Introduction |
Lentillac au XIXè
siècle |
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La vie
municipale |
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La paroisse |
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L'école, les
écoles |
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L'irrésistible
dépeuplement |
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Les
activités économiques |
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L'agriculture |
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Industrie,
commerce et administration |
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Lentillac au XXè siècle |
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La période
1940-1944 |
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Les
réfugiés |
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La
résistance |
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Le
"comité de la libération" |
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La vie
économique |
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L'électrification |
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Mécanisation
de l'agriculture |
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Population
: enfin la stabilité ? |
Lentillac
aujourd'hui |
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L'agriculture
et les " agneaux fermiers du Quercy " |
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La lutte
contre le dépérissement du village |
Lentillac demain... |
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Introduction |
Nous avions le projet
d'interrompre avec le Consulat notre voyage dans le passé de Lentillac.
La Révolution ouvre une ère nouvelle dans laquelle nous ne souhaitions
pas entrer. |
Pourtant, après avoir
parcouru une si longue distance en compagnie des générations qui se
sont succédées sur ce petit bout de causse, nous ne pouvons pas nous
résigner à abandonner Lentillac si brutalement. Nous allons donc faire
une dernière randonnée à travers les XIXè et XXè siècles, mais
c'est à grandes enjambées que nous allons franchir les presque deux
cents ans qui nous séparent de la réorganisation du canton. |
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Lentillac au XIXè siècle |
La vie municipale |
Le XIXè siècle de Lentillac
a été marqué par la prédominance de la famille Valery, déjà
rencontrée à plusieurs reprises, qui a occupé la première fonction
municipale sans discontinuer jusqu'en 1881. Le cas de Jean-Louis Valery
est particulièrement intéressant puisqu'il entame son mandat sous
l'Empire et traverse sans coup férir la Restauration, la Monarchie de
Juillet, la Révolution de 1848 et une bonne partie du second Empire... |
C'est à l'influence de la
famille Valery que Lentillac doit d'avoir été pendant quelques
décennies à partir du milieu du XIXè siècle le siège d'une brigade
de gendarmerie. C'est à ces gendarmes qu'on doit la découverte - par
hasard - des vertus purgatives de l'eau de la source de Font-Canole, qui
connut un grand succès dans la seconde moitié du XIXè siècle. |
Le 21 mai 1825, une lettre
anonyme datée de " Lantilhac " dénonce le maire, Conquet
(l'auteur de la lettre confond probablement un conseiller municipal -
Conquet - avec le maire - Valery), qui " tient une conduite toute
opposante à l'honnêteté et la justice, pour mieux dire incapable de
remplir les fonctions de maire ". C'est le comportement de jeunes
gens " libertins " qui provoque le courroux de cet
administré. Ils passent, se plaint l'auteur de la lettre, " des
nuits entières avec les quartes (sic) à la main, chantant des chansons
de toutes espèces et très indécentes, contraire à la bienséance
". Nous ignorons quelle suite fut donnée à cette plainte. |
Vingt ans plus tard (12 avril
1845), c'est Valery, maire de la commune, qui se plaint d'Hébrard,
curé de Lentillac, auprès du préfet. La séance du conseil municipal
de mai 1845 est même consacrée aux projets du " sieur Hébrard
" de faire percer des nouvelles fenêtres dans l'église, d'y
supprimer un escalier, de placer des éléments d'architecture... Le
maire demandera au Préfet d'engager des poursuites en dommages et
intérêts contre l'ecclésiastique. |
Le curé, en charge de la
paroisse de Lentillac depuis vingt ans, ne s'émeut pas outre mesure.
Déjà, deux années auparavant, il a eu maille à partir avec le maire
et les gendarmes qui lui reprochaient son manque de civisme. En effet,
le brigadier attaché à la gendarmerie de Lentillac établissait le 8
août 1843 un rapport destiné au capitaine commandant la gendarmerie de
l'arrondissement de Cahors dans lequel il rapportait avoir assisté le 4
août 1843, à Lentillac, à un service funèbre en l'honneur du prince
d'Orléans auquel le curé n'aurait pas accordé l'apparat nécessaire.
Le maire lui avait pourtant demandé " de faire ce service avec
plus de pompe que celui qu'il avait fait le mois précédent pour les
victimes du 30 juillet 1830 ", où il n'y avait même pas de drap
mortuaire ! |
A la fin du XIXè siècle, les
administrations (poste, perception) sont installées à Lauzès,
chef-lieu du canton. C'est cette situation qui entraînera quelques
années plus tard le changement de nom de Lentillac(-du-Causse)
en Lentillac-Lauzès. Il est amusant de constater que cette
mesure qui devait faciliter la distribution du courrier est, 90 ans plus
tard, une source de retard : "Si notre correspondant nous adresse
notre courrier "46330 Lentillac-Lauzès"", lit-on en 1996
dans Les nouvelles de Lentillac du Causse, "il met un jour
de plus ! il fait un détour par la poste de Lauzès - code postal 46360
- puis va à Cabrerets, notre bureau postal - code postal 46330". |
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La paroisse |
La stabilité des curés de
Lentillac n'a rien à envier à celle des maires. De 1825 à 1923, ils
ne seront que trois à se succéder, chacun d'entre eux restant curé du
village pendant plus de trente ans : Hébrard (1825 - 1858), Moles (1858
- 1893) et Cros (1893 - 1923). Leur successeur, Léon Escapoulade,
restera lui-même 25 ans en charge des âmes de Lentillac. |
Une des plus grandes - du
moins l'une des plus longues - affaires qu'ait eu à traiter la
municipalité de Lentillac concerne l'église et la réparation de son
clocher. Le débat commence dès avant 1897 mais ce n'est que le 14
février 1904 que les registres municipaux indiquent que le clocher
" menace ruines ". Quatre mois plus tard, le 12 juin, le
clocher est toujours debout et le conseil municipal, ayant visité
l'église, décide d'ajourner les travaux. |
L'affaire rebondit en 1905. Le
11 juin, M. Toulouse, architecte, inspecte le bâtiment et conclut que
le clocher " n'est pas solide ", qu'il peut " devenir
dangereux ", mais qu'il peut également " tenir très
longtemps ". Optimiste, le conseil municipal ne retient que la
seconde possibilité. Avec raison, puisque le clocher tiendra encore
soixante années. Ce n'est que le 24 décembre 1964 que le conseil
municipal décide d'effectuer " de toute urgence ", de grosses
réparations sur le clocher. |
Dans la seconde moitié du
XIXè siècle, une crise religieuse s'empare de la plupart des communes
du Lot, qui font à grand frais agrandir leur église ou en construire
de nouvelles : Saint-Cernin rebâtit son église en 1846 et l'agrandit
en 1870, Cabrerets agrandit son église du XVIè en 1855 et 1880,
Lauzès en construit une en 1862, Nadillac fait de même en 1884, Blars
refait la nef de son église romane en 1886-1887, Cras construit la
chapelle Notre-Dame sur les ruines de son oratoire en 1896. A Sauliac,
la chapelle del Roc Traucat est construite en 1889, Sénaillac remanie
son église à la même époque, etc... |
Lentillac est passé au
travers de la crise. Tant mieux ! Sa petite église, modeste, bien
massive dans son style typique de l'après guerre de Cent ans, a
résisté et résistera mieux aux outrages du temps que les
constructions néogothiques dont se sont équipés certains des villages
environnants. Merci aux habitants de Lentillac d'avoir préservé ce
témoignage irremplaçable de leur passé. |
La paroisse Saint-Pierre de
Lentillac, victime de la dépopulation, disparaît en 1963 en tant que
paroisse autonome et est rattachée en 1963 à celle de Saint-Cernin
jusqu'en 1986, date à laquelle elle est rattachée au secteur
paroissial de Cabrerets. |
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L'école, les écoles |
Au XIXème siècle, le niveau
culturel et scolaire du monde rural quercinois est particulièrement
bas. Jusqu'en 1833, l'instruction primaire y reste " en dessous du
médiocre ", et le département Lot n'est qu'au 71è rang pour la
scolarisation (1 élève pour 56 habitants, contre 1 sur 8 dans le
Bas-Rhin). En 1850, un tiers des enfants lotois de 5 à 15 ans sont
scolarisés, mais un tiers d'entre eux est absent pendant les périodes
de gros travaux agricoles. |
La loi Guizot du 28 juin 1833
assure la liberté de l'enseignement primaire (qui n'est plus monopole
de l'Eglise) et impose aux communes d'entretenir une école et d'y
assurer une gratuité partielle. Elle est complétée par l'ordonnance
du 23 juin 1836 qui étend aux filles les dispositions de la loi Guizot. |
Il faudra attendre 1836 pour
que la commune de Lentillac obéisse à la loi Guizot. C'est lors de sa
réunion du 9 juin de cette année que le conseil municipal décide
l'achat d'une maison d'école pour 1 675 francs. Ce bâtiment
accueillera également le prétoire du juge de paix et le logement de
l'instituteur. |
Peut-être cette première
école est-elle ouverte aux filles ? C'est peu probable car la mixité
est alors considérée comme une " abomination " et ce n'est
qu'en 1850 que la loi Falloux obligera les communes de plus de 800
habitants à entretenir une école de filles. Combarieu rapporte qu'en
1881, l'école de garçons de Lentillac a 32 élèves et l'école de
filles 26. Il s'agit de deux écoles communales laïques. |
Dans le canton, toutes les
communes possèdent alors une ou plusieurs écoles. Mais, alors que tous
les garçons vont à l'école laïque, 55% des filles sont élèves
d'écoles religieuses (soit les enfants de Blars, Sabadel,
Saint-Martin-de-Vers, Saint-Cernin, Sauliac et Sénaillac). Il y a trois
écoles mixtes à Artix, Fages et un hameau de Saint-Cernin non
précisé, accueillant 11,6% des élèves du canton. Malgré les
réticences, la mixité est rendue nécessaire par la faiblesse des
effectifs (35 élèves en moyenne par école mixte). |
Une nouvelle école est
construite 55 ans plus tard, en 1891, pour un prix de 8 887,60 francs
sur lequel l'entrepreneur consent un rabais de 1 933,13 francs. |
A partir de la loi Ferry (16
juin 1886), l'enseignement primaire devient laïque et obligatoire. Dix
ans plus tard, l'inspection d'académie demande à la municipalité de
construire une nouvelle école de filles. Mais le conseil municipal
réuni le 6 janvier 1907, " considérant l'état nécessiteux des
habitants, la dépopulation, les charges et le manque de ressources
" décide à l'unanimité d'ajourner ce projet. L'inspecteur
réagit et met le conseil en demeure soit de construire une nouvelle
école, soit de transformer les écoles en écoles mixtes. La mixité,
dans la mentalité du temps, n'est pas envisageable : on décide avec la
même unanimité de construire une école. |
C'est probablement au nom des
mêmes principes que le conseil municipal demandera en 1924 que
l'enseignement soit assuré dans les écoles de Lentillac par des
instituteurs et non "des demoiselles". Par contre, sur
d'autres points, les administrateurs de Lentillac sont beaucoup plus
libéraux. C'est ainsi que, lorsqu'en 1913 le préfet du Lot demande aux
conseils municipaux un avis sur la distance minimale à respecter entre
un débit de boisson et une école, un lieu de culte, un hospice ou un
cimetière, celui de Lentillac répond... vingt mètres ! (séance du 2
septembre 1913). |
L'affaire traîne en longueur.
Un échange de courrier de 1909 avec l'inspection d'académie nous
apprend que le conseil municipal demande une subvention avant de
concrétiser le projet. Finalement, le conseil se résigne et, le 29 mai
1910, emprunte 4 415 francs au Crédit foncier. |
Il faudra encore un an pour
procéder à l'adjudication des travaux (estimés à 15 147 francs). Ce
n'est donc qu'en 1914 que les filles disposent de leur nouvelle école
(réceptionnée le 4 octobre pour un prix de 14 760 francs auquel il
convient d'ajouter une clôture de 6 300 francs). |
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L'irrésistible dépeuplement |
La population de Lentillac,
qui n'a cessé de croître depuis la fin de la guerre de Cent ans,
atteint son chiffre record de 670 habitants en 1846, puis entre dans une
longue et irrésistible période de décroissance qui va durer presque
130 ans. La chute est brutale puisqu'entre 1846 et 1911 (soit 65 ans),
le village perd la moitié de ses habitants. |
|
Année |
Population |
|
Année |
Population |
1800 |
539 |
|
1866 |
543 |
1807 |
559 |
|
1872 |
520 |
1826 |
588 |
|
1876 |
504 |
1831 |
582 |
|
1881 |
513 |
1836 |
624 |
|
1886 |
511 |
1841 |
655 |
|
1891 |
448 |
1846 |
670 |
|
1896 |
415 |
1851 |
617 |
|
1901 |
412 |
1856 |
605 |
|
1906 |
381 |
1861 |
579 |
|
1911 |
342 |
Population de
Lentillac au XIXè siècle |
|
|
Naturellement, ce mouvement de
reflux à partir de la moitié du XIXè siècle n'a rien de spécifique
à notre village. Il est observé également dans le canton et dans le
département tout entier. Ce "grand dépeuplement" a deux
causes : émigration et baisse de la natalité. Il touche d'abord les
cantons ruraux : en 1881, le canton de Lauzès est parmi les moins
peuplés (34 habitants au km2 contre 118 pour Cahors-Nord ou 88 pour
Vayrac). |
La crise du phylloxera
provoque une accélération du phénomène car - dit A. Viré - les
Quercinois, habitués à une culture de la vigne ne réclamant pas trop
de travail, n'ont pas su faire l'effort de cultiver les nouveaux plans
qui demandent plus de travail... |
A Lentillac, comme ailleurs
dans le Lot, des habitants émigrent loin de leur village pour échapper
à la crise : l'un part pour l'Algérie avant de se fixer au Maroc,
l'autre s'embarque pour l'Argentine. |
Dans l'ensemble du Lot, la
situation des campagnes ne s'améliore pas dans les décennies qui
suivent. La description qu'en fait A. Viré en 1917 s'applique
probablement aux habitants de Lentillac : |
|
|
«Dès le bas-âge, les
enfants sont soumis à une alimentation irrationnelle, ou la soupe
remplace désavantageusement le lait. L'habitation est malsaine et mal
tenue dans toutes nos campagnes ; l'hygiène corporelle est inexistante,
ce qui tient en partie à la rareté des eaux superficielles dans nos
causses et à de vieux préjugés que l'on n'a pu encore déraciner. |
|
Ainsi, dans beaucoup
d'endroits, pour ne pas dire presque partout nos populations naissent,
vivent et meurent sans avoir pris un bain dans toute leur existence et
considèrent un bain comme un remède désespéré dans leur maladie. Il
n'est pas rare d'entendre dans nos campagnes cette réflexion "il
est perdu, le médecin l'a fait tremper". |
|
Tout au plus la superstition
veut-elle qu'ils se lavent les pieds et la bouche le jour du vendredi
saint pour faire plus dignement leurs Pâques.» |
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Lieu |
Population |
Le bourg |
116 |
Mas del Pech |
62 |
Les Mazes |
54 |
Aussou |
40 |
Le Prieur |
38 |
Autres |
194 |
TOTAL |
504 |
Répartition de la
population en 1881 |
|
|
Cette description - qui
traduit une acculturation plutôt lente - est conforme à ce que nous
avons observé en matière de scolarisation et d'absence de réels
progrès de l'agriculture. La modernité devra attendre la seconde
moitié du XXè siècle et ses Trente glorieuses pour entrer en Quercy. |
Le Lot du XIXè siècle semble
s'être fait une spécialité des bagarres entre jeunes gens de villages
voisins. Lentillac n'échappe pas à cette règle. On rapporte qu'à la
fin du XIXè siècle, les jeunes d'Orniac ont un jour attaqué ceux de
Lentillac qui se trouvaient au cabaret, les forçant à fuir par une
fenêtre au pied de laquelle ils avaient placé des herses. Il a fallu
l'intervention du maire, Valery, pour calmer les esprits... |
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Les activités économiques |
Les habitants de Lentillac
n'ont jamais roulé sur l'or. Même si la situation est relativement
favorable dans la seconde moitié du XIXè siècle, la vie au village
reste difficile. |
L'agriculture |
L'agriculture du Lot
bénéficie d'un certain essor au cours du Second empire et au début de
la Troisième république (1850-1880), mais les techniques agricoles
n'évoluent guère (l'araire n'aura pas disparu au début du XXè
siècle). De même, la qualité de la race des moutons caussenards reste
ce qu'elle était alors que d'autres régions de France améliorent
sensiblement la qualité de leur cheptel. |
A Lentillac, à côté de
l'élevage du mouton, qui reste la première production, on pratique la
polyculture indispensable à une vie relativement autarcique. On cultive
les céréales et la vigne (pour cette dernière, à Aussou,
principalement), dont le vin est descendu à Bouziès et embarqué vers
Bordeaux, on exploite le bois et on ramasse des truffes - le commerce de
la truffe est attesté en Quercy dès le XVè siècle. La truffe a
progressivement disparu de la région de Lentillac à partir des années
1960, semblant se déplacer vers le sud-ouest (en 1995, l'hiver pluvieux
a pourtant permis d'en ramasser de petites quantités). |
La crise du phylloxera ravage
le vignoble quercinois dans les années 1877-1879. Puis, les quelques
pieds sauvés subissent en 1890 le mildiou et le black-rot... Les
faiblesses structurelles de l'agriculture quercinoise que nous venons de
mentionner expliquent les conséquences dramatiques qu'aura l'épidémie
sur l'agriculture régionale et la dépopulation du département. |
Le phylloxera anéantit
complètement la vigne de Lentillac. Lorsque quelques années plus tard,
on replante des hybrides venus des Etats-Unis, le vin produit n'est plus
destiné qu'à la consommation locale. Sur les vignes mortes, on plante
des truffières qui, une vingtaine d'années plus tard, apporteront des
revenus supplémentaires substantiels au village. C'est également
après la crise du phylloxera que le tabac a été introduit à
Lentillac. |
|
Industrie, commerce et administration |
L'industrie est toujours
absente du village, à l'exception, peut-être, des trois moulins à
farine sur la Sagne, qui continuent à fonctionner jusqu'à la première
guerre mondiale. Le dernier meunier travaille jusqu'à sa mort, en 1916. |
Dans le canton, seuls
Sénaillac et Saint-Martin-de-Vers peuvent prétendre avoir une
activité industrielle : on fabrique des chapeaux de paille à
Sénaillac et on tisse le chanvre à Saint-Martin-de-Vers - qui ne
possède pas moins de douze moulins sur le Vers. |
Les deux seuls commerces
mentionnés par Combarieu en 1881 sont un débit de tabac et un cabaret
(à la même époque, 38 auberges, cabarets ou cafés sont recensés
dans le canton), dont on a vu que la clientèle n'était pas appréciée
par tous les habitants. Il est probable que d'autres commerces existent,
non mentionnés par Combarieu, car nous verrons plus bas que, pendant
l'entre-deux-guerres, il subsiste encore plusieurs commerçants et
artisans. Il n'y a plus de notaire dans le village mais on trouve des
études à Blars, Cabrerets et Saint-Cernin.). |
Une trentaine de foires sont
organisées chaque année dans le canton de Lauzès. Lentillac, pour sa
part, en accueille trois par an, les 1er avril, 4 mai et 20 décembre,
mais il n'y a pas eu de foire à Lentillac au XXè siècle. La fête
patronale de la commune est célébrée le 1er août. Les festivités
durent trois jours et s'accompagnaient d'une messe, d'une halte au
monument aux morts et d'un bal le samedi soir. La fête patronale sera
célébrée le 1er août jusqu'en 1958. |
|
Lentillac au XXè siècle |
Lentillac n'échappe pas à la
première guerre mondiale. Vingt et un de ses enfants, pourtant partis
la fleur au fusil après une dernière soirée à boire au bistrot de
Cabrerets, n'en reviendront pas. La statistique, bien que conforme à
celles des autres villages de France, alourdit encore la perte
démographique que subit Lentillac depuis 1846. |
Comme bien des villages de
France à la même époque, Lentillac rend hommage à ses fils disparus
en érigeant un monument aux morts. Le financement du monument est
réalisé par la voie d'une souscription, auquel le conseil municipal
contribue par une subvention de mille francs. Le monument est inauguré
le 1er janvier 1922. |
|
La période 1940-1944 |
Les réfugiés |
La seconde guerre mondiale
atteint pacifiquement Lentillac en juin 1940. Quelques uns des plus de
cent mille réfugiés qui arrivent dans le département - des familles
venant de Belgique, de Champagne, du Nord, de la région parisienne -
s'arrêtent dans le village. Ils repartent rapidement pour une
destination inconnue. Seules deux familles restent au village jusqu'à
la Libération. En 1943, cinq enfants arrivent à leur tour de la
région parisienne. Ils ont été précédés par des familles qui
fuyaient la Provence (Marseille, Nimes). Tous attendent à Lentillac la
fin de la guerre. |
Les réfugiés sont logés
dans des maisons inoccupées, principalement dans le bourg, mais une
famille nombreuse venant de Marseille est installée dans l'ancienne
école. |
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La résistance |
Le premier acte de résistance
dans le Lot, une manifestation devant la statue de Gambetta, se produit
le 14 juillet 1942. Au cours du premier trimestre de 1943, les premiers
hommes "prennent les bois" à Caniac, non loin de Lentillac,
pour fonder le groupe "Libérer et fédérer". L'abbé Cambou,
curé de Sénaillac, en est l'aumônier. |
Le 6 avril 1944, la
Résistance fait dérailler un train qui emboutit l'entrée du tunnel de
Coudoulous, au confluent du Lot et du Célé. Deux wagons remplis de
benzol et d'ammoniaque sont incendiés, mais le lendemain, alors que des
ouvriers sont venus déblayer la voie, d'autres wagons explosent, tuant
huit d'entre eux. |
En mai de la même année, le
régiment "Der Führer" de la division Das Reich lance une
offensive de grande envergure contre les maquis et s'en prend au passage
à la population civile. Sur le chemin qui les mène à Figeac, puis à
Tulle et Oradour-sur-Glane pour y perpétrer les massacres que l'on
sait, les SS arrêtent trente personnes à Lauzès, en tuant quatre dont
deux civils. D'autres victimes sont mentionnées à Cabrerets et à la
Pescalerie. |
Bien qu'aucun fait de guerre
ne se soit produit à Lentillac même, un poste de commandement F.T.P.
est établi à Dantonnet-Pomaret, commandé par M. Dumas (Paul de son
nom de guerre) qui sera préfet du Lot à la Libération. |
|
Le "comité de la
libération" |
A la fin des hostilités, le
30 septembre 1944, le conseil municipal est déposé par le
"comité de la libération", qui désigne Honoré Lacarrière,
représentant le Front national pour "remplir les fonctions de
maire". Mais le nouveau conseil municipal est dissous par le
préfet le 20 décembre, pour être remplacé par une "délégation
spéciale habilitée à prendre les mêmes décisions que le conseil
municipal", présidée par le même Honoré Lacarrière. |
Son soutien populaire ne doit
être pas être très fort car il est battu à plate couture par Jean
Conquet lors des élections de 1945, Jean-Louis Maury - élu en 1935 -
ne s'étant pas représenté. |
La guerre finie, les choses
rentrent dans l'ordre et Lentillac s'enfonce dans une douce torpeur. En
1948, l'abbé Lémozi décrit la région comme un paradis sur terre,
"un pays giboyeux où l'on tue lièvres, perdreaux rouges,
bécasses, palombes, lapins et sangliers". Dans "la petite
Sagne, quelquefois tapageuse" on trouve truites saumonées, truites
noires, écrevisses, cresson, sarcelles, râles et poules d'eau... La
faune est riche : "hirondelles, corneilles et éperviers habitent
la région ainsi que pendant une période très limitée de l'été, un
petit papillon très rare, le Cimelia margarita", les sangliers
"se multiplient à l'excès" dans la vallée de la Sagne. La
flore n'est pas moins abondante puisqu'on découvre "la spire
crénelée (Spirea crenata), la térébinthe, le soja, le genièvre, le
houblon". La truffe, même, est "assez abondante". |
|
La vie économique |
Aucune rupture n'intervient
dans la vie économique de Lentillac au cours de la première moitié du
XXè siècle. Les cultures et l'élevage restent ce qu'ils étaient à
la fin du siècle précédent. Dans le canton, un comice agricole est
fondé en 1922, auquel les agriculteurs de Lentillac participent
probablement, mais sans y prendre de responsabilités. |
Les infrastructures se
modernisent lentement : la route de Cahors à Figeac (D 653) est
empierrée et goudronnée à partir de 1935, mais celle qui longe la
Sagne de Sabadel à Cabrerets (D 13) ne sera goudronnée, par tronçons,
qu'entre 1960 et 1965. Quant aux routes qui desservent le village, elles
ne le seront qu'à partir de 1965. |
Dans les années trente, la
vie au village est encore active : on y trouve un boulanger, deux
épiceries, deux cafés, un bureau de tabac, un forgeron, une
couturière et un coiffeur. Un marchand de fromages s'occupe de
collecter la production du village et d'aller la vendre à Cahors. Tous
ces commerçants ou artisans disparaissent peu avant la guerre. |
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L'électrification |
Si Cabrerets s'électrifie
dès 1921, il faut attendre 1934 pour voir Lentillac faire les mêmes
progrès. Cette date est relativement tardive, car le mouvement
d'électrification des campagnes a commencé dès avant 1919, date à
laquelle 17% des communes rurales de France sont électrifiées. En
1932, la proportion s'inverse : elles ne sont plus que 17% à ne pas
être électrifiées. |
Prendre la décision d'un tel
investissement est difficile. La commune adhère en 1930 au "
syndicat intercommunal de Laroque-des-Arcs pour la construction et
l'exploitation d'un réseau de distribution d'énergie électrique
", et confirme son adhésion au projet en 1932, année au cours de
laquelle la commune reçoit l'autorisation d'installer un
transformateur. |
Mais la charge financière est
trop lourde et le conseil municipal rejette le projet d'éclairage
électrique l'année suivante. Le projet renaît dès 1934 : la commune
décide de prendre un emprunt de 53 481 francs sur 30 ans pour financer
le projet. |
C'est donc en 1934 que le
bourg de Lentillac découvre l'éclairage électrique. Les hameaux
suivront quelques années plus tard (Dantonnet en 1938, Aussou en 1939).
L'électrification est le premier des " conforts modernes "
dont bénéficient les habitants de Lentillac. Les autres suivront
beaucoup plus tard puisqu'il faudra attendre 1974 pour voir installer
l'eau courante et 1979 pour le téléphone. |
|
Mécanisation de l'agriculture |
La mécanisation de
l'agriculture n'intervient qu'à partir de 1950, date de l'achat du
premier tracteur par un exploitant de Lentillac. Auparavant, les gros
travaux agricoles et les labours étaient effectués en utilisant des
boeufs, ce qui générait un certain élevage bovin. Les boeufs,
chassés par les tracteurs, disparaissent au cours de la décennie 1950
et sont remplacés par des vaches qu'on élève pour leurs veaux. La
crise du veau qui intervient au début de la décennie 1960 met fin à
l'expérience. |
Les années soixante sont
aussi celles de la mise en commun des matériels lourds de productions
agricoles au travers d'une CUMA. Aujourd'hui, tous les gros travaux sont
effectués par l'intermédiaire de cette association. |
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Population : enfin la stabilité
? |
Dans la première moitié du
XXè siècle, les conditions de vie sont difficiles dans les villages du
causse. C'est à pied que les habitants de Lentillac conduisent leurs
bêtes aux marchés de Gramat, Assier, Limogne ou même Figeac.
Plusieurs témoignages rapportent une anecdote qui décrit probablement
assez bien la situation matérielle des Lentillacois : on allait à la
foire pieds nus, ses chaussures à l'épaule, pour ne se chausser qu'une
fois sur place, par soucis d'économie. |
La dépopulation, entamée
depuis le milieu du XIXè siècle, continue jusqu'en 1975, date à
laquelle elle semble stoppée. Depuis un peu plus de 20 ans, la
population du village s'est stabilisée légèrement au-dessus de cent
habitants. |
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Année |
Population |
1921 |
235 |
1926 |
233 |
1931 |
219 |
1936 |
212 |
1946 |
168 |
1954 |
177 |
1962 |
134 |
1968 |
119 |
1975 |
101 |
1982 |
108 |
1990 |
104 |
La
population de Lentillac au XXè siècle |
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Cet effritement s'est
accompagné de son cortège de fermetures. La plupart des magasins, on
l'a vu, disparaissent à la veille de la guerre de 1939-1945. La
paroisse se trouve rattachée à Saint-Cernin (1963) puis à Cabrerets
(1986), bien qu'on célèbre encore des messes dans l'église
Saint-Pierre une fois toutes les trois semaines environ, et à
l'occasion des fêtes religieuses. |
L'école, devenue unique (et
donc mixte) avant 1940 pour cause d'effectifs insuffisants, alors
qu'elle avait compté jusqu'à quatre classes, ferme définitivement en
1970. Sa classe unique ne compte plus que huit élèves de 5 à 11 ans,
et aucune relève n'apparaît dans les registres d'état-civil. Un
ramassage scolaire est alors organisé pour permettre la scolarisation
des enfants de Lentillac à Sabadel. La salle de classe est, quelques
années plus tard, transformée en salle polyvalente. |
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Lentillac aujourd'hui |
Les conditions de vie,
difficiles jusqu'à l'avant-guerre, se sont substantiellement
améliorées pendant les trente dernières années : le téléphone,
l'eau courante, des routes entretenues, le ramassage des ordures ont
apporté aux habitants la facilité du " confort moderne ". |
L'agriculture et les "
agneaux fermiers du Quercy " |
Le village consacre toujours
l'essentiel de son activité agricole à l'élevage des moutons : 1 500
brebis-mères mettent bas chaque année plus de 2 000 agneaux qui
bénéficient du label " Agneau fermier du Quercy ". Les
bêtes sont vendues à la coopérative d'élevage du Lot (CAPEL) ou à
certains acheteurs spécialisés. L'élevage induit des cultures :
céréales (blé, orge, avoine) et fourrage sont produits dans le
village pour la consommation animale. |
A côté de l'élevage, le
tabac (70 000 pieds pour trois planteurs qui pratiquent également
l'élevage du mouton) reste la seule culture dont la production est
destinée à être vendue. L'unique ressource naturelle du village, le
bois, est également exploitée sous forme de bois de chauffage ou de
copeaux. |
Mais la conjoncture est
difficile, et les exploitations ne survivraient pas sans les subventions
de l'Union Européenne. Certains voient un espoir d'amélioration dans
les responsabilités en matière d'entretien de l'espace rural qui
pourraient être confiées aux agriculteurs et qui leur apporteraient un
complément de ressources. |
Les trois artisans de
Lentillac (deux menuisiers et un électricien) constituent, avec le
village de vacances du Mas del Pech, les seules activités économiques
non agricoles du village. |
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La lutte contre le
dépérissement du village |
C'est dans l'alliance avec les
communes avoisinantes que les petites communes trouvent les moyens de
lutter contre le dépérissement naturel du village. Membre du SIVOM de
Lauzès depuis une trentaine d'années, Lentillac est aussi membre
depuis 1995 de la Communauté des Communes Lot-Célé qui, bénéficiant
d'une partie des ressources de la fiscalité locale, a pour vocation de
financer des projets d'intérêt collectif dépassant le cadre communal. |
Le projet de Parc naturel
régional des causses du Quercy a également pour objectif d'aider à la
survie des exploitations et de l'artisanat, de maintenir le service
public et le petit commerce dans les zones rurales tout en préservant
le patrimoine local. C'est grâce à ce projet que la commune a pu faire
nettoyer les berges de la Sagne ou peut envisager, afin de favoriser les
promenades touristiques, de remettre en état le sentier de la Combe
gelée. |
C'est dans ce même esprit que
la restauration du lavoir de la Sagne a été entreprise et qu'il est
envisagé de construire un " travail " (construction en bois
utilisée pour ferrer les boeufs) sur la place de Lentillac. |
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Lentillac demain... |
La fin du XXè siècle n'est
certes pas la période dorée de l'histoire de Lentillac (le village
était, mutatis mutandis, probablement plus " riche " à la
fin du XVè siècle, même si les conditions matérielles étaient sans
rapport avec celles d'aujourd'hui). Lentillac, pris dans l'engrenage
d'un modernisme qui, tout en assurant un relatif bien-être aux
habitants, néglige ses campagnes, est confronté aux difficultés que
connaissent les régions rurales que la nature n'a pas doté aussi bien
que d'autres des qualités qui font des terres riches. |
Depuis sa fondation, il y a
plus de 15 siècles, Lentillac a traversé des périodes heureuses et
des difficultés. Certaines périodes ont été très dures (la guerre
de Cent ans a bien failli emporter le village), mais cela n'a pas
empêché le village de s'adapter, de croître jusqu'à compter plus de
650 habitants au milieu du XIXè siècle. |
Même si la conjoncture de
cette fin de siècle n'est pas la plus facile, souhaitons au village de
trouver en son sein les ressources nécessaires à l'indispensable
effort qui lui permettra d'entrer, fier de son passé et confiant dans
l'avenir, dans le XXIè siècle. |
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