1610
que la seigneurie fût érigée en vicomté. Il fonda la branche des Lostanges-Béduer.
Nous retrouverons la branche aînée comme succédant aux Pélegri et aux Hébrard du
Vigan. |
Jean-Louis de Lostanges, son fils, a le titre de comte de
Béduee. Il épousa Françoise de Gourdon de Ginouillac, fille de Jean, seigneur de
Reilhaguet. Il fut en 1649, député de la noblesse du Périgord aux Etats généraux. |
De ses six enfants, deux furent capucins, une fille fut
prieure de Lissac, une autre épousa le seigneur de Masclat ; Jean Margaut fut le chef de
la branche de Felzins et Cuzac ; l'aîné François-Louis épousa la fille du seigneur de
Champré. Il mourut en 1692, ayant eu douze enfants ; il eut le titre de marquis de
Béduer. Un de ses fils s'appela le marquis de Lostanges, deux furent dits chevaliers de
Béduer, un baron de Bullac. Il y a dans Béduer une borie de Bullac et un moulin de ce
nom sur le Célé. Le compoix de 1700 porte noble Scipion Dayrous du Buisson et dame
Louise de Pézet, son épouse, demeurant à Bullac. |
L'aîné Louis-Henri fut blessé à la bataille de Fleurus
le 1er juillet 1690, sa fille Marie-René fut prieure de Lissac. Son fils aîné, Louis,
mourut sans enfants en 1746, et fut remplacé comme marquis de Béduer, par le second
Jean-Louis, comte de Corn, mort aussi sans enfants en 1755. Il laissa ses biens à sa
femme à charge de les transmettre à un Lostanges de son choix. |
Elle choisit Jean François Joseph, de la branche de
Felzins, arrière petit-fils de Jean-Masgaril [?], nommé d'abord baron de Lostanges, puis
marquis de Béduer, comte de Corn, Goudou, vicomte de Ste Neboule etc, dont le fils aîné
Victor de Lostanges, était marquis de Béduer au moment de la Révolution. |
(voir Cuzac et Felzins) |
|
Autres seigneurs |
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Famille Faydit |
Noble Jean Faydit, de Béduer, reçoit une reconnaissance
de noble Vezian Bonafos (1397) ; en 1408, avec sa femme Mathilde de Cornil et leur fils
Antoine, ils font un accord avec le gendre, noble Gme d'Aymar, seigneur d'Anglars (Voir Cressensac).
Pierre Faydie et son frère sont au nombre des seigneurs privilégiés (coutumes de 1277).
Relevons le nom de Galiot de la Tour, sieur de la Feydidie (XVIè siècle). |
|
Famille des Plas |
Venue de Peyrilles, se rattacherait aux des Plas de
Curemonte. En 1512, les habitants de Béduer donnaient un certificat portant que noble
Jean Desplas était bon gentilhomme et de fief franc et noble. En 1699, noble Antoine D.,
de Béduer, Jean D., de Figeac et Pierre D. de Cahors, sont maintenus dans leur qualité
de nobles. |
La branche de Béduer a été étudiée en 1910 dans une
revue du diocèse de Chartres. Elle existe encore à Béduer. |
Notons que dans son testament de 1540, Jean Desplas, qui
avait épousé Claude Bonet, fille de noble Pierre B. seigneur du Bouyssou (Boissorn) se
donne le nom de Jean D., alias Boissorn. En 1650, n. J. D. sieur du B. |
Ils demeuraient dans la paroisse Saint-Etienne de Béduer
ou Bedigas ou d'Hauterive. |
Dans la même paroisse on trouve les Bramarie d'Hauterive.
Deux membres de cette famille, prêtres, furent victimes de la Révolution. 1772. noble
Mathieu B. d'H.. |
Les de Sinx de Cardaillac et les Bonet du Bouyssou
possèdèrent quelque chose dans Béduer. |
Le monastère d'Espagnac eut aussi des biens au mas de
Bedigas. Le compoix de Béduer, de 1700, porte le nom de l'écuyer académiste Guillaume
Irenne, en son domaine de Bédégas. Il y a encore aujoud'hui le mas d'Irenne. |
Castel Novel. Terroir sur le chemin de Frontenac. |
Château de la Bijonie. |
Les coutumes de 1272 mentionnent parmi les privilégiés
(art. 38) Pierre Faydie, Marsal de (la) Roque, Guillaume de Béduer, Gaubert de Terrou. |
|
La communauté |
Le 14 août 1277, Guilhem Barasc et son neveu Arnaud III
donnaient des coutumes aux habitants de Béduer, c'est-à-dire aux paroissiens de
Saint-Pierre et de Saint-Etienne, sauf, disent-ils, le droit de l'abbé de Figeac et du moutier
du dit lieu. |
Ils étaient au moins trois : en juillet 1400, Raymond
Torcha, Guillaume Daynat, Bernard Lacoste adressaient un appel au roi et au sénéchal
contre l'exécuteur du Trésorier royal qui leur réclamaient des arrérages de subsides
par eux payés (Notaire Manhani, chez M. Austry). Après avoir bien délimité l'étendue
du castrum et de ses appartenances, et probablement réglé la question des
consuls (les premières pages manquaient) on arrive à l'article VI. |
|
VI. Ce que le seigneur prendra, il le paiera à un prix
convenable au possesseur. |
VII. Liberté de commerce. |
VIII. Poids et mesures - punition des faussaires. |
IX. Liberté des testaments. |
X. Liberté de vente et d'aliénation des biens moyennant
le paiement des droits seigneuriaux. |
XI. Défense d'aliéner en faveur de clercs ou de
religieux ou d'hôpitaux - ou de gens du Figeacois à moins que ces derniers n'eussent
déjà des biens dans Béduer. |
XII et XIII. Punitions pour coups et blessures. |
XIV. Punition du vol. |
XV. Punition de l'homicide. |
XVI. Punition de l'adultère (la course par la villa,
sauf rachat ad arbitrium du seigneur). |
XVII. Liberté des coupables - sauf le cas de flagrant
délit - moyennant caution. |
XVIII. Usage des bois, eaux, herbages. |
XIX. Moulins et fours au seigneur. Pour le four, de 22
pains un, pour le moulin, une pugnerée par setier (voir XXXV). |
XX. Les habitants ne sont pas tenus de suivre à la guerre
le seigneur au delà de 5 lieues. |
XXI. On ne pourra saisir pour gage le lit et sa garniture,
les vêtements portés par l'homme ni les vêtements de la femme. |
XXII. Les corvées des personnes ou des bestiaux ne
peuvent être obligatoires. |
XXIII. Quiconque aura prés, bois, terre etc en pourra
tirer à lui tout le revenu et en interdire l'usage aux autres. |
XXIV. Punition de la violence exercée sur les femmes ou
filles. |
XXV. Punition de ceux qui entrent dans une propriété
contre le gré du maître. |
XXVI. Les habitants devront tenir foin et paille à vendre
dans les auberges, au prix courant. |
XXVII. Les chemins publics du castrum devront être tenus
en bon état d'accord avec le sergent des seigneurs et les consuls. |
XXVIII. Les consuls seuls ont le droit d'imposer quête ou
taille pour la gestion communale. |
XXIX. On pourra prendre pierres et tuiles où l'on pourra
sauf en autres maisons, jardins et vignes - en indemnisant le propriétaire. |
XXX. Le seigneur et les siens n'ont pas d'autres droits
pour les pacages que de mettre leurs bestiaux avec ceux de la communauté. |
XXXI. Les consuls en charge auront le droit de lever la
taille pour les affaires communes du dit [i+]castrum et de contraindre à payer les
récalcitrants, en prenant des gages, et dans le cas de résistance, le seigneur leur
prêterait main-forte. |
XXXII. Il y aura un marché par semaine, le jeudi, et une
foire par an, à la S. Laurent. Droit à payer par les marchands. |
XXXIII. Qui tiendra gros bétail donnera un mouton par an
s'il a 20 bêtes ou plus ; qui en aura de 5 à 20, un agneau, si moins de 5, rien. |
XXXIV. Les habitants et consuls pourront former union avec
les consuls de Figeac sans avoir à demander l'avis du seigneur. |
XXXV. La maison de Martial Roque (plus bas : [i+]de Roque)
pourra avoir four pour cuire son pain, non celui d'autrui (v. XIX). |
XXXVI. S'il se commet quelque délit secrètement dans le
[i+]castrum, on fera une enquête. Si le coupable est découvert, il paiera le dommage. Si
sa culpabilité n'est pas prouvée, c'est la communauté qui paiera. |
XXXVII. Les viandes malsaines mises en vente seront
confisquées et le vendeur en rendra le prix aux acheteurs, sinon, il paiera 5 s.t.. |
XXXVIII. Les boulangères feront du pain dont le prix de
vente suivra le cours du blé. Si elles font des petits pains, où le poids n'est pas
rigoureux, on distribuera ces pains aux pauvres et elles paieront une amende de 5 sols. |
XXXVIII (bis). Les habitants paieront pour les dites
coutumes 100 sétiers froment et 100 sétiers avoine, quel que soit leur nombre. Sont
exemptées de la redevance les maisons nobles des chevaliers et damoiseaux Pierre Faydie
et son frère - Gme de Béduer, Gaubert de Terrou et martial de Roque et de leurs
héritiers. |
XXXIX. Ils paieront par an 100 livres de cire en 2 fois ou
4 sols par livre. |
XL. Plus par maison 2 poules ou 12 deniers pour chacune. |
XLI. Si le seigneur a des hôtes et ne trouve pas de quoi
acheter, il pourra prendre où il voudra, moyennant 12 deniers par poule, et s'il s'agit
de bêtes grosses (porcs, moutons, agneaux, chevreaux) en payant suivant l'estimation de
consuls ou prudhommes. |
XLII. Ils donneront la même taille, payable en 2 fois. |
XLIII. Pour l'entrée dans la chevalerie de chaque
seigneur 150 [?] sols, |
XLIV. De même pour rançon, fille à marier, fille
entrant en religion. |
XLV. Ils paieront 5 sols au seigneur s'il suit le roi à
la guerre. |
XLVI. Tout habitant qui acquerrait de 10 à 20 sétiers de
rente sur des biens de la juridiction sera libéré de tout droit de lods, après enquête
sur la valeur des biens. |
XLVII. De même s'ils assignent en rente en argent la cire
à payer (à 4 sols par livre) sur bonnes possessions. |
XLVIII. De même pour les poules (à 12 deniers par
poule). |
XLIX. Le seigneur pourra donner à cens les terres
incultes. |
|
|
Si, pour les conventions susdites il y avait doute, on
s'en tiendrait à l'arbitrage d'Aymar de Boisset, chan. de Cahors. |
L'article 50 est très abîmé. La fin manque. |
Dans les notes, M. Champeval cite un autre bornage du castrum
fait en 1625 un peu plus longuement décrit que celui de 1277. |
Le compoix de 1700 porte beaucoup de noms intéressants de
propriétaires notables. |
Notons un terroir Las Justices (fourches patibulaires). Un
terroir de la Rode. |
Le château étant la partie principale, tout ce qui
était en dehors des remparts formait faubourg : il y avait les barrys de la Salvanie, de
St Pierre, de St Etienne, del puech la peyre, de la fon, de l'hospital ; les portes del
faure, del tarrié, de balyac. |
|