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LE CHATEAU DE MERCUES INTRODUCTION La science architectonique est liée à lhistoire de tous les siècles et lon peut dire que les monuments sont eux-mêmes une histoire permanente qui sadresse à la fois aux yeux et à lesprit. Les châteaux-forts du moyen-âge, dont quelques uns se tiennent encore debout, en présence des générations qui sécoulent, peuvent fournir des enseignements précieux, non-seulement à larchéologue, mais encore à lhistorien. Ils nous rappellent, en effet, les grands événements dont ils ont été le théâtre, et si chacun deau avait conservé ses chroniques, leur histoire nous révélerait bien des scènes émouvantes, et nous dévoilerait souvent quels intérêts et quelles passions entraînèrent nos pères dans les différents partis politiques.
CHAPITRE Ier Description. A huit kilomètres environ de Cahors, sur la cime dune montagne, se dresse un majestueux édifice, dont les vieilles tours attirent de loin les regards du voyageur. Sa construction accuse larchitecture du moyen-âge et celle des temps modernes. Il paraît avoir été bâti sur les ruines dun fort romain, appelé fort de Mercure (Castrum Mercurii), et peut-être aussi sur celles dun temple consacré à ce Dieu par les vainqueurs de la Gaule. Cest du nom de Mercure que dérive celui de Mercuès, donné à ce château, qui, depuis le moyen-âge, a été la maison de plaisance des évêques de Cahors. On y a trouvé des vestiges dantiquités romaines, des colonnes de marbre mutilées, des tombeaux, des médailles, dont la découverte a justifié ces diverses traditions. Notre travail étant principalement historique, nous allons résumer, en quelques lignes, de longues pages écrites par les différents auteurs qui ont traité de la description archéologique de lancienne demeure des évêques de Cahors. Lantique manoir est environné de trois côtés par un large fossé ; au midi, il est défendu par labîme. Cest une vaste construction à trois compartiments, séparés par une cour. On y remarque trois tours placées aux angles extérieurs de lédifice, la quatrième tour a dû être emportée par la construction nouvelle. Dimmenses pieds de lierre, cette plante des anciens monuments, rampent le long de ces vieilles murailles. Le château de Mercuès compte cinq étages, dans les parties les plus anciennes, et trois seulement dans les parties les plus récentes. Ses murs sont élevés sur des masses de roches calcaires. Dans lintérieur du château se trouvent de longues galeries et de très belles salles éclairées par de grandes fenêtres. Lune delles est un petit musée, un vrai monument historique, elle contient le portrait des évêques de Cahors, depuis saint Génulphe jusquà Mgr Grimardias inclusivement. Celle collection de portraits dune belle exécution remonte, dit-on, aux siècles de Louis XIV et de Louis XV. Dans un autre salon quelques tapisseries de Gobelins représentent des scènes de murs de peuples orientaux. Ce nest pas sans émotion quon entre dans la chambre où mourut le vénérable Alain de Solminihac, illustre par ses vertus et les uvres de son épiscopat. On est surtout frappé de la grandeur imposante du salon de réception, qui conserve une partie de ses anciennes décoration : les sculptures en plâtre, qui sont dun beau travail, dessinent une immense table ; les moûlures des murs marquent les encadrements de nombreux médaillons et des armoiries des évêques de Cahors. Ce salon communique avec dautres de forme carrée : lun deux est appelé la chambre du Cadran , parce que le soleil y mesure les heures du jour ; un autre est nommé le Belvédère, à cause de sa position, doù lon jouit dun coup-dil ravissant (*). Dans la salle à manger, dun aspect sévère, se trouvent deux bahuts sculptés et dautres meubles dun style ancien ; lon conserve, dans un des salons, du château, une glace donnée par Louis XIV à Mgr de la Luzerne, évêque de Cahors. La chapelle, récemment restaurée, est décorée de vitraux peints, encadrés avec goût dans des fenêtres gothiques. Du salon des évêques on arrive sur un joli balcon en pierre doù part un large escalier, jeté comme un pont au-dessus du fossé pour arriver à la grande terrasse. Les pentes raides de la montagne rendaient ce château inabordable avant que lart en eût adouci les versants. Autour du château, on admire les jardins variés, un cèdre presque centenaire et surtout la terrasse, doù lon jouit dun splendide coup dil sur la vallée du Lot. CHAPITRE II
Histoire
* Les évêques de Cahors, dit M. labbé Poulbrières, jouissaient autrefois dune prérogative peu commune : quand ils offraient solennellement le très Saint-Sacrifice, ils avaient les bottines aux jambes et lépée au côté, les gantelets et la bourguignotte sur lautel. Ces prélats sétaient dits sans doute quen revêtant deux titres, ils avaient assumé deux devoirs, et gardiens de leurs peuples, en même temps que ses pasteurs, ils suspendaient leur houlette à linstrument des combats. M. Emile Dufour résume ainsi la puissance du siège épiscopal de Cahors, soit au moyen âge soit dans les siècles suivants jusquà la révolution française. Lévêque de Cahors était lun des plus puissants du royaume, comte et baron de sa ville épiscopale, seigneur direct et suzerain de trente-et-une des paroisses, les plus belles et les étendues de son diocèse ; des prérogatives extraordinaires étaient attachées à son siège : droits spirituels et temporels, pouvoir religieux et féodal, il réunissait tout, il résumait tout. Protecteurs et surveillants de lUniversité, ils avaient le droit de battre monnaie, et ils en usèrent, dit M. Barthélemy, élève de lécole de Chartres. Une tradition, assez vraisemblable, prétend, que lévêque Barthélèmy, qui conçut le projet de la construction du magnifique pont Valentré, fit battre une monnaie spéciale, destinée au salaire des ouvriers. Nous voyons lévêque Gérard céder la moitié de sa monnaie au chapitre de sa cathédrale. On ne trouve pas le nom des prélats sur leur numéraire : les monnaies de lévêché de Cahors représentent un crosse avec deux croisettes et la lettre A . Comme vassal de lévêque de Cahors, le seigneur de Cessac assistait à sa première entrée dans la ville, ayant la tête nue et un pied nu et tenant par la bride la mule que montait le prélat. Ce jour-là, il servait à table le nouvel évêque, mais le buffet de ce premier repas devenait sa propriété (*). Lévêque de Cahors était seul justicier des châtellenies de Puy lEvêque et Belaye, de Castelfranc, du Bas, Mercuès, Pradines et Cajarc : il était en outre seigneur, conjointement avec Sa Majesté royale de Cahors, de la baronerie de Luzech et du marquisat de Cessac. Lévêque avait un droit exclusif sur toute les eaux de sa temporalité, de même que les hommages dans toutes ces terres, avec temples, privilèges seigneuriaux, de manière qui tous les habitants de ces endroits nétaient tenu, de rien envers le roi, il avait aussi le droit de maîtrise, cest à dire daccorder le brevet de maître aux ouvriers qui en étaient jugés capables. (Manuscrit de Malleville)
* Il est probable que les évêques de Cahors, pour protéger la cité, qui était confiée à leur garde contre les attaques, soit des Anglais, soit des bandes de routiers qui désolaient les campagnes et rançonnaient même les villes, firent construire ce château-fort. Il ne faut pas oublier que ce fut par le soin de ces prélats que fut élevée lenceinte de Cahors, dont une partie subsiste encore ; et comme par sa position, Mercuès était presque inexpugnable, quil défendait les approches de la ville, et commandait la vallée du Lot, ils voulurent sans doute ajouter de nouvelles fortifications à celles quils venaient délever. Les événements du XIVe et du XVe siècles ne tardèrent pas à montrer quels services les évêques venaient de rendre à la cause lindépendance du pays.
* Quand le traité de Bretigny (1360) eut livré à létranger la pleine souveraineté de nos provinces, du centre et du midi et en particulier celle du Quercy, nos pères firent de généreux efforts, pour reconquérir leur liberté ; grâce à ce patriotisme, qui dailleurs na jamais manqué aux habitants de cette province, une grande partie du Quercy demeura affranchie de la domination anglaise. Et Bertrand de Cardaillac, évêque de Cahors, lutte énergiquement contre le joug étranger, il refuse de prêter serment au roi dAngleterre. Bec de Castelnau, son successeur, marche sur ses traces, et ne veut pas résider à Cahors pour gouverner son diocèse, tant quil est au pouvoir de létranger. Cette résistance amène bientôt un soulèvement général ; la domination anglaise est à jamais bannie de Cahors ; les autres villes du Quercy ne tardent pas à secouer un joug odieux, pour se soumettre à lautorité du roi de France, et le 12 septembre 1370 Bec de Castelnau fait son entrée triomphante à Cahors. Cependant les Anglais conservaient dans le Quercy un certain nombre de châteaux-forts ; dans le nombre se trouvait Mercuès. En 1428, les consuls de Cahors, pour mettre un terme aux dépradations des compagnies anglaises, qui loccupaient à la tête dune troupe nombreuse, se dirigent sur Mercuès ; ils linvestissent et lattaquent vigoureusement. Mais la position était si forte, les murailles et les tours du château si solides, que la résistance fut facile. En outre, un chef anglais avec 1500 hommes vint secourir ses compatriotes assiégés ; après une lutte vigoureuse, les deux partis entrent en négociations, et les Anglais consentent à se retirer, moyennant une pièce de Damas, et 1,600 moutons dor. (*).
* Labbé de Fouillac, dans son précieux manuscrit, t. II, page 474, dit : Il existe dans les archives de la ville un acte écrit en langue vulgaire, très-curieux, parce quil renferme dans les détail de ce siège. Ce manuscrit, nayant été publié dans aucun des ouvrages qui ont paru sur Mercuès, va donner à notre travail un intérêt particulier et une physionomie nouvelle. Nous allons présenter la traduction de ce précieux document, en éliminant certains détails un peu longs, qui pourraient fatiguer le plus grand nombre de nos lecteurs ; nous nous contenterons de citer les points les plus intéressants de cette charmante chronique patoise. Sous le règne de Charles VII, les Anglais possédaient le château de Mercuès, dont ils sétaient emparés par surprise. Une fois maître de cette place forte, ils se livrèrent (dit le manuscrit) aux plus grands excès savancèrent jusquaux portes de la Barre, prirent onze jeunes gens et maltraitèrent deux vieillards quils rencontrèrent dans la chapelle de Ste Valérie, située sur le chemin de Cahors à Mercuès ; renforcés par de nouvelles bandes, ils devinrent tous les jours plus audacieux. Lévêque de Cahors, Guillaume dArpajon, appela dans cette ville plusieurs seigneurs (dont les noms suivent), afin de se concerter avec eux et avec les consuls de Cahors, sur les moyens darrêter les dépradations. Il fut convenu entre eux que lon convoquerait les états du Quercy, le 8 septembre, et lEvêque écrivit en conséquence au sénéchal du Quercy, et aux différentes communes des lettres de convocation, avec ordre de la part du Roi, de se rendre le jour marqué. LAssemblée eut effectivement lieu, et lon décida que lon se mettrait en campagne, et que lon reprendrait le château occupé par les Anglais. On remit louverture de la campagne à lan prochain 1428. En attendant les consuls de Cahors prirent des mesures particulières, pour arrêter les courses de lennemi. Les mêmes consuls firent savoir à la noblesse et aux principales communes du pays, de venir faire le siège du château de Mercuès. Au mois de Juillet et dAoût de la même année, on vit arriver un grand nombre de seigneurs parmi lesquels était Bertrand dArpajon, de lordre des chevaliers de Rhodes, commandeur de la chapelle Livron, près de Caylus, cétait le frère de lévêque de Cahors. Homme de guerre dune grande valeur, il entra dans Cahors avec 9 hommes darmes et 16 arbaletriers. Suivent les noms de 9 autres seigneurs, menant tous avec eux des hommes darmes et des arbaletriers, en tout on comptait 111 hommes darmes et 88 arbaletriers, formant la petite armée, qui devait être grossie par les bourgeois de la ville de Cahors, et les vassaux de lévêque. Ils commencèrent par semparer du château de Concorès. Après ce premier fait darmes, les Quercynois forment le siège de Mercuès, dont le manuscrit nous a conservé les précieux détails. La narration en patois dit que larsenal de la ville fut complètement vidé dans cette occasion. Las ampadas, la cata, la brida, las bombardas, et autres instruments de guerre furent placés sur plusieurs bateaux, qui descendirent le Lot, sous la conduite dun marinier de Cahors. A cette occasion, le manuscrit nous apprend que la brida était une machine qui servait à lancer de grosses pierres contre les tours et à briser leurs toits. Quant aux bombardas, cétait probablement des canons de fer de différents calibres. Quoiquil en soit, tous les engins de guerre furent transportés au moyen de bâteaux jusquà Mercuès, où on dirigea la cata et la brida vers le château, et on laissa plusieurs canons sur la flottille, pour pouvoir battre les deux rives, en cas de larrivée des renforts Anglais. Ici, commence le siège proprement dit : les assiégeants construisent une bastide en bois, qui devait dominer le mur de lenceinte du château, et empêcher aux renforts anglais lapproche de la place. Il y eut plusieurs attaques, mais le château était très-fort (era moult fort et bastit de forta murailla espessa). Les assiégeants navançaient pas suivant leur désir : déjà la plus grande partie de la toiture du château et des tours, fut abîmée sous le poids des pierres lancées par la brida, on ne parlait nullement de capitulation, et la garnison du château espérait, non sans raison, dêtre promptement secourue. En effet, le mardi 7 septembre, à la hora de prima que era la vespera de Nostra-Dama, dit le manuscrit, un grand nuage de poussière séleva tout à coup, du côté dEspère, on entendit bientôt une éclatante sonnerie de trompettes : cétait le chef des Anglais, le redoutable captal de Buch, qui arrivait avec 1500 hommes de troupe délite, au secours de la place. Malgré le feu de lartillerie quercinoise, les Anglais marchèrent hardiment vers le château en gravissant la pente qui y conduit ; mais là ils se heurtent contre la bastide par les assiégeants, et sont obligés de se replier sur le Lot, où étaient leurs bagages. Les quercinois sattendaient à un nouveau combat à la pointe du jour, mais au lieu de lennemi, ils virent un héraut darmes du captal de Buch, qui leur déclare que les Anglais sont disposés à évacuer la place, pourvu quon leur donne une rançon convenable. Le conseil de guerre se réunit dans le camp quercinois ; les avis étaient partagés ; les uns voulaient continuer le siège ; dautres furent davis de transiger, et il fut convenu que le château serait rendu, moyennant la somme de 1,600 moutons dor et une pièce de Damas. Le fier captal de Buch, na pas voulu signer cette convention ; quil croyait honteuse pour lui : il chargea un félon quercynois, partisan des Anglais, dassumer sur lui cette responsabilité : cétait le fameux Bernard de Durfort, seigneur de Bossières. Le quercynois, au lieu de fortifier le château, lont brûlé par vengeance, lont démantelé et miné, voulant en quelque sorte exercer des représailles, sur ces ruines, de tous les maux que le pays à soufferts.
* Cependant le Quercy devait souffrir encore de la tyrannie des oppresseurs. Jean de Caylus, de Castelnau, héritier du siège et de lâme de Jean Bégon, prit à cur dachever luvre de la délivrance de son pays. La vierge de Vaucou- leurs venait de répandre, dans toute la France, son ardent patriotisme et sa haine de lAnglais ; lélan était donné et la mort de la Sainte martyre ne devait pas larrêter. Jean de Castelnau réunit à ses frais les Etats du Quercy : on na pas de détails sur les mesures concertées dans cette assemblée. On sait seulement que bientôt lAnglais, battu sur tous les points dut quitter la province et ne plus y rentrer.
* Dans le XVIe siècle, la réforme apporta de nouveaux sujets de discorde et de guerre civile : la vieille province du Quercy devait avoir sa part dans ces luttes religieuses, et le château de Mercuès ne fut pas épargné. En 1562, Duras Durfort, un des chefs du parti calviniste, se présente deux fois devant Cahors, il est deux fois repoussé ; il traverse le Lot, se dirige vers Mercuès, et sempare du château. Lévêque Pierre Bertrandi, qui jouissait dun calme profond dans sa villa, est fait prisonnier et conduit à Sarlat. Nous trouvons quelques détails sur cette prise de corps de ce vénérable pontife, dans un manuscrit patois de Jean Trémeille, prêtre de Saint Céré. Nous pensons que cette citation plaira au lecteur, en nous appuyant sur les témoignage de Pline qui dit : Historia quoque modo scripta délectat. Lan 1562, lou jour de St-Miquial, ou lou jour davant, au susdit, fouvet prés Mousseur lEvesqué de Caors (Monseigneur Pierre Bertrand) al castel de Mer cuès, près de Caors, mais las gens dat dit Caors tengerou fermé et nou intrerou quaprès ladito préso de Moussu de Caors ; éro présent un capitany nommat Mousseur de Duras. (Pièce quon ne trouve pas dans les autres auteurs qui ont parlé de Mercuès.) Le vaillant Blaise de Montluc, chef de larmée catholique dans le Quercy, après sêtre adjoint des guerriers dirigés par un prélat belliqueux, Jacques Desprès, évêque de Montauban, surprit les protestants, dispersa leur armée et mit lévêque de Cahors en liberté ; mais le prélat, mini par les fatigues de son ministère, accablé par lâge, et les souffrances de sa captivité, ne tarda pas à succomber.
* Au XVIIIe siècle, les guerres de religion avaient cessé ; mais la famine et la peste désolaient le Quercy, Mercuès changea de destination : le château fort devint lasile des pauvres, comme deux cent cinquante ans plus tard, il devint le refuge des blessés. Lévêque Habert songe à soulager ses infortunés diocésains ; il appelle à Mercuès 800 malheureux afin de les protéger de sa charité contre la maladie et la misère qui désole Cahors et les alentours ; il prend tous les moyens que lui suggère son cur, pour satisfaire aux besoins de cette foule affamée, il triomphe de tous les obstacles, subvient à tous les besoins, et utilise la présence de cette multitude dhommes de femmes et denfants, pour exécuter à Mercuès de grands travaux. Cest à cette époque, mémorable dans les annales de lantique manoir, que des précipices furent comblés ; quon transporta des terres sur des rochers arides ; que des terrasses furent construites et des promenades pratiquées ; que des vergers et des charmilles embellirent ces lieux, et les convertirent en jardins riants ; tout prit un nouvel aspect, et lédifice, bouleversé par les guerres du moyen âge, est en partie reconstruit.
* Peu le temps après lexécution de ces travaux, le château de Mercuès fut destiné à subir une nouvelle épreuve ; en 1627, une troupe dinsurgés, qui se plaignait de laccroissement des impôts, sempara du vieux manoir et le saccagea. Cest de là que les audacieux lancèrent des proclamations, pour exciter le pays à la révolte. Ces excès continuèrent dans toute la province, et ne cessèrent que lorsque les habitants de Figeac eurent dispersé ces troupes indisciplinées. Elles furent battues sur tous les points, et leurs chefs, faits prisonniers, furent livrés au supplice. Les constructions de Mercuès navaient pas souffert dans leurs parties principales ; cependant, vers la fin de ce siècle, dimportantes réparations y furent exécutées : elle continuèrent à lagrandir et à lembellir. Après lévêque Habert, Mgr. Le Jai et Mrg. Briqueville de la Luzerne sont les prélats qui ont le plus contribué à restaurer ce château : la partie occidentale est attribuée à ce dernier évêque. Le vénérable Alain de Solminhiac séteignit, en 1659, au château de Mercuès. Dans lalcôve de sa chambre était un lit antique, regardé généralement (quoi quon lait contesté) comme une relique de ce vertueux prélat. Ce modeste meuble est en forme de dais, soutenus par quatre colonnes : on y voyait autrefois une partie des rideaux en serge rouge : Une des plus belle gloires du château de Mercuès est davoir servi dhabitation à ce saint évêque.
* La révolution Française, qui a laissé tant de ruines sur son passage, ne détruisit pas le château de Mercuès. Le peuple se souvint que les seigneurs de cet illustre manoir avaient été ses bienfaiteurs et il respecta leur villa de prédilection. Après 1793, il changea plusieurs fois de maître. Mgr Balthazard Cousin de Grainville en devint aussi possesseur. Après sa mort, le château redevint une propriété particulière, et resta presque inhabité. Vers la fin de son épiscopat, en 1861, Mgr. Bardou lacquit de M. Lacoste-Lacroux, y exécuta dimportants travaux et le donna par testament au petit séminaire de Montfaucon, qui la vendu à Mgr. Grimardias. Ce prélat, ami des arts, a voulu rendre à cet édifice sa première splendeur et son ancienne destination : le château de Mercuès est aujourdhui une admirable villa, et ses tours, nouvellement restaurées, rappellent au passant la puissance de ses anciens maîtres et le goût éclaire de son possesseur actuel. CHAPITRE III UNE VISITE A MERCUES Ayant eu lhonneur dêtre invité par Mgr Grimardias, lévêque actuel de Cahors, à passer une journée dans ce célèbre manoir, jexaminai avec un grand intérêt les importantes réparations quil vient dy faire exécuter, et jose affirmer, sans crainte dêtre démenti, que le prélat mérite de briller au nombre les plus remarquables restaurateurs de ce monument. En présence de ces lieux, qui favorisent si bien les inspirations poétiques, et séduit par une noble hospitalité, sans avoir la prétention dêtre poète, je ne pus mempêcher décrire quelques vers, en me promenant sur la terrasse du château. Je me permets de reproduire ici ceux qui se rapportent à la description de Mercuès et de son aimable châtelain, parce quils rentrent dans mon sujet :
* A la vue de ce site remarquable, en présence de cet édifice majestueux, renfermant les portraits précieux des évêques de Cahors et les armoiries de ces seigneurs si puissants au moyen âge, en réfléchissant sur tous ces reflets de grandeur, qui ne sont plus, on comprend le rôle important que le château de Mercuès a dû jouer dans les guerres de la province, linfluence que, par la voix de ses prélats, léglise exerçait sur les peuples, et les efforts que plusieurs évêques du Quercy ont faits, pour sauver lindépendance de leur pays contre linvasion anglaise. A leur tête brillent Bertrand de Cardaillac et Bec de Castelnau.
*
Alain de Solminihac se plaisait à Mercuès, comme ses prédecesseurs, qui trouvaient dans cette délicieuse retraite le calme dont ils avaient besoin, pour se livrer au recueillement de létude, pour se retremper aux sources pures de lamour divin et préparer les travaux de leur apostolat.
LABBE
BOULADE,
(*) Emile
Dufour. Cette Notice a été publié dans le Bulletin Municipal de Mercuès en janvier 2004. |
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